L’alphabétisation et la scolarisation d’une population très majoritairement rurale (à plus de 80%) et analphabète (à plus de 90% : d’après le recensement de 1927, seulement 4,7 % de la population générale savait lire) ont été des préoccupations premières de la République proclamée en 1923 sous la férule autoritaire et modernisatrice de Mustafa Kemal (Atatürk). La propagande mettra souvent en avant le slogan  attribué à Mustafa Kemal: « Le paysan est le maître de la nation . [Köylu milletin efendisidir.]» #1 


Affiche de propagande kémaliste, années 1930

De fait, pour désenclaver le monde villageois et l’inciter à rejoindre les objectifs de « développement moderne », le nouveau régime a multiplié les initiatives et les institutions. Il a ouvert autant que faire se peut des écoles primaires mixtes dans toute l’Anatolie, en y nommant des instituteurs et institutrices pour partie formés dans des écoles normales # 2. Il a aussi créé un réseau d’Ecoles de chefs de village, à la fois chargés de représenter les autorités, et de diffuser les idées et techniques nouvelles ; puis en 1937 l’Ecole des formateurs de village (Köy Eğitmen) # 3. Il a ensuite installé des Instituts de village (Köy Enstitüler). Ces institutions participent de la volonté de faire pénétrer dans un monde rural méfiant, voire rétif, les éléments de la nouvelle identité nationale, et des éléments de la modernité technique.

Les Instituts de village sont créés par la Loi 3803 du 17 avril 1940, sous l’autorité du ministre de l’Éducation nationale Hasan Âli (Yücel) # 4. Le modèle des Instituts est directement inspiré des thèses du penseur de l’éducation américain John Dewey, qui a effectué plusieurs visites en Turquie et produit de nombreux rapports (en turc) dans les années 1930 # 5. A côté des écoles normales d’instituteurs classiques, Dewey préconise la formation d’une partie des enseignants des écoles primaires rurales dans des centres communautaires combinant formation à l’éducation et travail manuel. Sur une scolarité de 5 ans, les formations théoriques représentent la moitié des cours, l’autre moitié étant des formations pratiques.




Associer enseignements théoriques et formations pratiques reproductibles

Les diplômés ont vocation à devenir à la fois instituteurs de village, et éducateurs des communautés rurales dans lesquelles ils seront installés (alphabétisation, et connaissances de base en matière de techniques agricoles modernes). Les 21 Instituts de village sont ainsi initialement édifiés par le travail manuel des élèves : ils construisent les bâtiments (école, réfectoire, maisons des enseignants, dortoirs des élèves, ateliers, etc.), et mettent en culture les terres avoisinantes, à la fois pour se former aux techniques agricoles modernes (en matière d’irrigation par exemple), et pour produire de quoi alimenter la communauté de l’Institut. Chaque institut de village dispose donc d’ateliers, de ses propres champs cultivés, de bétail, de vignes.


Brochures des années 1936-1950 à usage des formations techniques agricoles


Outre des matières de base dont le choix apparaît comme typiquement kémaliste (langue turque, histoire et géographie, mathématiques, grandes œuvres de la littérature mondiale traduites en turc, musique individuelle et collective, sport, etc.6), les élèves sont initiés à de nombreuses techniques générales qu’ils sont chargés de reproduire dans le village où ils seront nommés : agriculture, santé, menuiserie, maçonnerie, forge, couture, élevage des petits et gros animaux, pêche, arboriculture, viticulture, etc. [Voir l’Annexe ci-dessous]. Le principe de la formation pratique au sein de l’Institut était, par exemple, que le diplômé nommé dans un village devait être capable, avec l’aide des villageois, de construire une école, voire d’autres bâtiments à usage d’ateliers : pour cela, le diplômé recevait des outils et d’autres matériels et matériaux.

L’apiculture, au programme des Instituts de village

A partir des années 1930, l’apiculture est prise en compte dans les objectifs de modernisation de l’agriculture anatolienne7. Des manuels pratiques sont publiés dans la nouvelle langue turque, de même que des articles d’initiation aux techniques modernes dans les revues traitant d’agriculture. Des formations sont organisées au sein des Ecoles d’agriculture créées dans différentes régions du pays ; dans l’Institut de recherche avicole d’Ankara (Ankara Tavukçuluk Araştırma Enstitüsü), qui succède à un éphémère Institut d’apiculture d’Ankara (Ankara Arıcılık Enstitüsü) ; au sein de la Coopérative apicole d’Ankara, en charge à partir de 1950 de la formation de stagiaires destinés à devenir des instructeurs apicoles provinciaux, etc. L’apiculture est au programme des Ecoles de chefs de village puis, logiquement, des Instituts de village. Les élèves, garçons et filles suivent des enseignements à la fois théoriques et pratiques. Outre les manuels d’apiculture pratique éventuellement présents dans les bibliothèques, ils s’appuient sur des brochures thématiques dont les premières éditions sont parfois antérieures à la création officielle des Instituts # 8.


De rares images des cours d’apiculture dans des Instituts de village dans les années 1940: mal datées et localisées


Les objectifs sont que les élèves maîtrisent les grands principes de l’apiculture moderne, pour faire ultérieurement progresser dans leurs villages d’affectation les techniques modernes plus productives que l’apiculture traditionnelle. Il s’agit ainsi, principalement, de diffuser la connaissance des ruches en bois à cadres mobiles, au détriment des ruches traditionnelles, ruches-troncs, ruches en osier tressé et argile, ruches en paille, qui représentent alors la quasi-totalité des ruches anatoliennes. Le programme prévoit aussi l’acquisition des bases de la biologie de l’abeille, et des principales maladies qui peuvent frapper les colonies. Il est évidemment difficile de mesurer la part spécifique des formations à l’élevage des abeilles reçues dans les Instituts dans le développement de l’apiculture moderne en Turquie –de nos jours de deuxième producteur de miel du monde derrière la Chine. Mais plusieurs apiculteurs ou fondateurs d’entreprises apicoles contemporaines prospères sont passés par les Instituts de village # 9.

Dès 1954, la liquidation très politique des Instituts de village

Préfigurés dès 1936 par les Ecoles de chefs de village, les Instituts de village ont prospéré entre 1940 et 1946 sous l’autorité du ministre de l’Education nationale Hasan Âli Yücel (démis ultérieurement par le premier ministre Recep Peker). Son successeur Reşat Şemsettin Sirer les transforme en écoles plus classiques, en supprimant certaines matières jugées inutiles – et vraisemblablement subversives (psychologie, sociologie, œuvres de la littérature étrangère), mais en conservant certains grands principes des Instituts de village (dont l’alliance de la théorie et des travaux pratiques). Cette nouvelle version des Instituts est cependant fermée par la loi n° 6234 du 27 janvier 1954, sous le régime du Parti démocrate, (issu d’une scission de droite et islamisante du mouvement kémaliste), arrivé au pouvoir en 1950.

Cette fermeture est très politique, dans le contexte de la Guerre froide, et de la présence accrue des Américains en Turquie. Au plan de la politique intérieure, les conservateurs du Parti démocrate considèrent que les Instituts sont des bastions du kémalisme qui forment des « atatürkistes au petit pied » ensuite envoyés dans les campagnes pour s’opposer aux aghas et autres propriétaires fonciers (le système quasi féodal traditionnaliste et anti-moderniste de l’ağalık, surtout dans le sud et l’est du pays, qui est l’une des bases sociales du Parti démocrate) en promouvant la réforme agraire # 10. Les religieux taxent les Instituts d’irreligion (l’islam n’est pas au programme des enseignements), et de « nids de prostitution » puisqu’on y trouve à la fois des garçons et des filles # 11.


Caricature de 2008 (auteur inconnu) montrant les Etats-Unis offrant les boîtes de conserve du Plan Marshall à un jeune Turc se heurtant à la porte fermé de son Institut de village en 1954. [Traduction: « Garçon, viens, ne te prend pas la tête ! Pour apprendre à pêcher, il suffit d’ouvrir la boîte et de manger le poisson…« ]


Et parmi les conditions posées par les Américains pour accorder leur aide civile et militaire à la Turquie, on relève la fin des « plans de développement quinquennaux » (un principe et une appellation trop proches, sans doute, du modèle soviétique voisin..), et la fermeture des Instituts de village. Avec leurs objectifs d’éducation à la citoyenneté nouvelle, avec la place accordée aux travaux manuels et aux formations sur le tas, les Instituts sont accusés d’être « un décalque du système d’éducation soviétique », d’être « sous la coupe des communistes », et de « former surtout des militants politiques. » Les Instituts sont, dès lors, donc intégrés aux écoles normales classiques (İlköğretmen Okulu). Et les objectifs d’intégration du monde rural au nouveau régime et à la modernité occidentale et laïque sont opportunément remisés par le Parti démocrate.

Les critiques contre la fermeture des Instituts de village depuis 1954

La fermeture des Instituts de village en 1954 a été critiquée de manière virulente par les kémalistes, par les nationalistes et par les communistes, ces deux derniers courants hostiles au poids des Américains dans l’affaire. La fermeture a fait l’objet de multiples articles de dénonciation de l’abandon du projet d’ouverture de la paysannerie à la modernité et à la citoyenneté républicaines. Outre les politiques, des intellectuels ont fait chorus. Le grand romancier, journaliste et militant Yachar Kemal (1923-2015), né dans une pauvre famille kurde, sorti de l’école primaire kémaliste, qui a été successivement berger, ouvrier agricole dans les champs de coton, ouvrier d’usine, employé du gaz, écrivain public, et prisonnier politique dans les années 1950 pour appartenance au Parti communiste (clandestin), a ainsi écrit quelques années après 1954 un poème dénonçant la fermeture des Instituts de village, dont une phrase est souvent citée: « Köy Enstitülerini halk kör sağir kalsın diye kapattılar / Ils ont fermé les instituts de village pour que les gens restent aveugles et sourds. » # 12



La bibliographie contemporaine (historique, sociologique, pédagogique) est abondante sur les Instituts de village. Outre des études académiques transversales, pratiquement chaque institut a fait l’objet d’une monographie commémorative. Globalement, le projet des années 1936-1940, et ses réalisations de 1940 à 1954 y sont présentés sous des angles très positifs, avec une riche iconographie. La fermeture de 1954 y est au mieux incomprise, mais en général à nouveau sévèrement critiquée comme annonciatrice des multiples renoncements et trahisons du projet républicain kémaliste par le Parti démocrate et ses épigones ultérieurs. On notera l’existence contemporaine d’une association engagée dans la réhabilitation/promotion des Instituts de village, l’Association des Instituts de village Nouvelle Génération (Yeni Kuşak Köy Enstitülüler Derneği, YKKED) et donc active dans le domaine des publications sur le sujet.

NOTES

1 Cette formule apparaît dans un épisode connu (et précoce) de la geste kémaliste : « En 1913, en désaccord avec les dirigeants du Comité Union et Progrès, Mustafa Kemal est envoyé à Sofia (Bulgarie) par Enver Pacha comme attaché militaire. Il a l’habitude de prendre son petit-déjeuner dans une pâtisserie du centre ville, fréquentée par de nombreux diplomates. Un matin, un paysan entre dans la pâtisserie et s’assied à une table. Un serveur vient lui demander de quitter les lieux. Le paysan refuse. D’autres serveurs viennent à la rescousse pour qu’il sorte. Le villageois se met alors en colère et crie : «  Je produis le lait que vous vendez. Je produis la farine pour le gâteau, la pâtisserie et la brioche que vous vendez. Je produis et je livre vos fromages et yaourts. Je produis les fruits que tu mets dans les pâtisseries, et tu refuses de me servir ce que je produis ? Non, je ne sors pas et je vais prendre mon petit-déjeuner ici ! ». Tout le monde reste alors silencieux, le paysan prend son petit-déjeuner, jette de l’argent sur la table, et s’en va. Mustafa Kemal, qui observe tout, écrit la note suivante dans son petit carnet carré : « Si un jour nos villageois [turcs] sont comme ce villageois, cela signifiera que nous sommes devenus une nation ! ». Il ajoute :  «Le paysan est le maître de la nation . » [« Tüm her şeyi izleyen Mustafa Kemal, küçük kareli not defterine şu notu düşer. “Bir gün benim köylüm de bu köylü gibi olursa millet olduk demektir.”. Ve ekler: ”KÖYLÜ MİLLETİN EFENDİSİDİR”. »]

Source (consultée le 1/8/2022): https://www.potansiyelim.com/koylu-milletin-efendisidir-sozu-nasil-dogdu/

2 D’après la Direction générale des statistiques, en 1940, sur environ 40.000 villages, 31.000 ne disposaient pas d’une école primaire.

3 Les Formateurs de village (Köy Eğitmen) sont institués par la Loi 3238 du 11 juin 1937 : « Les formateurs de village sont employés pour guider les villageois à travers des travaux d’éducation et de formation, et à engager des travaux agricoles selon des méthodes scientifiques. » Il s’agit pour partie de caporaux et de sergents alphabétisés, et libérés de leurs obligations militaires.

4 Hasan Âli Yücel (1897-1961 : Hasan Âli Yücel – Vikipedi (wikipedia.org)) a été nommé ministre de ‘lEducation en décembre 1938 par le président de la République Ismet Inönü dans le gouvernement de Celal Bayar. Yücel a été efficacement secondé par İsmail Hakkı Tonguç (1893-1960 : İsmail Hakkı Tonguç – Vikipedi (wikipedia.org)), le Directeur général de l’enseignement primaire au ministère, véritable maître d’ouvrage du projet.

5 L’Américain John Dewey (1859-1952), philosophe, psychologue et réformateur de l’éducation aux Etats-Unis, avait été invité en Turquie par Mustafa Kemal en 1924. Il lui a été demandé de préparer des rapports sur les perspectives souhaitables pour l’éducation en Turquie. Le premier rapport du professeur Dewey a été publié dans le premier numéro du Maarif Vekaleti Magazine en mars 1925. Dewey a rendu plusieurs autres rapports (publiés en turc) jusqu’en 1939.

6 La presque totalité des 21 Instituts (un par grande région) a fait l’objet d’études monographiques, en général à l’occasion d’un anniversaire de fondation, ou de la réaffectation des locaux. Les textes, les témoignages et l’iconographie des ouvrages permettent de relever quelques caractéristiques communes. En particulier la place importante accordée à l’apprentissage d’un instrument de musique (la mandoline, le saz et la guitare étant les plus fréquents). Chaque institut dispose d’une chorale et d’un ensemble musical, ou d’une fanfare. On y apprend les hymnes républicains, de la musique classique occidentale, et des musiques dites folkloriques. Des pièces de théâtre sont régulièrement répétées et présentées en public. Les programmes des cérémonies de remise de diplômes montrent l’étendue des activités artistiques après l’hymne national introductif: chorales ; pièces de théâtre (dont Molière, Sophocle, Gogol, Shakespeare); concert de mandoline ; marches et ballades ; pièces de concert de violon ; lecture de poèmes et concert de divers instruments, etc..

7 Un rapport sur les perspectives de développement de l’apiculture est présenté à l’occasion du Premier congrès de l’agriculture, qui se tient à Ankara du 5 au 14 janvier 1931. Il a été co-rédigé par le docteur Fuat Ali Örsan (qui propose de définir les régions plus appropriées pour l’apiculture en Anatolie, et d’y établir des stations apicoles) ; par Celal Davut Arıbal (qui souligne la nécessité d’enseigner l’apiculture avec des ruches modernes, à cadres mobiles) ; par l’avocat Kemal Şağban (qui montre l’importance économique de la production de miel) ; et par İsmail Hakkı Arıcı (lequel insiste sur l’intérêt de former les enseignants à l’apiculture, qui pourront ensuite diffuser leurs connaissances auprès des villageois).

8 ERSEN F. [1936], Arıcılık. Köy Muhtarlar Kursu Ders notları [Apiculture. Notes pour le cours des chefs de villages], TC, Izmir Vilayeti, Köy Bürosu, Dereli Basimevi, Izmir, 1936.

9 Voir par ex. : ÜNSAL Sercan, Köy Enstitüleri. Kirsal Kalkınma, 22 avril 2020. Online : KÖY ENSTİTÜLERİ / KIRSAL KALKINMA – ARICILIK | Kalabalık Cadde (kalabalikcadde.com)

10 Le reproche « d’atatürkisme » n’est sans doute pas dénué de fondement quand on lit les nombreuses monographies récentes des différents Instituts, quasi unanimes à regretter la fermeture politique des Instituts en 1954, alors qu’ils participaient de plein exercice à la formation et à l’ouverture à la modernité du « citoyen villageois nouveau »….

11 Très règlementée dès la création des Instituts, la mixité a été pratiquement supprimée dès 1947. Les filles apparaissent sur de nombreuses photos de groupes des Instituts, avec ou sans les garçons. Sur la base du nombre de diplômes délivrés en 15 ans, certaines études évaluent de 1à 10 le rapport filles/garçons dans les Instituts.

12 « Köy Enstitülerini halk kör, sağır kalsın diye kapattılar. Attıkları çamur tutsun diye kapattılar. Üstelik de Köy Enstitülerini çoğunluk çamur gücüyle kapattılar. Köy Enstitüleri için öylesine çamur imal ettiler ki, azıcık aklı olan, azıcık düşünebilen o çamurlara kapılamaz. Ama Türkiye’de öylesine bir çamur ortamının gelişmesi için öyle bir çaba gösteriyorlar ki, çamur şıppadak tutuyor. Bir zavallı söz vardır. Güneş balçıkla sıvanmaz, derler. O çamurla sıvanmayan güneş başka memlekette. Bizde güneşi çamurla öylesine sıvıyorlar ki, çalışıp çabalıyoruz, didiniyoruz da azıcık olsun güneşin ucunu çamurdan göremiyoruz. »

Yaşar Kemal, « Çamurcular, Çamur Atar Boyuna yazısı [Les hommes de boue, les lancers de boue] », dans le recueil de poèmes « Baldaki tuz [Du sel dans le miel], 15/4/1962


Ecoliers dans les années 1930; écolières, vers 1950 (localisation et sources inconnues)


Références sélectives

Article de Vikipedi-türk : « Köy Enstitüsü », consulté le 1/6/2022 :
https://tr.wikipedia.org/wiki/Koy Enstitusu

Une séquence iconographique sur les activités de formation et culturelles dans différents Instituts dans les années 1940, consultée le 1/7/2022 :
https://onedio.com/haber/1940-larda-kirsal-kesimde-kalkinma-saglayan-koy-enstitusu-gunlerine-dair-32-fotograf-946280

Un blog (parmi plusieurs autres) dédié aux Instituts de village, consulté le 1/8/2022 : https://siirsofrasi.blogspot.com/p/koy-enstitulerini-halk-kor-sagr-kalsn.html

ERSEN F. [1936], Arıcılık. Köy Muhtarlar Kursu Ders notları [Apiculture. Notes pour le cours des chefs de villages], TC, Izmir Vilayeti, Köy Bürosu, Dereli Basimevi, Izmir, 1936.

KARAOMERLIOGLU M. Asim, The Village Institutes Experience in Turkey, British Journal of Middle Eastern Studies, 1998, vol.25, no 1, p.47-73. Online: http://ocw.metu.edu.tr/file.php/118/karaomerlioglu_asim.pdf

YETKIN Çetin, Karşı Devrim, “1945-1950”, [La Contre-révolution 1945-1950], Otopsi Yayınları, İstanbul, 2002

BARAN Evrim, ŞAHIN Mehmet, « The Work, by the Work and for the Work »: Village Institutes as a Revolutionary Practice of Dewey’s Philosophy, Iowa State University, communication, s.d. (milieu des années 2000 ?).

BABAHAN Ali, Bir Sosyal Politika Projesi Olarak Köy Enstitüleri, Alternatif Politika, 2009, vol.1, no 2, p.194-226. Online: http://www.acarindex.com/dosyalar/makale/acarindex-1423869266.pdf

TUNALI Selma, Village Institutes: The Pioneer of the Republic Revolution, Online Journal of Art and Design, July 2021, volume 9, issue 3. Online:http://www.adjournal.net/articles/93/9318.pdf

ANNEXE

Köy Enstitülerinin ders programı incelendiğinde derslerin (1) Kültür ; (2) Teknik (3) Tarım:

  • Kültür Dersleri ve Çalışmaları: Türkçe, tarih, coğrafya, yurttaşlık bilgisi, matematik, fizik, kimya, tabiat ve okul sağlık bilgisi, zirai işletme ekonomisi ve kooperatifçilik, yabancı dil, el yazısı, resim-iş, beden eğitimi ve ulusal oyunlar, müzik, ev idaresi ve çocuk bakımı, askerlik, öğretmenlik bilgisi
  • Teknik Dersler ve Çalışmaları: Demircilik ve nalbantlık, dülgerlik ve marangozluk, yapıcılık, köy ve el sanatları, makine ve motor kullanma.
  • Tarım Dersleri ve Çalışmaları: Tarla ziraatı, bahçe ziraatı, sanayi bitkileri ziraatı ve ziraat sanatları, zootekni, kümes hayvancılığı, arıcılık ve ipek böcekçiliği, balıkçılık ve su mahsulleridir.


> Les principales matières du programme des Instituts

Cours et études culturelles : turc, histoire, géographie, éducation civique, mathématiques, physique, chimie, connaissances sur la nature et la santé scolaire, économie des entreprises agricoles et coopératives, langue étrangère, écriture manuscrite, peinture, éducation physique et jeux nationaux, musique, ménage et soins des enfant, formation militaire, pédagogie d’enseignement des connaissances

Cours et études techniques : Forge, menuiserie, construction, village et artisanat, utilisation de machines et de moteurs.

Cours et études agricoles : agriculture de plein champ, horticulture, agriculture de cultures industrielles et arts agricoles, zootechnie, élevage de volailles, apiculture et élevage de vers à soie, pêche et aquaculture.