L’attaque de l’ambassade du Royaume-Uni à Téhéran le 29 novembre est l’occasion de s’intéresser à quelques plaques de rues de la capitale iranienne. On le sait peu, mais il est au moins un militant nord-irlandais dont le nom est bien connu en Iran. Et une paisible commune des Yvelines (France) dont tout Iranien vous détaillera les caractéristiques. Certes, si l’on consulte le site officiel du Foreign Office britannique, l’ambassade britannique serait installée « 198, Ferdowsi Avenue ». Mais n’importe quel taxi de Téhéran vous conduira en réalité « Bobby Sands Street ». Quant à l’ambassade de France voisine, elle est sise « Nofel-Lochato Street ». Explications…


Neauphle-le-Château, ou : quand la banlieue parisienne rencontre l’Histoire iranienne…



La copie: le « mural » de Khomeyni à Téhéran (photo JP.Burdy, 2004)

Expulsé d’Irak où il était en exil depuis 1964, et autorisé à séjourner en France par le président Giscard d’Estaing (à la demande conjointe du shah d’Iran et du président irakien de l’époque), l’ayatollah Khomeiny s’installe le 10 octobre 1978 dans un modeste pavillon de Neauphle-le-Château (Yvelines). Quasiment inconnu jusque-là, « l’Imam » y reçoit l’allégeance de nombreux opposants au shah, et la visite des médias internationaux, avant de rentrer en Iran le 1er février 1979 par le vol Air France AF4721 (2). Cette petite commune est, depuis, très connue en Iran : une ville du centre de l’Iran, nombre de places ou de rues portent son nom.

… et l’original: la célèbre photo de l’Imam Khomeyni à Neauphle, automne 1978 (photo AFP)

L’ambassade de France à Téhéran est donc sise rue “Nofel-Lochato” (sic). A proximité de l’ambassade, un mur-pignon est couvert, sur trois étages, d’une fresque peu connue, représentant l’Imam se promenant dans une rue de Neauphle-le-Château. C’est la transposition d’une des premières photographies de Khomeyni à Neauphle à l’automne 1978, diffusée par l’AFP. On la retrouve souvent en Iran: c’est une des images icôniques de la vie de l’Imam. Ou comment un décor banlieusard de pavillons en meulière, un gendarme en tenue d’hiver et quelques échantillons de la production automobile française des années Giscard se retrouvent sur les murs de Téhéran et de plusieurs autres villes iraniennes…

NOTES:

1/ Nous ne savons pas quelle valeur accorder au témoignage d’un ancien étudiant iranien qui rapporte en 2008 cet épisode iranien de 1981 sur le site du Bobby Sands Trust: http://www.bobbysandstrust.com/archives/648

2Le vol d’Air France AF4721 est très connu en Iran: les photos de Khomeyni descendant de l’avion sont partout; des livres pour enfants portent le titre (sans doute énigmatique pour les tous-petits?) « AF4721 »; dans un parc public de Téhéran, une maquette de très grande taille de l’avion sert d’espace de jeux.