Le peintre Arcabas (1926-23/8/2018) et l’IEP de Grenoble

Le peintre, sculpteur et vitrailliste Arcabas est décédé le 23 août 2018 à Saint-Pierre-de-Chartreuse (Isère), où il s’était installé dans les années 1980, après y avoir décoré l’église de Saint-Hugues-de-Chartreuse pendant 30 ans.


Photo © Aurélie Sobocinski , illustrant son article : Arcabas – « Et si l’éducation à la beauté ouvrait la voie au Réenchantement de l’Ecole ? », ECAn° 373 juin – juillet 2016,
https://enseignement-catholique.fr/la-que%CC%82te-de-la-beaute-transforme-lhomme/

Arcabas, l‘alias de Jean-Marie Pirot est né à Metz en 1926 ; est élève à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris à partir de 1945 ; est enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Grenoble de 1950 à 1969 (où ses étudiants lui donne le surnom d’Arcabas), puis à l’université d’Ottawa de 1969 à 1972. Il se fait connaître à partir de 1953 avec une œuvre monumentale réalisée sur une trentaine d’années (1951-1985) : la série de tableaux religieux pour l’église de Saint-Hugues-de-Chartreuse à Saint-Pierre-de Chartreuse (entre 1951 et 1986). Celle-ci devient en 1984 Musée départemental d’art sacré, lors de la donation de cette œuvre par l’artiste au Conseil général de l’Isère. De 1961 à 1972 il dessine des costumes et des décors, réalise vitrails et sculptures. Il reçoit de nombreuses commandes du gouvernement français, de collectivités locales ou de communautés religieuses. A Grenoble et dans ses environs, il crée entre autres des œuvres pour la préfecture de Grenoble (fresque et toile), pour la basilique de la Salette (peintures et vitraux), pour l’église œcuménique de Chamrousse (mur de lumière, tabernacle et toile), et pour de nombreuses autres églises françaises et européennes. Il fait divers travaux en France et à l’international (Belgique, Italie, Allemagne, Canada, Panama, Japon, Mexique, Etats-Unis). Arcabas était un artiste reconnu d’art sacré contemporain.

La Guerre & La Paix: Arcabas à l’IEP de Grenoble

La Guerre &La Paix, Jean-Marie Pirot (dit Arcabas), 1967-68 © ADAGP. 2 peintures à l’huile sur panneaux de bois — Hall d’entrée de Sciences Po Grenoble — 1030 avenue Centrale, 38400 Saint-Martin-d’Hères

«Une pensée émue pour Arcabas qui s’est éteint le 23 août en sa demeure de Saint-Pierre-de-Chartreuse. L’IEP a tissé une profonde histoire d’amitiés et de rencontres avec ce peintre exceptionnel. A l’initiative de Jean-Louis Quermonne en 1965, il a réalisé pour nous deux tableaux, La Guerre et La Paix, qui évoquent le souffle, la poésie et la densité de son œuvre. Ces tableaux, qui trônaient dans la salle Domenach, ont été récemment restaurés et sont maintenant en surplomb apaisant dans l’allée centrale du nouveau bâtiment. Une des 18 nouvelles de l’ouvrage L’Institut (à paraître en octobre 2018) en raconte l’étonnante trajectoire artistique sous la plume de Pierre Favre. On a tous en tête cette image saisissante du petit singe assis sur une vache démesurée, soufflant au clairon l’annonce de la paix. Arcabas pensait avec passion les représentations du tourment du monde. Dans la nouvelle On les voyait sans les voir, il confiait avec malice: « C’est moi, l’imbécile qui n’a rien compris et qui est sur la bête! »

Jean-Charles Froment, directeur de Sciences Po Grenoble, août 2018

PS: Sous le titre: “On les voyait sans les voir”, Pierre Favre, qui fut professeur de sciences politiques à l’IEP de Grenoble, consacre une nouvelle à cette paire de tableaux d’Arcabas, dans une réflexion élargie aux représentations de la guerre, et de la paix…

Collectif, L’Institut. Nouvelles, Presses universitaires de Grenoble, 2018, 288p. [Un ouvrage de 18 nouvelles édité pour les 70 ans de l’IEP (1948-1978). Le texte de P.Favre est p.89 à 101. ]