BALCI Bayram, MONCEAU Nicolas (eds.), Turkey, Russia and Iran in the Middle East. Establishing a New Regional Order, Palgrave Macmillan, The Sciences Po Series e-Book, 2021, 249p.
Cet ouvrage (e-Book), qui traite du rôle respectif et des interactions complexes de trois puissances régionales (Turquie, Russie, Iran) dans le conflit syrien (depuis 2011) et, plus largement, dans les mutations de la dernière décennie au Moyen-Orient, reprend pour l’essentiel des interventions présentées lors d’une conférence internationale à l’Université de Bordeaux le 23 novembre 2018, organisée par l’Université de Bordeaux, l’Institut français de recherche anatolienne (IFEA) à Istanbul, le CERI (Sciences Po Paris), et l’Institut Montaigne. Les deux éditeurs de ce livre, Bayram BALCI (politologue au CERI, directeur de l’IFEA) et Nicolas MONCEAU (politologue à l’Université de Bordeaux) en étaient les co-organisateurs scientifiques, avec Michel DUCLOS (Institut Montaigne). Nous en présentons l’architecture générale en reprenant certains éléments du chapitre introductif de Balci et Monceau.
Quatrième de couverture : « Le printemps arabe et les conflits qui en ont résulté, en particulier la crise syrienne qui a éclaté en 2011, ont inauguré une nouvelle ère de domination et d’influence au Moyen-Orient. En tant qu’ancienne province de l’Empire ottoman, dont la Turquie est la principale héritière, en tant que mandat français avant de devenir indépendant et d’intégrer la sphère d’influence de Moscou pendant la guerre froide, et en tant que voisin immédiat d’Israël où la sécurité est menacée par l’Iran mais assurée par les États-Unis, la Syrie de Bachar al-Assad est le théâtre d’un conflit qui a une influence décisive sur le Moyen-Orient et plus largement sur l’ordre international dans son ensemble. De nombreux acteurs, locaux, régionaux et internationaux, sont impliqués dans ce conflit : forces fidèles au régime syrien, groupes rebelles (Armée syrienne libre, Kurdes et djihadistes), organisations internationales et régionales (ONU et Union européenne), et des pays occidentaux (États-Unis) ainsi que plusieurs puissances régionales, avec la Turquie, l’Iran et la Russie en tête. Ce livre tente d’examiner et d’expliquer les effets du conflit syrien sur la nouvelle gouvernance de la région du Moyen-Orient par ces trois régimes politiques : la Russie, la Turquie et l’Iran. »

Le volume est divisé en deux parties. La première partie du livre se concentre sur la crise syrienne et le rôle des trois puissances régionales dans le conflit commencé en 2011. Le fonctionnement du triumvirat Russie-Turquie-Iran et sa capacité à résoudre (ou non…) la crise syrienne sont abordés en six chapitres qui visent à étudier les motivations, les logiques et les stratégies mises en œuvre par les trois États. Les chapitres examinent les moyens et des moyens déployés par chacun des acteurs, ainsi que leurs relations mutuelles pour parvenir à une stabilisation, à défaut d’un règlement définitif de la crise.
Mitat Çelikpala examine les relations entre la Turquie et la Russie pendant le conflit syrien. Bayram Balci analyse l’impact de la crise syrienne sur les politiques intérieure et étrangère de la Turquie d’Erdogan. Igor Delanoë s’interroge sur le rôle joué par la Russie dans l’après-conflit en Syrie, notamment en ce qui concerne les projets de reconstruction du pays. Bayram Sinkaya analyse le rôle de l’Iran dans le conflit syrien, y compris dans les relations Téhéran-Moscou. Khaled Almezaini se penche sur les relations entre les Émirats arabes unis et la Syrie, pour mettre en évidence leurs intérêts convergents et divergents. Pour une meilleure compréhension de l’échec de la révolution syrienne, cette première partie aborde également l’émergence de la question kurde comme événement géopolitique régional ; et l’irruption de « L’État islamique (Daech) » qui occupe rapidement une place centrale dans la crise. Enfin, Thomas Pierret se concentre sur les relations entre la Turquie et la rébellion syrienne, en particulier les groupes djihadistes.
Au-delà du cas syrien, s’intéressant aux mutations régionales, la deuxième partie du livre, composée de cinq chapitres, vise à analyse l’influence de la Russie, de l’Iran et de la Turquie dans les changements survenus au Moyen-Orient. Bertrand Badie propose quelques réflexions sur l’idée de pouvoirs régionaux, et l’évolution de leur statut et de leur influence au Moyen-Orient depuis la fin de la guerre froide. Les deux chapitres suivants examinent les interrelations entre les trois puissances : entre l’Iran et La Russie au Moyen-Orient (Clément Therme), entre la Turquie et la Russie (Nicolas Monceau). La Russie, la Turquie, et l’Iran ne peuvent évidemment agir en totale autonomie, car ils doivent prendre en compte leurs partenaires occidentaux ou rivaux (l’Union européenne et les États-Unis). Deux chapitres se concentrent sur un examen de la politique des États-Unis au Moyen-Orient (Joseph Bahout), et sur le développement des relations entre les États-Unis et la Turquie à la lumière du conflit syrien et de la question kurde (Ömer Taspinar). En guise de conclusion, Michel Duclos propose quelques éléments de réflexion sur l’état des lieux et sur l’avenir possible des relations entre les trois puissances régionales après une décennie de conflit en Syrie.