Caricature de Vitaliy Podvitski sur le navire turc d’exploration gazière Oruç Reis fendant sans peine les filets tendus par l’UE et la Grèce et la France, parue sur Sputniknews le 8 août 2020
Nous avons présenté il y a un mois le dossier de «Diplomatie » no 105 sur les enjeux énergétiques en Méditerranée orientale (cf. le post du 6/10/2020 ).
Nous publions ici les bonnes feuilles du travail de Fadwa ABDEL-MAWLLA sur la même thématique, extraites de : ABDEL-MAWLLA Fadwa, Les enjeux du gaz en Méditerranée orientale. Le cas d’Israël, Chypre et de l’Egypte, mémoire professionnel de master 2, sous la direction du professeur Jean Marcou, responsable du master « Méditerranée-Moyen-Orient », Sciences Po Grenoble, Université Grenoble Alpes, octobre 2020, 134p.
L’auteure revient, plus particulièrement, sur le Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF), et sur le projet de gazoduc EastMed.
Le Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF) et le projet de gazoduc EastMed: deux moyens de tenir la Turquie à l’écart dans les enjeux régionaux ?
Le 1er novembre 2020, la Turquie décidait de prolonger jusqu’au 14 novembre la mission du navire d’exploration gazière Oruç Reis en Méditerranée orientale, dans une région disputée avec la Grèce. Cet incident intervient malgré les multiples dénonciations de la Grèce de la violation de sa zone économique exclusive (ZEE) par la Turquie. En octobre 2020, Athènes publiait déjà un communiqué évoquant « une menace directe à la paix et la sécurité dans la région », alors que Paris et Berlin faisaient part de leur « préoccupation » face aux « provocations » turques. Dans quelles mesures la politique étrangère turque menée en Méditerranée orientale caractérisée par la mise en œuvre du hard power, peut-elle paradoxalement contribuer à la marginalisation de la Turquie dans la région ?
Le gaz en Méditerranée orientale, facteur de recomposition géopolitique depuis une décennie
La Méditerranée orientale est l’objet depuis le début du XXIe siècle d’une véritable course aux hydrocarbures. Celle-ci s’explique notamment par des évaluations croissantes de ses réserves en gaz. Cette dynamique est à l’origine d’une intensification des activités exploratoires pour les ressources offshores, qui a abouti à la découverte de plusieurs gisements de gaz naturel au large des eaux israéliennes, chypriotes et égyptiennes. Si ces gisements permettent d’envisager de nouvelles perspectives économiques et énergétiques pour les pays concernés, ils sont en réalité à l’origine de tensions et de rivalités entre les pays de la région qui poussent à des formations d’alliances, parfois inédites, et à des démonstrations de force dans l’objectif de s’assurer une part des ressources.
Entre 2009 et 2011, les découvertes offshores des champs de Tamar et Léviathan au sein de la Zone économique exclusive israélienne, et Aphrodite, au large des eaux chypriotes, vont profondément bouleverser l’ordre énergétique dans le bassin méditerranéen. A lui seul, le gisement Léviathan contiendrait près de 650 milliards de m3 de gaz, et devrait permettre à Israël de satisfaire sa consommation interne et d’envisager de devenir l’un des principaux pays exportateurs de gaz vers le Moyen-Orient et l’Europe. En 2015 la découverte par la compagnie pétrolière italienne ENI du gisement de gaz de Zohr, qui contient 850 milliards de mètres cubes de gaz, change la donne énergétique pour l’Égypte alors que le pays – ancien producteur historique de gaz – était devenu importateur net à partir de 2011.
Outre l’aspect énergétique, les découvertes de gaz en Méditerranée orientale vont engendrer une recomposition progressive de la géopolitique régionale. Bien que des changements géopolitiques sont observés dans la région depuis le début des années 2000, l’apparition du gaz est venue accélérer cette tendance. Alors que la région avait historiquement été marquée par deux alliances structurelles[1] qui maintenaient un certain équilibre au Moyen-Orient, la montée en puissance de l’AKP en Turquie au début de la décennie, suivie par les Printemps arabes, va profondément modifier les équilibres régionaux, car ils vont entraîner une réorientation des alliances régionales. La rupture des relations israélo-turques suite à l’incident du Mavi Marmara survenu le 31 mai 2010[2], et israélo-égyptiennes avec la montée des Frères musulmans après les Printemps arabes, incitera Tel Aviv à trouver de nouvelles alternatives en se tournant vers Chypre et la Grèce[3].
Des changements géopolitiques perceptibles depuis 2010, et l’accord maritime entre Chypre et Israël
Des changements géopolitiques peuvent être observés depuis décembre 2010, date à laquelle Tel Aviv et Nicosie ont signé un accord sur la délimitation de leur frontière maritime. Ce dernier avait une dimension énergétique : les deux pays se sont, en effet, engagés à travailler conjointement dans la recherche de ressources transfrontalières, et à entamer des négociations si des découvertes avaient effectivement lieu[4]. Cette démarche va dans un premier temps alimenter les tensions avec la République turque de Chypre du Nord (RTCN, auto-proclamée [5] ), qui conteste la légitimité de l’accord étant donné qu’elle n’a pas été partie aux négociations. Par la suite, Ankara menacera d’empêcher la mise en production gazière israélienne tant que l’accord n’est pas annulé au profit d’un autre qui inclura la RTCN. La poursuite de l’escalade des tensions israélo-turques s’accentuera avec la décision de la compagnie américaine Noble Energy de renforcer ses activités exploratoires dans le bloc 12 chypriote. En réaction, la Turquie suspendra ses accords militaires et commerciaux avec Israël et renforcera ses opérations en Méditerranée orientale en signant avec la RTCN un accord pour entamer des opérations de forages offshores de gaz et de pétrole, et en envoyant un navire de recherche sismographique au nord de Chypre. Les tensions se cristalliseront après qu’un exercice militaire a eu lieu entre les armées israélienne et chypriote. En décembre 2011, Israël annulera la vente de systèmes de renseignement pour l’armée de l’air turque.
En 2013, ce rapprochement politique prend une nouvelle dimension, puisqu’il inclue désormais la Grèce. Il se concrétise par la signature d’un accord de coopération énergétique dont l’objectif est d’augmenter la sécurité de leur approvisionnement en énergies[6]. Des négociations avaient déjà eu lieu au préalable entre Nicosie et Tel Aviv, pour le développement d’installations qui faciliteraient l’exploitation et l’exportation des ressources des gisements israéliens et chypriotes. Celles-ci avaient abouti à la signature d’un protocole d’entente entre le gouvernement chypriote, l’entreprise américaine Noble Energy et les entreprises israéliennes Delek Drilling et Avner Oil Exploration afin de construire un terminal de liquéfaction du gaz au sud de Chypre. Si cette entente bénéficie à l’axe israélo-gréco-chypriote sur le plan énergétique et commercial, elle témoigne pourtant d’une marginalisation du rôle de la Turquie, car elle l’exclue de son rôle de hub d’exportation du gaz vers les marchés européens.
Plusieurs incidents liés au renforcement de la présence militaire turque en Méditerranée orientale expliquent ce revirement politique. En 2018 Mevlüt Çavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères annonce « l’intention du gouvernement turc d’initier de nouvelles explorations maritimes en eaux grecques et, surtout, chypriotes »[7]. La même année, le 9 février, la Turquie décide d’entraver les travaux exploratoires menés par ENI au large des eaux chypriotes, en avançant le fait que le bloc serait du ressort de la RTCN. En décembre 2019, plusieurs navires turcs harcèlent un navire israélien présent dans les eaux chypriotes, ce qui engendre des représailles côté israélien[8]. A noter que pour chaque campagne d’exploration offshore, les navires turcs sont escortés par des frégates et autres navires de guerre. La décision du président turc Recep Tayyip Erdoğan, en juillet 2020, d’entamer des opérations de forage au sud de l’île de Kastellorizo[9], n’a, en réalité, fait qu’envenimer les tensions dans une région déjà sujette à des frictions importantes. C’est dans ce contexte, que des forces françaises vont été envoyées en Méditerranée orientale en juillet 2020 aux côtés de la Grèce et de Chypre.
Janvier 2019: la création du Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF), sans la Turquie…
Dans ce contexte, en janvier 2019, Chypre, l’Égypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, Israël, la Grèce et l’Italie décident de se réunir au sein du Forum du gaz de la Méditerranée orientale (Eastern Mediterranean Gas Forum- EMGF), « une organisation chargée de veiller, depuis son siège au Caire au respect du droit international dans la gestion des ressources gazières de chacun »[10] dont Ankara ne fait pas partie. Une nouvelle réunion s’est tenue en juillet 2019 avec la présence des États-Unis. Alors que Paris a demandé à rejoindre le Forum, Washington a demandé à devenir un observateur permanent. Le rapprochement entre Chypre, l’Égypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, Israël, la Grèce et l’Italie au sein de l’EMGF a été perçu par Ankara comme l’exemple d’une coalition hostile à son égard. Le forum fait en effet craindre une perte de l’importance du gazoduc transanatolien de Turquie (TANAP) et des gazoducs Turkish Stream, mais aussi de marginaliser Ankara par rapport aux projets d’investissement dans l’exploitation du gaz en Méditerranée orientale. Le 22 septembre 2020, lors d’une réunion virtuelle, les ministres italien, grec, chypriote, égyptien, israélien, jordanien et palestinien en charge de l’Énergie ont décidé d’acter la transformation du Forum du gaz de la Méditerranée orientale en une organisation régionale.[11]
La signature d’un surprenant accord de délimitation maritime entre Ankara et Tripoli le 29 novembre 2019
Le cas turc est particulièrement intéressant à étudier. Si des rapprochements géopolitiques excluant la Turquie sont constatés dans la région, le pays est passée à l’offensive. Ankara qui possède la plus longue façade maritime sur la Méditerranée, se trouve dans une situation d’enclavement en raison de la présence d’îles grecques qui s’étendent jusqu’au golfe d’Antalya. L’importance que prend la question de la délimitation des frontières maritimes des pays bordant la Méditerranée orientale, la multiplication des activités exploratoires au large des eaux chypriotes et l’exploitation des gisements israéliens et égyptiens ont accentué la frustration de la Turquie quant à cette situation d’enclavement. En novembre 2019, le pays a signé un double accord avec le Gouvernement d’entente nationale (Government of National Accord, GNA) en Libye, dirigé par Faïez el-Sarraj, basé à Tripoli. Le premier accord a pour but d’établir une frontière maritime entre la Libye et la Turquie, fondée sur des eaux territoriales actuellement revendiquées par les deux pays mais officiellement sous la juridiction de la Grèce, alors que le second a une dimension militaire.
La signature de cet accord maritime revêt un intérêt stratégique pour Ankara, puisqu’il lui permet de renforcer sa zone d’influence en agrandissant son plateau continental. Par ce biais, il permet un désenclavement de la Turquie et la création d’un couloir stratégique qui relierait la mer Égée à une zone potentiellement riche en gaz. Cette entente avec le GNA permet également à la Turquie de contribuer à la diversification de ses ressources énergétiques. Lors d’un entretien diffusé le 9 décembre 2019, le président turc a affirmé qu’avec « cet accord, nous avons poussé au maximum le territoire sur lequel nous avons autorité. Nous pourrons ainsi mener des activités d’exploration conjointes»[12] tout en se disant « prêt à dépêcher de nouveaux navires de forage[13] en Méditerranée orientale, en mer Noire, et aussi dans les eaux internationales ».
L’accord du 29 novembre 2019 représente un intérêt majeur pour Tripoli puisqu’il lui permet d’élargir sa ZEE, en lui créant une frontière maritime avec la Turquie en Méditerranée. Alors que cette zone se trouve être particulièrement riche en hydrocarbures, l’accord a été fermement dénoncé par les membres de l’EMGF et l’Union européenne. Athènes a notamment évoqué « une violation du droit maritime international et des droits souverains de la Grèce et d’autres pays »[14]en invoquant le fait qu’aucune frontière maritime n’existe entre la Libye et la Turquie. Lors d’un débat au Parlement, le premier ministre grec a affirmé que l’accord « supprime de la carte certaines îles grecques ».[15]
Les deux accords signés entre la Turquie et le GNA posent de véritables problèmes au niveau régional. Pour l’Algérie, l’évolution de la situation libyenne qui se manifeste par la présence de combattants étrangers, de mercenaires et de troupes turques menace son environnement sécuritaire. Le cas égyptien est plus complexe. Alors que l’accord militaire octroie le droit aux forces turques d’avoir accès à l’espace aérien libyen[16] et que celui sur la délimitation de l’espace maritime permet d’avoir accès aux eaux territoriales libyennes, le pays s’oppose catégoriquement à toute présence militaire turque en Libye, perçue comme une menace à la sécurité nationale. L’enjeu énergétique est primordial pour l’Égypte puisqu’un accès à la ZEE libyenne sous-entend une proximité avec les frontières égyptiennes et de ses gisements gaziers. La question relève également une grande importance pour les pays de la région, puisque l’accord en question prévoit l’exploitation de gisements de gaz dans une zone où la Grèce, Chypre et Israël ont des intérêts majeurs.
Le rapprochement de la Turquie avec le GNA atteste de l’importance stratégique que revêtent les espaces maritimes de la Méditerranée orientale pour Ankara. Cela est perceptible dans la doctrine maritime de la « patrie bleue » (Mavi Vatan) qui défend « les droits de la Turquie en Méditerranée orientale ». Cette doctrine stratégique a pour objectif « d’obtenir à terme une suprématie turque sur la mer Egée et la Méditerranée orientale, au travers de multiples revendications territoriales autour de l’île de Chypre et dans les îles grecques du Dodécanèse »[17]. Cette position de domination va se manifester par « des déploiements de forces facilitant le « fait accompli » des revendications « naturelles » turques »[18] pour créer une zone de continuité qui servirait les intérêts turcs dans la région. Le déploiement des forces navales turques au large des eaux chypriotes, mais également en tant qu’élément d’appui aux opérations terrestres et aériennes menées sur le sol libyen, témoignent de ce positionnement.

Carte du gaz en Méditerranée orientale, AFP, parue dans Libération le 9/9/2020
Le projet de gazoduc EastMed en 2020: défis et réalités, à nouveau sans la Turquie?
Alors que l’accord de délimitation maritime du 29 novembre 2019 fait craindre une perturbation du projet de construction du gazoduc EastMed[19] , le 2 janvier 2020 la Grèce, Chypre et Israël signent un accord portant sur sa création. Ce dernier, évalué entre 6 et 7 milliards d’euros, devrait permettre d’acheminer 10 milliards de mètres cubes par an à destination de pays du sud de l’Europe, sans être tributaire de la Turquie. Le projet en discussion depuis 2013 est considéré comme « un projet d’infrastructure énergétique d’intérêt commun »[20] en Europe. Dans un contexte marqué par une nécessité de diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz, le projet de gazoduc EastMed apparait comme une alternative intéressante pour l’Europe.
L’annexion de la Crimée en 2014 qui avait poussé l’Union européenne à imposer des sanctions contre la Russie, principal fournisseur de gaz vers l’Europe, avait déjà constitué un signal d’alerte. Celle-ci avait en effet incité Gazprom à réduire de 80% ses exportations énergétiques vers le Vieux continent en 2015, engendrant une hausse générale des prix. L’inauguration du gazoduc TurkStream en mer Noire et le projet Nord Stream 2, en mer Baltique[21] début 2020 fait désormais craindre une dépendance énergétique de plus en plus grande des pays de l’UE à l’égard de la Russie, d’où une nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement des pays de la zone. Toutefois certaines critiques sont formulées contre le projet. Le gazoduc EastMed fait en effet l’objet d’un certain scepticisme puisque des solutions alternatives existent en Égypte[22]. De même, son coût, la complexité de la réalisation du projet et son empreinte écologique sont contestés. Dans un entretien mené dans le cadre de notre travail de recherche pour le mémoire, en date du 8 juillet 2020, David Amsselem expliquait qu’au-delà de sa faisabilité, « à aucun moment, la Méditerranée orientale ne pourrait rivaliser avec ce que représente la Russie en termes de production gazière. La Russie constitue entre 15 et 20% des réserves mondiales de gaz alors que la Méditerranée orientale ne représente que 1% de la production gazière mondiale ».
Par ailleurs, l’instabilité que connait actuellement la Méditerranée orientale complique la concrétisation d’un tel projet. La construction d’une infrastructure gazière – qu’elle soit offshore ou onshore – dans une région aussi sensible en fait une cible potentielle pour une attaque terroriste ou militaire. Alors que ce projet pourrait renforcer la position stratégique de la Grèce et de Chypre, une action hostile d’Ankara ne serait pas à exclure. En effet, si le gazoduc est important pour la stratégie de sécurisation énergétique européenne, EastMed concurrence en réalité le projet de gazoduc TurkStream dont l’objectif est à terme d’acheminer du gaz russe vers la Turquie avant de l’exporter vers l’Europe[23]. En outre, l’accord de délimitation des frontières maritimes turco-libyen de novembre 2019 complexifie la situation. Rejeté par l’ensemble des pays de la région, cet accord impliquerait que le gazoduc EastMed passe par les eaux territoriales turques.
Enfin, il est important de mettre en lumière le fait que toute coopération régionale s’appuie sur un schéma géopolitique susceptible d’évoluer ces prochaines années. En effet, la volatilité politique qui caractérise la Méditerranée orientale rend difficile l’élaboration de perspectives fiables au sujet de la viabilité du projet EastMed sur le long terme. Si une alliance structurelle semble actuellement unir plusieurs pays de la Méditerranée orientale en excluant la Turquie, tout changement géopolitique est à suivre avec attention. Le 1er octobre 2020, l’annonce du président du Parlement libanais de la tenue de négociations avec Israël sous la médiation de l’ONU, dans l’objectif de résoudre le litige maritime et terrestre qui oppose les deux pays, alors qu’ils sont en état de guerre depuis 2006, témoigne de développements géopolitiques majeures à ne pas négliger. Une citation de l’amiral Gürdeniz, architecte de la doctrine de la patrie bleue[24] illustre cette situation : « Nous sommes à un moment-clé de recomposition des équilibres géopolitiques, l’ordre d’une hégémonie euro-atlantiste issue de la guerre froide a vécu. Tout le monde tente de se repositionner sur une carte mondiale « post-hégémonique » : la Chine, la Russie, l’Allemagne, l’Italie mais aussi la France ou la Turquie, et le carrefour où toutes ces postures se croisent actuellement, c’est la Méditerranée » [25].
Fadwa Abdel-Mawlla
NOTES
[1] Il s’agit d’une part d’une alliance entre Israël et la Turquie, et d’autres part, entre Israël et l’Égypte.
[2] L’incident du Mavi Marmara est survenu le 31 mai 2010 après l’intervention militaire de la marine israélienne contre une flottille turque, alors que cette dernière tentait de briser le blocus israélo-égyptien sur la bande de Gaza en apportant une aide humanitaire
[3] Amsellem David « Le gaz comme élément de réorientation des alliances géopolitiques en Méditerranée orientale », Hérodote, 2013 n°148, p.117 à 121. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-1-page-117.htm.
[4] Amsellem David « Le gaz comme élément de réorientation des alliances géopolitiques en Méditerranée orientale », Hérodote, 2013 n°148, p.117 à 121. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-herodote-2013-1-page-117.htm.
[5] La République turque de Chypre de Nord, au nord-est de l’île de Chypre, est un État reconnu uniquement par la Turquie. Il a proclamé son indépendance le 15 novembre 1983 soit neuf ans après l’intervention militaire turque sur l’île en réaction à un coup d’État mené par un groupe d’officiers grecs nationalistes d’exttrême-droite pour rattacher Chypre à la Grèce (Enosis).
[6] Jabbour Jana, Rebière Noémie » La Turquie au cœur des enjeux géopolitiques et énergétiques régionaux « . Confluences Méditerranée, 2014, p.35. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2014-4-page-33.htm. (Consulté le 19 septembre 2020).
[7] Bouvier Emile : « Les enjeux énergétiques en Méditerranée orientale, ou la création d’une nouvelle arène géopolitique au Moyen-Orient ». Partie I : des gisements d’hydrocarbures particulièrement prometteurs », Les clés du Moyen-Orient, 12/02/2020. Disponible sur : https://www.lesclesdumoyenorient.com/Les-enjeux-energetiques-en-Mediterranee-orientale-ou-la-creation- d-une-nouvelle.html.
[8] Biegala Eric « Jeu de go en Méditerranée Orientale : le nouvel expansionnisme turc », France Culture, 29/10/2020. https://www.franceculture.fr/geopolitique/jeu-de-go-en-mediterranee-orientale-le-nouvel-expansionnisme-turc
[9] En grec moderne : Καστελ(λ)όριζοa, Kastel(l)órizo et Μεγίστη, Megístib; en turc Meis, en italien Castelrosso. L’île possède une position géostratégique majeure car elle se trouve à moins de 7 km de la ville de Kaş, sur la côte sud de la Turquie et à environ 130 kilomètres à l’est de Rhodes. Elle permet à la Grèce de définir des eaux territoriales perçues comme une provocation par Ankara.
[10] « Forum du gaz de la Méditerranée orientale: la France souhaite adhérer (ministère égyptien) « , Connaissance des énergies, 17/01/2020. Disponible sur : https://www.lemondedelenergie.com/forum-du-gaz-mediterranee-orientale-france/2020/01/17/.
[11] Heuzé Louis-Marie « L’East Mediterranean Gas Forum se transforme en organisation régionale », Le Portail, 01/10/2020. Disponible sur : https://portail-ie.fr/short/2445/least-mediterranean-gas-forum-se-transforme-en-organisation-regionale.
[12] Jégo Marie « Un accord turco-libyen de délimitation maritime provoque la colère de la Grèce », Le Monde, 10/12/2019. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/10/un-accord-turco-libyen-de-delimitation-maritime- provoque-la-colere-de-la-grece_6022314_3210.html.
[13] Ibid.
[14] « Athènes s’inquiète du renforcement de la présence turque en Libye« , L’Orient-Le-Jour, 23/12/2019. Disponible sur : https://www.lorientlejour.com/article/1199670/athenes-sinquiete-du-renforcement-de-la-presence-turque-en-libye.html.
[15] « Accord turco-libyen : Athènes expulse l’ambassadeur libyen « , Le Figaro, 06/12/2019. Disponible sur: https://www.lefigaro.fr/flash-actu/accord-turco-libyen-athenes-expulse-l-ambassadeur-libyen-20191206.
[16] Bouvier Emile « De la Syrie à la Libye, la Turquie sur tous les fronts : résumé et analyse. Deuxième partie : la Libye, un nouveau front aussi épineux diplomatiquement que militairement pour la Turquie », op.cit.
[17] Entretien avec Jean Marcou « La démission du chef d’état-major de la marine turque marque-t-elle une pause dans l’escalade des tensions entre Turcs et Occidentaux en Méditerranée orientale ? », Fondation Méditerranéenne d’Eudes Stratégiques, le 11/06/2020. Disponible sur : https://fmes-france.org/la-demission-du-chef-detat-major-de-la-marine-turque-marque-t-elle- une-pause-dans-lescalade-des-tensions-entre-turcs-et-occidentaux-en-mediterranee-orientale-decryptage-de-jean-marcou/.
[18] Ibid.
[19] Il s’agit d’un projet de gazoduc sous-marin dont le but serait de joindre les champs gaziers du Léviathan et d’Aphrodite à l’Europe.
[20] Michalopoulos Sarantis « L’UE salue l’accord pour la construction d’un gazoduc en Méditerranée orientale », Euractiv, 03/01/2020. Disponible sur : https://www.euractiv.fr/section/energie/news/eu-welcomes-eastmed-deal-but-highlights- further-cost-benefit-analysis/.
[21] Mazzucchi Nicolas « Les ressources énergétiques dans la Méditerranée orientale dans le grand jeu gazier international », Diplomatie n°105, septembre-octobre 2020, 100p.
[22] Le pays possède déjà deux terminaux méthanier qui permettent de transformer du gaz naturel en GNL avant de le transporter vers l’Europe.
[23] N. Litsas Spyros « La Grèce en Méditerranée orientale, énergie, diplomatie et perspective à l’ère de la pandémie de Covid- 19 », Diplomatie n°105, Septembre-Octobre 2020, p.58.
[24] La doctrine de la patrie bleue défend les droits de la Turquie en Méditerranée. Son objectif est d’obtenir à terme une suprématie turque sur la mer Egée et la Méditerranée orientale au travers de multiples revendications territoriales autour de l’île de Chypre et dans les îles grecques du Dodécanèse.
[25] Biegala Eric « Jeu de go en Méditerranée Orientale : le nouvel expansionnisme turc », France Culture, 29/10/2020. https://www.franceculture.fr/geopolitique/jeu-de-go-en-mediterranee-orientale-le-nouvel-expansionnisme-turc.
L’auteure: Fadwa Abdel-Mawlla est diplômée du master « Méditerranée-Moyen-Orient » de Sciences Po Grenoble, Université Grenoble Alpes (2017-2020), au cours duquel elle a inscrit un semestre ERASMUS à Istanbul. Elle a effectué des stages au Liban, dans une ONG (2017) ; à Dubaï, au Service économique régional de l’Ambassade de France aux EAU (2019) ; à Paris, dans une société d’analyse des risques géopolitiques. En 2020, au plus fort des tensions en Méditerranée orientale, elle a travaillé plusieurs mois au sein de la Mission de défense de l’Ambassade de France à Nicosie, Chypre.