
Le délitement du régime de Bachar al-Assad, et l’hypothèse qui n’est désormais plus totalement invraisemblable de son effondrement –quelle qu’en soit l’échéance, suscitent une certaine fébrilité à Téhéran en cette fin de ramadan 2012. Et c’est sans doute moins la disparition possible de Bachar lui-même, que celle de l’alliance irano-syrienne, qui inquiète de plus en plus la République islamique. Ce dont témoignent trois évènements consécutifs récents: l’enlèvement de « 48 pèlerins » iraniens à Damas (annoncée le 4 août); puis la tenue d’une « conférence consultative sur la Syrie » à Téhéran (le 9 août) ; puis la tenue d’une réunion extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique à La Mecque (les 14-15 août). Mais le faible nombre de participants à la conférence de Téhéran (une douzaine ?) contraste avec les 107 participants à la 3e conférence des Amis du peuple syrien réunie à Paris le 7 juillet dernier ; et, plus encore, avec le vote, par l’Assemblée générale de l’ONU le 3 août, d’une résolution condamnant fermement (autant que symboliquement) le régime syrien : 133 Etats ont voté pour. Et 12 ont voté contre : la Syrie, la Russie, la Chine, l’Iran, la Biélorussie, la Birmanie, la Bolivie, la Corée du Nord, Cuba, le Nicaragua, le Venezuela, le Zimbabwe…
Le roi Abdallah et le président Ahmadinejad à l’OCI le 14 août 2012
ANALYSE
Le délitement du régime de Bachar al-Assad, et l’hypothèse qui n’est désormais plus totalement invraisemblable de son effondrement –quelle qu’en soit l’échéance, suscitent à l’évidence une certaine fébrilité à Téhéran en cette fin de ramadan 2012. Et c’est sans doute moins la disparition possible de Bachar lui-même, que celle de l’alliance irano-syrienne, qui inquiète le régime iranien. Ce dont témoignent quelques évènements consécutifs récents : l’enlèvement de « 48 pèlerins » iraniens à Damas (annoncée le 4 août); la tenue d’une « conférence consultative sur la Syrie » à Téhéran (le 9 août) –qui a été un échec, faute de participants ; la tenue d’une réunion extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique à La Mecque (les 14 et 15 août) –qui a voté la suspension de la Syrie de l’OCI.
L’enlèvement des « 48 pèlerins » iraniens à Damas.
Les dépêches d’agence du 4 août
annoncent « l’enlèvement de 48 pèlerins iraniens sur la route de
l’aéroport de Damas ». Pour autant que l’on comprenne alors les communiqués
initiaux des agences iraniennes, ils ont été enlevés « lors de leur pèlerinage
aux lieux saints chiites de la capitale syrienne. » Ce qui sous-entend
qu’ils se dirigeaient vers le quartier de Sayyeda Zeinab, où se situe le mausolée de Zeinab [1].
Fréquenté depuis longtemps, ce lieu saint chiite qui, il y a quelques
décennies, était encore pratiquement un isolat semi-rural dans la lointaine
banlieue de Damas, est de nos jours devenu un véritable complexe religieux
chiite, une ville dans la ville, en particulier grâce aux millions de pèlerins
iraniens arrivés après 1979 : c’est-à-dire après la révolution islamique
en Iran, quand le nouveau régime de Téhéran a noué une alliance privilégiée
avec la République baasiste d’Hafez al-Assad. Pendant des années, les
pèlerinages vers Najaf et Kerbala, en Irak étaient fermés aux Iraniens, du fait
de la guerre Irak-Iran (1980-1988) ; et le pèlerinage à La Mecque était
très difficile et strictement contingenté, compte tenu des relations exécrables
qu’entretenaient alors Téhéran et Riyad. Incidemment, notons qu’à l’époque, la
République baasiste damascène était largement présentée par nombre d’observateurs
français, idéologiquement sensibles à la rhétorique officielle, comme « nationale-arabe
et laïque » ; et que l’argument de la nature « clanique-confessionnelle–alaouite »
du régime d’Hafez n’était alors guère pris en compte que par de rares chercheurs
–mais tout particulièrement par Michel Seurat dans quelques textes fondateurs sur
les solidarités de la ‘asabiyya alaouite -qu’il
faut relire d’urgence en cet été 2012, en profitant de leur réédition [2].
Concernant les pèlerins, la version
iranienne initiale est vite malmenée par des communiqués du groupe de l’Armée
syrienne libre (ASL) qui affirme détenir les Iraniens (lesquels venaient
d’atterrir à Damas), et avoir découvert sur certains d’entre eux (le nombre
n’est pas précisé) des documents attestant de leur appartenance aux gardiens de
la révolution (Pasdarans). Ce qui, bien évidemment, change du tout au tout les
données du problème. De « pèlerins-chiites-innocents-qui-profitaient-du-ramadan-pour-se-déplacer»,
on passe à un groupe d’Iraniens en mission officielle auprès du régime de
Damas, et donc susceptibles de venir participer à la répression des opposants à
Bachar al-Assad. Téhéran
a rapidement envoyé un émissaire à Damas : après une étape à Beyrouth, où
il a été en contact avec un gouvernement libanais pro-Hezbollah, M.Saïd Jalili,
représentant spécial du Guide iranien (et principal négociateur à
l’international du dossier du nucléaire), a rencontré le président Assad. Il a
donc fallu peu de temps pour que M.Jalili et M.Ali Akbar Salehi, le ministre
iranien des Affaires étrangères, doivent reconnaître avec quelques
circonvolutions tout d’abord que « parmi les pèlerins iraniens se
trouvaient des militaires à la retraite » ; et ensuite :
« peut-être quelques gardiens de la révolution en pèlerinage, également
à la retraite, ou en pèlerinage en dehors de leur service ». Plus
directe -mais ses informations doivent être recoupées, l’Organisation des
Moudjahidines du Peuple Iranien (OMPI), ennemie jurée du régime de Téhéran et
basée à Auvers-sur-Oise, affirme que les « pèlerins » n’en
sont pas, mais font partie d’un groupe de 150 pasdarans, dont plusieurs officiers supérieurs, agents des forces de
répression de Téhéran arrivés par avion pour prêter main-forte à leurs
homologues syriens [3]. L’OMPI précise que ces
pasdarans appartiendraient à la force al-Qods, chargée depuis toujours des opérations spéciales
à l’extérieur du territoire iranien. D’autres
sources affirment que, suite à l’attentat qui a décapité la direction des
organismes de sécurité le 18 juillet, ces pasdarans venaient assurer la
garde personnelle de Bachar al-Assad, lequel serait devenu méfiant sur ses
propres gardes alaouites. Le Monde du 19 août titre même sur « la Légion étrangère de Téhéran », qui serait pour la Syrie ce qu’est « l’Armée du Mahdi » de Moqtada el-Sadr dans l’Irak post-Saddam Hussein.
L’ASL présente les 48 « pèlerins-pasdarans » iraniens (capture d’écran, 8/8/2012)
Pour obtenir la libération de ses « 48 pèlerins » (selon l’ASL, trois auraient été tués lors du bombardement d’un quartier de Damas par les forces du régime), Téhéran a formulé une demande d’intervention auprès de M.Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU ; et sollicité l’intermédiation de la Turquie (où M.Jalili s’est rendu après Damas) et du Qatar, deux régimes soutenant notoirement les opposants au régime de Damas, et en particulier l’ASL. D’autres Iraniens travaillant en Syrie ont été enlevés en tant que tels ces derniers mois : ingénieurs, techniciens, et plus récemments journaliste de la chaîne iranienne arabophone al-Alam.
La Syrie, pilier essentiel de « l’axe de la résistance » Téhéran-Damas-Hezbollah
M.Ahmadinejad et Bachar al-Assad à Damas, septembre 2010
La déclaration de l’émissaire spécial Saïd Jalili après sa rencontre avec le président al-Assad est fort intéressante, car elle illustre clairement la grille d’analyse iranienne de la crise syrienne.
Pour Téhéran, « la situation en Syrie ne répond pas à un conflit interne, mais à un conflit opposant l’axe de la résistance à ses ennemis régionaux et globaux. » L’Iran refuse, bien évidemment, de considérer que l’explication principale de la crise en Syrie puisse être trouvée dans la réponse sanglante de son allié damascène à la revendication de changement politique d’une partie importante de la population syrienne. Téhéran développe une analyse politico-stratégique régionale : face à Israël et aux Etats-Unis, il existe deux attitudes. Celle, démissionnaire et qui trahit les intérêts du peuple palestinien, de la quasi-totalité des Etats arabes, aux ordres de Washington, et qui ne font rien pour s’opposer aux « menées sionistes », voire même ont complètement capitulé en signant un traité de paix avec Israël (l’Egypte, la Jordanie). Et celle de quelques Etats courageux, qui maintiennent un « front de la résistance » face à Israël : l’Iran et la Syrie. Auxquels s’ajoutent des forces politiques non étatiques : principalement le Hezbollah libanais [4], et le Hamas palestinien [5].
En affirmant que « la Syrie est un pilier essentiel de l’axe de la résistance » à Israël et aux Etats-Unis, et que Téhéran « ne permettra jamais la destruction de cet axe », la République islamique confirme bien sa crainte géopolitique que ce pilier ne s’effondre, avec plusieurs conséquences stratégiques potentielles fondamentales pour Téhéran :
– globalement, un coup sévère porté à ce que l’on qualifie d’ordinaire « d’arc chiite » (sur lequel nous avons déjà dit ici qu’il ressortait peut-être plus d’une construction par les discours hantés de Riyad et des émirs du Golfe, que d’une réalité géopolitique à fondements confessionnels, quand bien même les Etats concernés seraient à forte identité chiite [6]) ;
– la perte de son seul allié arabe hors l’Irak voisin –mais, pour ce dernier, les logiques bilatérales sont d’abord de voisinage. Et Bagdad, largement aborbé par ses tensions internes, n’est pas directement « sur la ligne de front » face à Israël, au contraire d’une Syrie jusqu’à maintenant incontournable dans le dossier proche-oriental. La Syrie est le seul Etat avec lequel la République islamique a signé des accords de coopération incluant un volet de défense mutuelle (traité de défense signé en mai 2008).
– le risque enfin (surtout ?), pour Téhéran, de ne plus pouvoir ravitailler son fer de lance offensif face à l’Etat hébreu : le Hezbollah libanais. Lequel est toujours présenté par l’Iran et les médias pro-iraniens comme la seule force politico-militaire libanaise et régionale ayant gagné deux batailles contre Israël : au Liban-Sud, en contraignant en 2000, après des années de harcèlement, Tsahal à évacuer la zone et à abandonner son allié l’Armée du Liban-Sud (l’ALS, commandée par Saad Haddad puis par Antoine Lahad) ; et, au sud du Liban, la « Guerre des 33 jours » dans l’été 2006. Bien évidemment, les livraisons d’armes iraniennes ayant permis au Hezbollah de mener ces deux combats, et surtout de reconstituer son arsenal après la guerre de 2006, ont transité par la Syrie.
L’échec de la « conférence consultative sur la Syrie » à Téhéran
Cet argument du « front du refus et de la résistance » piloté par Téhéran est, depuis des années, au cœur de la diplomatie iranienne en direction du monde musulman (et pas seulement arabe) et du monde anti-impérialiste (i.e. hostile aux Etats-Unis). Il n’est donc pas nouveau, et le discours de M.Jalili à Damas, n’est donc pas une surprise. Mais l’argument est évidemment réactivé avec l’affaiblissement du régime d’al-Assad.
Le 9 août, en effet, c’est le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi qui prononce le discours d’ouverture d’une « conférence internationale consultative sur la Syrie ». La liste des participants (une douzaine effectifs sur une trentaine annoncée? la plupart des pays annoncés par M.Salehi comme présents à la conférence ont vigoureusement démenti…) n’a pas été rendue publique, au-delà de la Russie, de la Chine, de l’Irak, de l’Afghanistan, du Pakistan et de l’Algérie. Relevons que le Liban –dont le gouvernement est pourtant sous très forte influence du Hezbollah pro-syrien- a annoncé depuis Beyrouth ne pas pouvoir y participer, « compte tenu de sa neutralité » dans les affaires syriennes. La liste définitive des participants, si elle est jamais rendue publique, permettra peut-être de compter les alliés visibles ou plus discrets de l’Iran et de Damas. Pour le moment, celle dont on dispose est sans surprise : Moscou (le plus ferme soutien stratégique, politique et militaire de Damas dans la crise) et Pékin (la diplomatie chinoise étant, comme lors de la crise libyenne, à la remorque de celle de Mocou) ; l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan comme voisins de l’Iran ; et l’Algérie, peut-être comme ancienne puissance diplomatique dans les années 1060-1970 ? Il semble que cette conférence n’ait, par ailleurs, réuni pratiquement que des diplomates accrédités à Téhéran, alors qu’elle était annoncée initialement comme « de niveau ministériel ». Apparemment, personne n’a fait spécialement le déplacement depuis Moscou, par exemple.
Avec cette conférence, l’Iran espérait contrer le « Groupe des amis du peuple syrien », mis en place il y a plusieurs mois à l’initiative de la France, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar. Mais le problème pour Téhéran est que la liste des soutiens à Bachar al-Assad est nettement plus courte que celle de ses adversaires. Ainsi, lors de sa dernière réunion à Paris des Amis du peuple syrien, le 7 juillet, 107 Etats et organisations étaient représentés. Autre exemple à l’ONU. Faisant suite au blocage du Conseil de sécurité par trois vetos successifs de Moscou et de Pékin (et pour dénoncer ce blocage), une condamnation des méthodes du régime syrien a été acquise par un vote de l’Assemblée générale de l’ONU le 6 août 2012 par 133 voix pour la condamnation, 12 voix contre (Syrie, Russie, Chine, Iran, Corée du Nord, Birmanie, Biélorussie, Cuba, Bolivie, Nicaragua, Venezuela, Zimbabwe) et 31 abstentions (dont Inde, Pakistan, etc.) [7]. La résolution –présentée par l’Arabie saoudite au nom du Groupe arabe, est évidemment de portée symbolique, mais elle permet de cerner le rapport des forces.
Téhéran entendait lors de sa
conférence du 10 août « raviver le plan de paix de Kofi Annan »,
lequel a pourtant jeté l’éponge une semaine avant, après 5 mois de négociations
avec Damas sans aucune concession de la part du régime syrien, et alors que les
300 observateurs non armés de l’ONU n’ont strictement rien pu empêcher sur le
terrain en matière de bombardements et de massacres. On aura noté que l’ONU,
pourtant invitée, n’a pas délégué le moindre représentant à la conférence de
Téhéran. Les analystes ont, par ailleurs, relevé que Téhéran a insisté, comme
« solution interne à la crise en Syrie », pour que s’ouvre
rapidement « un dialogue national ». En invitant « les
opposants à s’asseoir avec le gouvernement syrien et à coopérer avec lui pour
la mise en œuvre des réformes », le discours de M.Salehi traduit certes
une forme de reconnaissance de l’existence d’opposants jusque-là qualifiés de
« terroristes étrangers », et la pose de quelques jalons pour
une future discussion avec ces opposants dans une Syrie post-Assad. Mais, outre
le fait que Téhéran ne définit pas ces opposants (peut-être compris uniquement
comme « les opposants de sa
majesté », désignés par Damas ?), il est plus que probable que
cette « reconnaissance » de l’existence d’opposants intervient
beaucoup trop tard.
La conférence extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique (57 Etats membres [8]), convoquée à La Mecque par l’Arabie saoudite les 14 et 15 août, n’a fait que souligner l’isolement de Téhéran, représenté par le président Ahmadinejad. Celui-ci, qui a d’abord accompli son pèlerinage, et bien que le roi Abdallah l’ait installé à côté de lui à l’ouverture de la conférence, n’a pu qu’assister impuissant à la suspension de la Syrie de l’OCI : l’Iran a été le seul Etat à s’y opposer. Ce qui n’est qu’une énième confirmation de la mise au ban du régime de Damas par les organisations régionales (Ligue arabe : la Syrie est suspendue depuis fin 2011) ou spécialisées (OCI) ; et de l’isolement de l’Iran chiite dans une organisation à très large majorité sunnite, même si celle-ci est elle-même divisée par les rivalités entre les puissances principales de l’organisation (en particulier entre Riyad et Doha). Le conflit syrien a amené la mise en sourdine de ces rivalités au sein d’un « bloc sunnite » dont l’homogénéité n’a jamais été la caractéristique principale.
A propos des ingérences extérieures : comment qualifier « la main de Moscou » ?
Terminons par la proclamation liminaire de M.Salehi à l’ouverture de la conférence de Téhéran : « L’Iran est opposé à toute ingérence étrangère et toute intervention militaire pour régler la crise syrienne ». Fort bien. Les combattants syriens de l’intérieur sont à ce jour (mi-août 2012), d’après tous les témoignages disponibles, équipés de kalachnikov et de quelques RPG7, apportés par les déserteurs, achetés sur la marché local et régional (Liban, Irak), ou livrés à partir de la Turquie. D’armes lourdes (artillerie, chars, hélicoptères de combat, avions chasseurs-bombardiers) : évidemment point, jusqu’à preuve du contraire, sinon quelques blindés saisis lors de récents combats autour d’Alep, mais qui ne paraissent pas avoir été utilisé au combat. La propagande du régime dénonce à longueur de reportages les livraisons d’armes aux rebelles et terroristes : apparemment, qu’elles aient été envoyées d’Ankara, de Riyad, de Doha, de Washington ou de Londres, voire de Paris, elles ne sont pas encore arrivées sur les champs de bataille que sont le cœur des villes syriennes écrasées sous les bombardements.
En revanche, depuis des
mois, tout le monde peut constater d’où viennent et quel usage est fait des
chars, des blindés, des canons lourds, des hélicoptères et des
chasseurs-bombardiers fournis depuis des décennies par Moscou; à qui et à quoi
servent les munitions déchargées de manière continue par Moscou dans le port de
Tartous, en dépit des appels de la communauté internationale à ne plus livrer
d’armements au régime de Damas ; et où sont les nombreux conseillers
militaires russes présents en Syrie [9].
On objectera que l’armée syrienne est l’armée de la République arabe syrienne,
et que son utilisation ressort d’un des principaux pouvoirs régaliens de tout
Etat. Certes. Mais les faits parlent d’eux-mêmes : l’armée est mise en
oeuvre depuis des mois pour écraser les villes syriennes sous un déluge de feu.
Que l’on se souvienne des méthodes de l’Armée rouge pour écraser « le
terrorisme tchétchène » à Grozny (Fédération de Russie), dans les
années 1990. Les méthodes utilisées par le régime syrien contre sa propre
population et ses propres villes -bombardements par l’artillerie, par des chars,
par des hélicoptères de combat et par des chasseurs-bombardiers- portent indubitablement
la signature des formateurs soviétiques, puis russes, de l’armée syrienne. Eventuellement donc, on pourrait considérer
qu’il y a là une forme « d’ingérence étrangère et d’intervention
militaire extérieure »… Et encore, n’évoquons-nous pas ici les « pèlerins
chiites iraniens »…
NOTES
NOTES
[1] Du mariage de Fatima Zahra (la quatrième fille de Mahomet et de Khadidja) avec le calife Ali (premier Imam du chiisme) sont nés Hassan et Hussein, puis, en 627 (AH5) leur soeur Zeinab (ou Zaynab ou Zeyneb). Après le martyre d’Ali puis de Hussein (les deux figures fondatrices de la geste chiite), Zeinab Bint Ali a été assignée à résidence à Damas, où elle est morte vers 682 (AH62). Son mausolée, dans une vaste mosquée d’architecture iranienne largement construite au début des années 1990 à la place d’un édifice plus modeste, est un important lieu de pèlerinage pour les Iraniens, Irakiens, Libanais, Bahreïnis, Pakistanais. Cf. MERVIN Sabrina, Sayyida Zaynab, banlieue de Damas ou nouvelle ville sainte chiite?, Paris, CEMOTI- Cahiers d’Etudes sur la Méditerranée Orientale et le Monde Turco-iranien no 22, juil-déc.1996, p.149-162.
[2] SEURAT Michel, L’Etat de barbarie, Paris, Esprit-Seuil, 1989, 329p., rééd. Paris, PUF Proche-Orient, mai 2012, 304p.
[3] Les Moudjahidines du Peuple ont gagné leurs galons « d’informateurs fiables » en dévoilant, dans le courant de l’été 2002, la nature et l’ampleur du programme nucléaire secret iranien. Il se dit qu’en réalité ce serait les services américains qui leur auraient fourni les dossiers à révéler pour rendre ceux-ci plus rapidement crédibles. Mais aussi pour soutenir les Moudjahidines comme « principaux opposants » au régime de Téhéran.
[4] Cf.GAGNANT Alice, « Le Cèdre et la Tulipe ». Le lien chiite entre l’Iran et le Liban, de son émergence à sa réalité géopolitique, Grenoble, mémoire de recherche de 3e année de l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble (s.d.JP.BURDY), 2011, 172p.
[5] Remarquons que l’annonce, au printemps 2011, d’un prochain rétablissement des relations diplomatiques entre Téhéran et Le Caire, a fait long feu (cf.notre chronique du 5 avril 2011). Et que les relations entre le Hamas et le régime syrien se sont nettement refroidies avec le développement de la crise en Syrie : Khaled Mechal, dirigeant politique du Hamas, autrefois installé à Damas, a déménagé fin 2011 ses bureaux au Caire et à Doha. Relevons aussi que le Hamas est déçu par les premiers temps du gouvernement Morsy au Caire, dont il attendait une levée rapide des obstacles à la libre circulation entre Gaza et l’Egypte via le terminal égyptien de Rafah.
[6] cf. nos chroniques des 20 & 21 juillet 2011, 9 décembre 2011, et notre analyse sur le site Les Clés du Moyen-Orient
[7] La résolution attribue la responsabilité première des combats à Bachar al-Assad en déclarant que « Le premier pas vers la cessation des violences doit être accompli par les autorités syriennes. » Elle dénonce « le recours accru aux armes lourdes par les autorités syriennes, notamment le pilonnage aveugle d’agglomérations à partir de chars et d’hélicoptères, et la violation systématique des droits de l’homme et des libertés fondamentales. » Au contraire de résolutions précédentes, elle ne demande pas explicitement le départ du président al-Assad.
[8] L’Organisation de la conférence islamique est devenue « de la coopération islamique » en juin 2011, et a changé de logo pour l’occasion. Son secrétaire général reste l’universitaire turc Ekmeleddin Ihsanoglu (en charge depuis 2004)
[9] Début août, la mort de l’un d’entre eux lors de combats dans la région de Damas, le général Vladimir Petrovitch Kotchiev, a été annoncée par l’ASL, puis démentie sous des formes bizarres par Moscou.
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