Cité-État post-pétrolière de la rive arabe du golfe Persique, Manama est la capitale du royaume de Bahreïn. L’histoire et la morphologie urbaines rendent compte des cycles économiques successifs (la perle, le pétrole, la finance) qui ont produit une ville aux configurations sociales complexes. « Ville globale », la conurbation de Manama, à la fois continue et polycentrique, présente des traits communs à toutes les métropoles de la région. Mais l’histoire politique et confessionnelle de l’archipel – une dynastie sunnite s’imposant à une population majoritairement chiite, y a inscrit des dimensions spécifiques, et des tensions anciennes exacerbées par la répression du « printemps de la place de la Perle » en 2011. Autrefois principal hub commercial, financier et aéroportuaire du Golfe, Manama est désormais supplantée par d’autres métropoles, Dubaï, Abou Dhabi ou Doha. Nous avons travaillé depuis 2011 à une cartographie politico-confessionnelle de l’agglomération, en croisant différentes sources non-gouvernementales (la question du recensement des appartenances sunnite et chiite étant hautement sensible et manipulée par les autorités): des résultats électoraux corrélés à l’appartenance des candidats et des élus; les cartes de mise en garde sécuritaire des ambassades des Etats-Unis et de France; les cartes de localisation des manifestations politiques depuis 2011, etc. Le résultat est sans doute imparfait, mais il offre une base de recherche.

> J-P.Burdy, «Manama, capitale de Bahreïn. Une métropole du Golfe polycentrée et confessionnalisée» , Moyen-Orient no 28, octobre-décembre 2015, 98p., p.84-91