Spécialiste du Moyen-Orient, Laurent Bonnefoy souligne dans Orient-XXI les difficultés croissantes des chercheurs et chercheuses à accéder à leurs « terrains » : si, de Michel Seurat en 1986 à Giulio Regeni en 2016, les menaces physiques des régimes et de leurs moukhabarat ne sont pas nouvelles, elles ont pris aujourd’hui de la Turquie à l’Iran, de l’Egypte au Golfe (Bahreïn, Emirats arabes unis, etc.) , d’autres formes tout aussi intrusives et dangereuses.

> Voir le texte de Laurent Bonnefoy  du 5 juin 2022: «En Orient, chercheurs et chercheuses sur un terrain miné »  sur le site d’Orient-XXI : https://orientxxi.info/magazine/en-orient-chercheurs-et-chercheuses-menaces,5659



Michel SEURAT (1947-1986) #1

Giulio REGENI (1988-2016) #2

NOTES

#1 Sociologue et politologue spécialiste de la Syrie et de son régime, le chercheur Michel Seurat (ce jour-là accompagné du journaliste Jean-Paul Kauffmann), avait été enlevé par des miliciens le 22 mai 1985 sur la route de l’aéroport, peu après son arrivée à Beyrouth. Son rapt avait été revendiqué par un groupe clandestin, le Djihad islamique, d’obédience iranienne (et proche du Hezbollah), qui avait annoncé son « exécution » le 5 mars 1986 (en réalité, il est vraisemblablement décédé des suites de mauvais traitements et d’un cancer non soigné). Cf. son ouvrage majeur : SEURAT Michel, Syrie. L’Etat de barbarie, Esprit Seuil, 1989, rééd. PUF, 2012.

#2 Le 3 février 2016, le corps du chercheur italien Giulio Regeni, 28 ans, est retrouvé dans un fossé bordant l’autoroute Le Caire-Alexandrie. Doctorant en sciences politiques, travaillant sur les syndicats indépendants en Égypte, le chercheur avait été enlevé au centre du Caire le 25 janvier 2016 par des agents en civil de la police politique égyptienne. Sa dépouille portait des traces de torture si nombreuses qu’elles en rendaient l’identification quasi impossible. Le régime égyptien a ensuite fait porter la responsabilité du meurtre de Regeni sur « une bande criminelle spécialisée dans l’enlèvement et la rançon d’étrangers », et dont les membres ont été abattus par la police en mars. Sur « l’Affaire Regeni », cf. un post du blog de Jean-Pierre Filiu en 2016 : https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2016/02/09/giulio-regeni-torture-a-mort-au-caire-a-28-ans/ , et :DEFFENDI Paolo, REGENI Claudio, Giulio fa cose, ‎ Feltrinelli Editore, 2020, 180p.