L’entrée « Moyen-Orient » du blog de Sciences Po Grenoble est alimentée par de brèves notes d’actualité des enseignant-e-s-chercheur-e-s et chercheur-e-s de l’institution. Ces notes fournissent des pistes pour la compréhension des positionnements, qui peuvent parfois surprendre, des principaux acteurs étatiques de cette région, et tout particulièrement la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan, face au conflit en Ukraine, dans ses dimensions militaires, géopolitiques et économiques. Nous donnons ici les liens permettant d’accéder directement aux analyses les plus récentes.

Jean Marcou, «  L’objection turque à l’entrée dans l’OTAN de la Finlande et de la Suède », 16 mai 2022

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Extrait :

« Alors qu’ils se réjouissaient de voir la Finlande et la Suède abandonner leur posture de neutralité légendaire pour entrer dans l’OTAN, les Occidentaux ont eu la mauvaise surprise d’entendre une voix dissonante se faire entendre sur leur flanc sud. Le 13 mai 2022, les propos de Recep Tayyip Erdoğan, émettant des doutes sur le bien-fondé de ce projet, sont rapidement apparus comme le caillou dans la chaussure d’une Alliance qui semblait déjà partie d’un nouveau pied. Le chef de l’État turc a en effet déclaré : « Nous suivons les développements concernant la Finlande et la Suède avec attention, mais nous ne sommes pas dans un état d’esprit positif. »


Jean Marcou, « La guerre russo-ukrainienne ébranle le monde orthodoxe », 29 avril 2022

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Extrait :

« L’union religieuse russo-ukrainienne a volé en éclat après la révolution du Maïdan, lorsqu’en 2018, l’orthodoxie ukrainienne a repris son autonomie, en refondant une église autocéphale dissociée de celle de Moscou, la quinzième. (…) Alors même que l’église de Moscou dénonçait cette sécession, l’église autocéphale de Kiev a été reconnue par l’église de Constantinople. Concrètement, la portée cette initiative pouvait paraître limitée. En effet, Bartholomée Ier, le patriarche du Phanar (ou Fener en turc, quartier d’Istanbul où se trouve le patriarcat grec orthodoxe) ne gère plus que quelques âmes qui entretiennent le souvenir d’un passé ottoman où le millet grec orthodoxe était une communauté influente de l’Empire, et même celui d’une première époque républicaine, où les Grecs d’Istanbul, qui avaient échappé aux échanges de population de 1923, restaient une population importante de la ville, alors beaucoup moins peuplée. »

Jean Marcou, « Le Moyen-Orient et la guerre en Ukraine », 11 avril 2022

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Extrait :

« Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, beaucoup de pays du Moyen-Orient ont donné l’impression de vouloir se tenir à l’écart d’un nouveau conflit grave dont, pour une fois, ils n’étaient pas l’épicentre. En réalité, un mois et demi après le début de cette crise, l’espoir hâtif de lui échapper s’éloigne pour ces pays, tant il s’avère, jour après jour, que des répercutions multiples et inquiétantes affectent cette région fragile, qui a souvent été sensible aux mutations politiques et économiques du monde contemporain. »

Daniel Meier, « L’impact du conflit ukrainien au Moyen-Orient : vers une recomposition géopolitique ? », 4 avril 2022

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Extrait :

« Pour sa part, le 15 mars, le ministre des Affaires Etrangères des Emirats Arabes Unis était en visite à Moscou pour évoquer une série de dossiers moyen-orientaux ainsi que l’amélioration de la sécurité énergétique globale. Abu Dhabi se déclarait attaché à respecter un accord établi entre les membres de l’OPEP+ stabilisant la production et rappelé lors du Forum de l’Atlantic Council à Dubai le 28 mars dernier, en le justifiant par la nécessité de séparer la production pétrolière des enjeux politique mais également par l’impossibilité de remplacer la production russe au pied levé. Mohamed Bin Salman, le Prince héritier saoudien a délivré un message similaire au premier ministre japonais la veille alors que le roi du Bahrein Hamad bin al-Khalifa s’entretenait avec Vladimir Poutine par téléphone pour souligner l’importance de trouver une solution diplomatique au conflit. »

Jean Marcou, « Crise ukrainienne : la Turquie dérive vers l’Ouest… », 28 mars 2022

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Extrait :

« À bien des égards, sa première réaction à la crise ukrainienne a ramené la diplomatie turque à ses traditions antérieures, celles qui, notamment dans le sillage de la politique de l’entre-deux-guerres suivie par Mustafa Kemal, voulait que la Turquie évite de s’impliquer dans des conflits, surtout lorsqu’ils concernent son voisinage. Cette réserve est d’ailleurs restée perceptible dans le contexte de la guerre froide, après l’entrée de la Turquie dans l’OTAN. Il est vrai que la situation a changé progressivement depuis la fin du monde bipolaire et l’arrivée de l’AKP au pouvoir. Recep Tayyip Erdoğan a souvent donné l’impression de dériver vers l’est, en établissant des liens de plus en plus denses avec la Russie de Vladimir Poutine. Cette relation a transcendé la coopération économique et énergétique pour atteindre des domaines très sensibles (construction d’une centrale nucléaire par Rosatom, achat de matériel militaire russe…) et voir les deux pays s’entendre stratégiquement sur certains théâtres régionaux au détriment des Occidentaux (comme, par exemple, en Syrie ou dans le Caucase). »

Daniel Meier, « L’impact de la guerre en Ukraine sur le monde arabe et l’Iran », 15 mars 2022

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Extrait :

«Lors du vote de l’Assemblée Générale des Nations Unies le 2 mars dernier, une bonne partie des Etats arabes ont voté en faveur de la résolution qui exige la fin de l’invasion russe en Ukraine et dénoncé la mise en alerte des forces nucléaires russes. Toutefois, plusieurs Etats dont l’Autorité palestinienne, l’Algérie, l’Iran, l’Irak et le Soudan se sont abstenus, la Syrie allant jusqu’à voter contre cette résolution. Si l’intelligibilité de ce vote s’entend parfaitement en suivant les alliances respectives Russie/Etats-Unis, il occulte les dissensions qui existent au sein de plusieurs Etats ni sur l’impact réel de ce conflit sur les Etats et sociétés du Moyen-Orient arabe et de l’Iran. »

Jean Marcou, « La Turquie et la crise ukrainienne », 7 mars 2022

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Extrait :

« Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Turquie a adopté une stratégie mesurée, combinant une rhétorique ferme, qui dénonce l’agression russe comme contraire au droit international, et une stratégie plus prudente dans la pratique, qui l’a vue notamment refuser de s’associer aux sanctions décidées par les pays occidentaux. Ce comportement nuancé a néanmoins rassuré ses alliés, car le grand écart qu’ils l’avaient vu faire, ces dernières années, entre son appartenance à l’OTAN et ses amitiés particulières avec Vladimir Poutine, faisait craindre à certains d’entre eux qu’elle soit tentée de basculer dans l’autre camp. »

Jean Marcou, « Les drones, nouvelle arme de la diplomatie turque ? » 19 avril 2021

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Extrait :

« Au début d’avril 2021, dans un article au titre significatif, « Droning on in the Middle East », Francis Fukuyama a mis en exergue le cas turc pour montrer comment les drones sont susceptibles de la changer la donne dans les conflits contemporains. Le célèbre professeur de l’Université Johns-Hopkins a manifestement été impressionné par l’attaque dévastatrice menée, en mars 2020, par des drones d’Ankara contre l’armée syrienne en représailles à une frappe russe (…). Un scénario comparable mais plus destructeur encore s’est produit à l’automne 2020, pendant la seconde guerre du Haut-Karabakh, lorsque l’Azerbaïdjan l’a emporté, en faisant en particulier un usage immodéré de drones turcs et israéliens. Selon Fukuyama, cette arme nouvelle est en train de contester la primauté des tanks sur les champs de bataille, et en l’occurrence elle a aussi permis à la Turquie « de se poser en pouvoir régional au cours de l’année 2020 » par des interventions calibrées, lui permettant d’influer sur l’issue de trois conflits différents dans son environnement proche, tout en conservant une marge de manœuvre dans les relations contradictoires qu’elle peut avoir avec son voisin russe ou son allié américain. »