Manifestation de l’opposition appelant au boycott , Manama, mi-octobre 2014

52,6 % – chiffre officiel du Haut comité électoral ? 30 %, plus ou moins 5 % -chiffre du grand parti d’opposition chiite Al-Wefaq ? Il fallait s’y attendre. L’enjeu principal du premier tour des élections législatives qui s’est tenu au Bahreïn samedi 22 novembre était celui de la participation. Pour le régime, la dynastie sunnite et pro-saoudienne des Al-Khalifa, il s’agissait, à travers une forte participation, de démontrer, à usage interne et pour les observateurs internationaux (par ailleurs interdits de visas d’entrée), que la situation politique était « normalisée » quatre ans après la « révolution de la Place de la Perle », écrasée dès la mois de mars 2011. Et que la « démocratie électorale » ne cessait de se renforcer depuis 2002, année de la constitution octroyée par le roi, et des premières élections générales. Pour l’opposition « légaliste » (dans sa diversité : chiite, sunnite, nationaliste, laïque), il s’agissait au contraire, à travers l’appel au boycott des élections lancé à la mi-octobre, de souligner que rien n’avait changé depuis 2011 : répression policière et judiciaire permanente, absence de réformes structurelles de démocratisation, manipulations électorales. Un faible taux de participation attestant alors de la faible assise politique du régime. Nous avons suivi sur place la fin de la campagne électorale. Nous analysons ici les principales données politiques du premier tour, puis les résultats du deuxième tour.

Affiches de candidats, circonscription de Muharraq, novembre 2014

Le 1er tour/ Quelle participation réelle pour le premier tour des législatives du 22 novembre ?

Samedi 22 novembre s’est tenue au Bahreïn, le plus petit Etat du Golfe (1,3 million d’habitants, dont 50% de nationaux citoyens), mais pas le moins intéressant par son histoire politique agitée, le premier tour d’élections législatives (40 sièges de députés à pourvoir à la chambre basse, le Majlis al-Nawwab ou Elected Council of Deputies) et municipales (trois municipalités métropolitaines à élire). Dans un Golfe largement autocratique (Arabie, Qatar, EAU, Oman), seuls le Koweït et le Bahreïn peuvent prétendre commencer à avoir une expérience, sinon du parlementarisme, au moins de consultations électorales générales. Le régime de Manama insiste d’ailleurs sur les quatre consultations électorales en douze ans (2002, 2006, 2010, 2014), auxquelles il faut ajouter les élections partielles de l’automne 2011 (à la suite de la démission de 18 députés d’opposition pour protester contre la répression), et donc sur l’enracinement de « l’expérience démocratique du royaume » depuis la constitution promulguée par le roi Hamad ben Issa Al Khalifa en 2002 (et contestée depuis cette date par ses opposants). Pour le Bahreïn, ce sont surtout les premières élections générales depuis l’écrasement du Printemps de la Perle en mars 2011, avec l’aide de forces du Conseil de coopération du Golfe, et principalement de la Garde nationale saoudienne. Les législatives de 2014 devaient donc permettre aux courants politiques de se compter, et aux observateurs de mesurer les nouveaux rapports de force quatre ans après le « Printemps de Manama ». Il n’en a rien été.

Participation ou boycott (1). Les enjeux pour le régime

Les enjeux pour le régime tribalo-dynastique sunnite des Al-Khalifa et ses alliés tribaux sunnites ont été lisibles à travers ce qu’il faut bien qualifier de propagande, diffusée en boucle pendant des semaines, et y compris le jour de l’élection, par les chaines télévisés bahreïnies et les autres médias de l’archipel. Il s’agit, par une forte participation des électeurs et électrices, d’attester en interne et en externe de la normalisation de la situation politique depuis la contestation majeure de 2011 ; de la grande légitimité du régime (d’où d’incessants et quelque peu surréalistes « documentaires » à la gloire du premier ministre et oncle du roi, du roi Hamad, et de la famille royale) ; et du renforcement de la démocratisation du pays par l’élection. A cette fin, le régime souligne qu’il a fait des efforts en redécoupant plus justement les circonscriptions électorales, répondant ainsi à l’une des principales critiques de l’opposition et des ONG locales ou extérieures -on y reviendra. Et il a fait un effort de « pédagogie », par d’innombrables clips télévisés rappelant les modalités électorales, la nouvelle cartographie des circonscriptions, les institutions d’organisation et de contrôle du vote. Dans cette perspective, le régime avait intérêt à ce que le maximum de forces politiques participent à la compétition électorale.

Participation ou boycott (2). Les enjeux pour l’opposition

L’opposition a décidé de ne pas jouer le jeu de la participation, et de boycotter les élections. Depuis 2011, l’opposition regroupe deux tendances principales, qui étaient d’ailleurs présentes sur la Place de la Perle : une opposition dite  « radicale », autour du Mouvement du 14 février, qui milite pour le renversement du roi, et dont certains acteurs ont adopté des formes de guérilla urbaine de basse intensité contre les forces de police ; et une opposition dite « légaliste », soit une demi douzaine de « sociétés politiques enregistrées » (les partis ne sont pas autorisés au Bahraïn), qui réclament « une vraie monarchie constitutionnelle et parlementaire », ce qui ne les protège pas d’un harcèlement policier et judiciaire permanent. Parmi elles, le grand parti chiite al-Wefaq (L’Entente) qui, à lui seul, avait obtenu en octobre 2010, 63% des suffrages (mais seulement 18 sièges sur 40, les circonscriptions électorales étant taillées sur mesure pour empêcher les chiites d’obtenir une majorité parlementaire: voir notre communication au colloque de Prague en mai 2014, sur ce site). Depuis douze ans (2002), l »opposition s’est régulièrement divisée sur la participation ou pas aux élections. Pour le Wefaq et ses alliés: boycott en 2002, participation en 2006 et octobre 2010, démission des 18 députés en février 2011 (pour protester contre la répression du « Printemps de la Perle »), boycott des législatives partielles de l’automne 2011, et boycott des élections de novembre 2014.

Les sept sociétés légalistes d’opposition ( le Wefaq chiite, mais aussi des partis sunnites ou séculiers) ont étayé leur appel de la mi-octobre au boycott des élections de novembre par plusieurs arguments : la répression qui les a décapitées (de nombreux dirigeants et cadres ont été lourdement condamnés et sont emprisonnés ; certains ont été déchus de leur nationalité et envoyés en exil) ; le harcèlement policier dont elles sont l’objet (le Wefaq a ainsi été interdit d’exercice de toute activité de novembre 2014 à janvier 2015) ; la sous-représentation de l’opposition dans le « Dialogue national » ouvert et refermé à plusieurs reprises depuis 2011 ; le caractère cosmétique des « réformes constitutionnelles » octroyées en 2012, qui n’ont en rien démocratisé et parlementarisé la monarchie; la politique de naturalisation d’étrangers sunnites (cf.notre analyse du 18 juillet 2011);  le premier ministre et oncle du roi, en poste depuis 1971 (cf.notre portrait du 1er septembre 2011), etc. Dans cette analyse, l’enjeu pour l’opposition est que la participation électorale soit la plus faible possible, attestant ainsi de la fragilité de la légitimité du régime autoritaire, et de la capacité de mobilisation politique maintenue de l’opposition.

Gerrymandering. Une ingéniérie électorale aux effets imprévisibles : les redécoupages électoraux

Objets de critiques majeures de l’opposition et des ONG internationales lors des consultations précédentes, les circonscriptions électorales ont été redécoupées à l’automne. La situation était, il est vrai, caricaturale. La députée du sud avait été élue sans concurrents (« on » les avait dissuadés) avec moins de 800 électeurs inscrits: c’était une femme, pro-régime. Les députés du nord étaient, quant à eux, élus par plus de 20000 électeurs: il est vrai qu’ils étaient opposants, et chiites. C’est ainsi que le parti Wefaq, avec 63% des électeurs inscrits, n’a pu obtenir que 18 sièges sur 40 à la chambre basse en 2010… Les circonscriptions électorales ont été redécoupées à l’automne 2014, par la suppression d’un gouvernorat du centre de l’archipel (Central), dont les cantons ont été redistribués dans les quatre autres gouvernorats (Capital, Muharraq, Northern, Southern). Les nouveaux cantons sont désormais en général plus équilibrés démographiquement, avec 8 à 12000 électeurs en moyenne (quelques cantons restent très faiblement peuplés au sud). L’impact potentiel de ces redécoupages est disputé par les analystes.

Certains estiment que l’ingéniérie électorale dont le régime est spécialiste (via sans doute des sociétés spécialisées anglo-américaines) ne peut que conforter ses bases électorales sunnites. Pour le politiste américain et éminent spécialiste du Bahreïn, Justin Gengler (le 18 octobre, sur son blog Bahrain Politics), la dissolution du gouvernorat du Centre, et la redistribution de ses cantons dans les 4 régions restantes (la circonscription de Muharraq mixte sunnite-chiite, mais bastion traditionnel des islamistes sunnites, les salafistes d’al-Asalah, les Frères musulmans d’al-Minbar, 8 sièges à pourvoir; la circonscription de Capital, mixte, 10 sièges ; la circonscription Northern à majorité chiite, 12 sièges; la circonscription Southern, pro-sunnite, 10 sièges) rééquilibre certes démographiquement les circonscriptions, mais ne modifie pas le découpage selon des lignes de partage confessionnelles -sunnites-chiites, de telle manière que les sunnites ont la certitude a priori d’obtenir 22 sièges.

D’autres, tels le blog bahreïni citizensforbahrain, estiment que le redécoupage traduit un effort réel vers plus de justice électorale, y compris en constituant des cantons confessionnellement un peu plus mixtes qu’auparavant. Ces derniers estiment donc que le nouveau découpage pourrait modifier la donne, car il n’est pas nécessairement très favorable à des figures sunnites sortantes. Au bilan donc, un redécoupage qui ne risque pas d’avantager beaucoup les chiites d’al-Wefaq, mais pas non plus quelques sortants sunnites trop revendicatifs sur les affaires de corruption du régime. Ainsi, deux de leurs figures de proue, jusque-là élus dans deux cantons limitrophes (Jassim al-Sa’idi et Khamis al-Rumaihi) se retrouvent en concurrence dans la même circonscription ! Une partie des sunnites de la coalition Al-Fateh, en principe pro-régime, risquent donc de faire les frais des redécoupages. On notera, par ailleurs, que la radicalisation anti-Frères musulmans en Arabie et dans les Emirats arabes unis (qui viennent, à la suite de Riyad en mars, de mettre les Frères musulmans et toutes leurs organisations satellites sur le liste des organisations terroristes) a un impact électoral potentiel au Bahreïn. Leur façade légale, la société politique al-Minbar (Al-Minbar National Islamic Society), a admis faire profil bas pour les législatives, pour ne pas se retrouver dans des collimateurs saoudiens, émiratis ou bahreïnis…

Pour le moment donc, personne ne maîtrise la réalité et les effets potentiels de ces nouveaux découpages électoraux dans une éventuelle redistribution des cartes. D’autant plus que l’opposition boycottant, on n’a pas un jeu où tous les acteurs sont en compétition sur le marché politique.

Localement hémiplégique peut-être, mais une vraie campagne électorale.

Une chose est sûre néanmoins, évidente sur le terrain au moins dans la semaine qui précède le vote : ces élections ont été disputées dans une bonne partie de l’archipel, ne serait-ce que par le nombre de candidats. Pour les 349 713 électeurs inscrits électeurs inscrits et les quarante sièges de députés, il y a eu 266 candidats et candidates déclarés. Soit 6,6 candidats par circonscription. En réalité 4-5 candidats en général, mais jusqu’à 10-12 dans les plus importantes circonscriptions. Sur les 40 députés sortants, 11 ne se représentaient pas. Ce qui laisse plus de 230 candidats nouveaux: des hommes, des femmes (environ 10%, ce qui est peu), beaucoup de trentenaires ou quadras, encartés ou non à l’une des « sociétés politiques » (dont il faut rappeler qu’elle ne peuvent pas se réclamer d’une ethnie ou d’une religion ou confession particulières). Beaucoup « d’indépendants », qui se présentent comme tels, et qu’on ne peut pas automatiquement qualifier de « pro-régime ». On peut certes supposer, mais sans certitude générale, qu’ils (elles) ne sont pas « opposant(e)s », puisqu’ils (elles) sont candidat(e)s. Mais seule une étude personnalisée -impossible à réaliser actuellement au Bahreïn, eu égard à la tension politique, permettrait d’établir le positionnement effectif de chaque candidat(e) vis-à-vis du régime, mais aussi de l’opposition. Il y a ainsi des candidats chiites « officiels » et pro-régime (plusieurs sont issus du clan chiite Al-Safour, auquel le premier ministre a opportunément rendu visite le jour même du vote), mais aussi quelques jeunes candidats chiites non-officiels, par exemple à Aali, bastion du Wefaq dans l’environnement sunnite très pro-régime de Rifah. On notera que certains électeurs désabusés attribuaient le nombre élevé de candidatures aux avantages en nature liés à la fonction de député (une indemnité annuelle de 150000 US$, et une voiture de fonction avec chauffeur).

La réalité de la campagne était visible : affiches et panneaux omniprésents dans le paysage; diwans électoraux un peu partout tous les soirs, avec une participation variable; réunions organisées par les candidat(e)s chez les électeurs… Il est clair que les « quartiers » ou « villages » chiites patentés n’ont guère participé à la campagne, mais on peut estimer que cela a plus traduit leur marginalisation dans l’espace physique et politique du royaume, qu’une valorisation de leur choix du boycott, dans la mesure où ils ont, du coup, été réduits au silence et à l’invisibilité dans les médias nationaux et internationaux. Il est d’ailleurs significatif qu’il faille recourir aux médias iraniens et du Hezbollah libanais pour avoir un minimum de couverture de ces quartiers chiites boycottant. Globalement la campagne électorale s’est déroulée « dans le calme », parce que sous haute surveillance policière, en particulier du côté des quartiers et villages chiites : la presse locale a rendu compte d’une douzaine d’incidents relativement mineurs (panneaux déchirés, quelques tentes électorales vandalisées ou brulées, quelques pneus crevés).

Une brève et localisée « contre-consultation » référendaire par l’opposition

Dans les jours précédant le scrutin, l’opposition légaliste, associée semble-t-il au Mouvement du 14 février, a organisé des manifestations pacifiques d’appel au boycott, qui ont réuni quelques centaines de participants dans des bastions chiites tels que Jidhafs, Saar, Sitra ou Diraz.  Manifestants et manifestantes brandissaient des pancartes appelant au boycott, et dénonçant le déni de démocratie. Il semble que ce soit au premier chef le Mouvement du 14 février qui a tenté d’organiser le vendredi 21 février, veille du scrutin, un référendum alternatif.  Dans 29 « bureaux » (des tentes en général), des urnes bleues recueillaient un bulletin « oui ou non pour un référendum d’autodétermination sur la nature du régime sous la supervision de l’ONU » (ci-dessus). Ces bureaux ont pu se tenir pendant quelques heures dans des bastions chiites (Jidhafs, Sanabis, Ditraz…), mais la police est en général intervenue pour interdire l’initiative, et a interpellé un certain nombre des « scrutateurs » de ces bureaux alternatifs.  Le blackout étant absolu du côté des médias officiels, c’est essentiellement par les réseaux sociaux que l’on a eu quelques témoignages photographiques ou vidéos, relayés ensuite par des médias iraniens ou libanais. L’initiative était symbolique donc, mais elle a cherché à respecter les formes d’une « vraie » consultation référendaire, confirmant le choix légaliste des sociétés politiques concernées.

Le premier tour, la participation et les résultats

Il est impossible, en l’état, d’évaluer la participation réelle au premier tour, faute de médias locaux crédibles, et en l’absence d’observateurs étrangers indépendants (le régime a annoncé la présence de 400 journalistes locaux et étrangers pour couvrir le scrutin, mais ces derniers n’ont apparemment pas obtenu de visa d’entrée…). Peut-être des ONG locales pourront-elles publier sur des blogs ou les réseaux sociaux des estimations ou évaluations.

Le Haut comité des élections et le ministre de la Justice ont publié successivement les chiffres de 51,5 % (le 23 novembre) puis 52, 6 % (le 24 novembre) ; et 16 % d’électeurs qui auraient boycotté -ce qui laisse perplexe pour qualifier les  30 à 35% manquant (de l’abstention, mais pas du boycott ?). Les chaînes télévisées et les autres médias ont montré, tout au long de la journée du samedi 22 novembre, de longues queues d’électeurs et électrices devant les bureaux de vote, au point que la fermeture des bureaux, initialement fixée à 20h, a été prolongée jusqu’à 22h -officiellement pour faire face à l’afflux des citoyens. On notera qu’outre les bureaux des 40 circonscriptions, la commission électorale avait installé 12 « bureaux publics » hors circonscriptions, dans des gymnases ou des centres commerciaux, ouverts à tout électeur ou électrice de l’archipel. Mais les organismes officiels n’ont donné aucun pourcentage par bureau, et aucun pourcentage par candidat : les médias locaux ont juste publié la liste des candidats élus, donc ayant dépassé 50 % des inscrits dès le premier tour (il y en a six, dont certains semble-il élus par retrait des autres candidats), et celle des duels pour le second tour (il en reste donc 34 pour 40 sièges, avec très peu de femmes).

A l’inverse, et tout en dénonçant le nombre élevé de nouveaux électeurs étrangers fraîchement naturalisés parce que sunnites, le Wefaq, au nom de la coalition des opposants, a estimé à 30 % le taux de participation, avec une marge d’erreur de plus ou moins 5 %. Des photographies de différentes circonscriptions circulant sur les réseaux sociaux ont montré des bureaux totalement vides d’électeurs -mais on ne sait pas toujours où et à quelle heure les photos ont été prises. Et les médias iraniens et du Hezbollah libanais ont montré quelques images de manifestations pro-boycott la veille et le jour du scrutin. On ne peut qu’inférer du paysage confessionnel et politique de la dernière décennie que la participation a sans doute été active dans certaines circonscriptions à majorité sunnite et ayant manifesté ces dernières années leur soutien au régime (ainsi dans la zone centrale de Rifah, bastion territorial et politique du régime, qui y a installé ses nombreux palais, et regroupé ses affidés tribaux ou confessionnels) ; et que la participation a été faible, voire peut-être inexistante, dans les bastions chiites connus (l’accès aux bureaux de vote ayant, de plus, souvent été entravé par des pierres, ou des pneus enflammés, ou dissuadé par des forces de sécurité en tenue de combat). Mais certains témoignages publiés sur des réseaux sociaux montraient que l’électorat sunnite était loin d’être unanimement enthousiaste à aller voter pour une chambre basse « sans dents » (« teethless » -sic !), c’est-à-dire sans pouvoirs réels…

Les deux chiffres avancés pour la participation -52%-30 %-  sont politiquement très cohérents avec la polémique récurrente ces dernières années sur la composition confessionnelle du pays : le régime avançant que désormais il y a à peu près équilibre entre sunnites et chiites (cf.notre analyse du 14 juillet 2011) ; et les chiites se référant au pourcentage cité depuis des années de « 70 % de chiites au Bahreïn », ce qui est sans doute désormais surestimé, en particulier à cause des « naturalisations politiques » de sunnites étrangers par le pouvoir.

L’opposition, encore plus affaiblie par le boycott

L’opposition est, depuis 2012 dans une position difficile. Les « radicaux » du 14 février sont contenus dans leurs quartiers et villages, et sur les réseaux sociaux. Les sociétés politiques légalistes ayant vocation à intervenir dans le champ politique, en particulier le Wefaq, nous paraissent en mauvaise posture par leur choix du boycott.

– Elles sont présentées par le régime et ses médias comme de mauvais joueurs, qui ont refusé une compétition électorale plus juste grâce aux redécoupages électoraux.

– Les opposants ne peuvent pas se compter, quatre ans après la révolution de la Place de la Perle. Le Wefaq avait obtenu 63% des suffrages en octobre 2010, ce qui lui donnait une légitimité forte à poser des revendications sur les institutions et le fonctionnement du régime. On ne sait absolument plus, quatre ans après, ce que peut être la représentativité de ce parti. S’il avait confirmé le 22 novembre son score de 2010, et même s’il n’avait pas obtenu la majorité des sièges, il aurait pu arguer du poids de son électorat pour refonder avec force ses revendications de réformes structurelles.

– Avec le boycott, le Wefaq a été suspendu d’activité et d’expression publique pour trois mois, et il n’a plus, depuis la démission collective de février 2011, de tribune d’expression publique au Conseil de la choura. Il est donc condamné à une opposition sans la caution politique officielle de députés élus.

– Pour les quatre ans qui viennent, la chambre basse sera peuplée de soutiens du régime, et d’indépendants qui auront profité du boycott pour accéder à la députation, au détriment des forces politiques organisées.

Le pays est, depuis quatre ans, dans une impasse politique globale. Mais, de notre point de vue, le boycott a renforcé le blocage de l’opposition « légaliste » dans cette impasse, sans représentation officielle ni tribune parlementaire pour les 4 ans à venir, et encore plus harcelée par la justice. Et l’appel à l’ONU lancé par l’opposition ne donnera rien, bien évidemment, la « communauté internationale » n’accordant depuis 2011 qu’un intérêt très restreint à la question des droits de l’homme et à la nature du régime de l’archipel.


Le dépouillement du 2e tour, bureau de Manama central

Le 2e tour/ Après le boycott des islamistes chiites, les « élus indépendants » balaient les islamistes sunnites et… les partis politiques

On y voit désormais plus clair avec la publication des résultats du deuxième tour du 29 novembre – non d’ailleurs par le Haut comité électoral, mais par des ONG locales. Relevons l’essentiel : pour 40 sièges à pourvoir, 36 « indépendants », presque tous de jeunes « nouveaux », et qui ont évité de mettre en avant leur appartenance confessionnelle ; 4 islamistes sunnites (2 salafistes, 2 proches des Frères musulmans ; ils étaient 15 en 2010 ). Donc, outre l’absence des islamistes chiites du Wefaq (ils boycottaient l’élection, alors qu’ils étaient 18 en 2010) : les sortants sont balayés (et plusieurs candidats qui étaient en tête au premier tour ont été éliminés au 2e tour); le coup de balai est évident contre les islamistes sunnites (encartés ou pas), pourtant en principe pro-régime ; il y a quasi disparition des partis politiques (5 boycottaient, 9 présentaient des candidats, 2 sont représentés); et encore moins de femmes (3 au lieu de 4, sur 23 candidates). Et, d’après les comptages locaux, 27 sunnites et 13 chiites (dont les 3 femmes élues). L’analyse peut être à triple entrée : un retour sur la participation et le boycott ; les conséquences de l’ingéniérie électorale du pouvoir ; les choix des électeurs/électrices (ou, du moins, de ceux/celles qui n’ont pas boycotté).

Un retour sur le boycott et la participation : il y a chiites … et chiites.

Le taux de participation au premier tour a fait l’objet de déclarations contradictoires du pouvoir et de l’opposition (voir notre analyse du 25 novembre). Même s’ils doivent être considérés avec un regard aussi prudent que critique, on dispose dorénavant des taux de participation pour chaque circonscription (cf. sources, ci-dessous). On sait que, malgré le redécoupage de nombreuses circonscriptions quelques semaines avant les législatives, il reste nombre de circonscriptions très largement (et parfois quasi exclusivement) sunnites, ou chiites. Ce qui permet, pour ces dernières, de mesurer l’impact de l’appel au boycott (accompagné parfois de mesures matérielles de dissuasion des candidats d’abord, des électeurs ensuite…). Effectivement, les chiffres ne laissent guère de doute : les taux de participation les plus élevés sont incontestablement dans les circonscriptions sunnites -entre 75 et 85 %; et les chiffres les plus faibles sont dans les bastions chiites – de 8 à 15 %. Quelques exemples aux deux extrêmes, dans des circonscriptions très « confessionnellement marquées » et qui n’ont pas été modifiées lors des redécoupages récents :

Taux de participation au 1er tour dans :

1/ 5 circonscriptions à très forte majorité chiite :

3rd Capital : Sanabis, Karbabad, Seef : 9.8%

9th Capital : Southern Sitra, East Eker : 9.6%

1st Northern : Hilla, Meqsha, Karranah, Janusan, Barbar, Diraz: 8.1%

 2nd Northern : Markh, Bani Jamra, Diraz: 8.0%

6th Muharraq : Dair & Samaheej: 11.1%

2/ 5 circonscriptions à très forte majorité sunnite :

1st Muharraq : Busaiteen: 85.4%

8th Northern : Hamad Town: 71.9%

3rd Southern : North Riffa, Hajiat: 84.3%

4th Southern : Nuwaidrat, Sanad, Hajiat: 79.3%

5th Southern : West Riffa, Haniniyah, Bukuwarah: 85.4%

Comme on dispose maintenant de pourcentages que l’on peut considérer comme fiables, on va pouvoir cartographier les taux de participation : sans surprise, on constatera la très forte territorialisation confessionnelle dans le royaume.Mais l’analyse devra faire dans la finesse, et montrer qu’il y a chiites (qui boycottent parce qu’obéissant au Wefaq) et chiites (plus participatifs parce que historiquement dans une moindre conflictualité avec le régime sunnite). Ainsi dans 2nd Capital (Central Manama, Burhama, Salehiya, Suwayfiyah, participation 33.3%),  la population de cette circonscription du vieux Manama serait à 80 % chiite. Mais l’origine ajam (persane) d’une bonne partie de ces chiites de centre-ville fait qu’ils sont nettement moins influencés par al-Wefaq (particulièrement implanté dans les quartiers chiites périphériques, et dans les « villages » chiites, en réalité des faubourgs métropolitains à forte cohésion sociale), et soutiennent des candidats (ou candidates) chiites indépendants loyalistes. On devra aussi relever que certaines familles chiites ont présenté nombre de candidat(e)s, et ont eu plusieurs élu(e)s : la plus notable est celle des al-Asfour, d’origine ajam, proche du régime (le premier ministre retour de Thaïlande a rendu visite au majlis des al-Asfour à la veille du 2e tour). La famille chiite Dirazi a, elle aussi, présenté un candidat à …Diraz, cœur historique des militants chiites de Dawa depuis les années 1960, et cœur du fief du Wefaq (le principal clerc chiite du Bahreïn, l’ayatollah Issa Qassim, est originaire de Diraz et y réside depuis toujours). On a également vu, dans une circonscription du nord-centre, l’élection d’un clerc chiite, figure éminente du courant shirazi, rival traditionnel du courant Dawa-Wefaq. Au total, dans le détail des candidats et des élus et des complexités constitutives de la communauté chiite, on s’aperçoit que celle-ci est politiquement et socialement moins homogène qu’on l’écrit trop souvent.

Ceci noté, il faudra interroger le libre choix ou pas des électeurs d’aller voter (le pouvoir a exercé de lourdes pressions en ce sens, laissant entendre qu’il pourrait sanctionner les abstentionnistes ; ce que certains sunnites ont compris comme le risque de ne pouvoir accéder à la manne des emplois publics et des programmes de logement), ou de ne pas voter (outre les obstacles physiques rendant parfois difficile l’accès à certains bureaux dans des fiefs chiites, la surveillance et la pression sociales sont très fortes dans certains quartiers et « villages » chiites, et plus à Diraz, Jidhafs ou Daïr qu’à Manama).

On notera qu’outre les 40 bureaux des circonscriptions, le régime avait multiplié les « bureaux généraux » hors circonscriptions : il y en avait 13 cette année, contre 5 en 2010. Certains ont été ouverts dans des centres commerciaux, dans un mélange significatif du consumérisme golfien et de l’acte citoyen ; d’autres à des endroits plus surprenants : près des casernes dans le grand sud (or le Wefaq accuse le régime d’avoir massivement naturalisé des policiers et soldats étrangers mais sunnites, et de les faire voter en bloc) ; au milieu du pont-digue vers l’Arabie saoudite (ce qui entretient depuis 2002 la suspicion du vote de Saoudiens ayant reçu des cartes électorales bahreïnies au motif de leurs antiques appartenances tribales -sunnites bien évidemment). La liste électorale étant établie à l’échelle nationale (ce qui est un moyen de contrôler l’électorat), tout électeur pouvait voter soit dans sa circonscription, soit dans l’un quelconque des 13 bureaux -ce qui était aussi un moyen de pouvoir contourner le boycott… Les résultats de ces 13 bureaux étaient ensuite rattachés à des circonscriptions territoriales, selon des règles non explicitées, ce qui ouvrait la voie à d’éventuelles manipulations, et ne facilite pas non plus les calculs de participation (les rattachements peuvent statistiquement soit atténuer le boycott, soit renforcer la participation…).

  Une percée spectaculaire des « indépendants ». Mais le sont-ils vraiment ?

Nous avions souligné dans nos notes sur la dernière semaine de campagne le nombre important de candidats se présentant comme « indépendants » dans toutes les circonscriptions que nous avions parcourues (230 candidats sur 266). Les résultats du 2e tour confirme notre impression : les grands vainqueurs -au moins quantitativement- sont ces mêmes « indépendants ». Des hommes presque tous, jeunes (trentenaires, quarantenaires), dont les analystes locaux nous disent que, jeunes professionnels (journalistes, « dans les affaires », consultants, etc.), issus souvent de la société civile, sans affichage de leur appartenance confessionnelle sunnite/chiite (même si les patronymes permettent à l’électeur de la deviner facilement), ils apparaissent pour la première fois sur les tribunes politiques. Certains esprits suspicieux, qui ont bien connu pour certains les « sous-marins » des élections françaises, pour d’autres les « candidats indépendants » de l’Egypte de Moubarak (qui majoritairement, à peine le vote conclu, se rattachaient au groupe PND, le parti présidentiel ; les autres étant les représentants « interdits-tolérés » des Frères musulmans) , estiment que nombre des « indépendants » bahreïnis sont soit des candidats « téléguidés » par le pouvoir -c’est peut-être possible, mais pas obligatoire ; soit vont, une fois la cession parlementaire ouverte, former des groupes pro-régime mais hors partis revendicatifs du type al-Fateh -c’est là encore peut-être possible, mais pas obligatoire. Seul le temps permettra de vérifier cette hypothèse, que développe par exemple Justin Gengler.

Deux remarques à ce stade :

– la présence d’indépendants n’est pas une nouveauté dans le pays : déjà, lors de la brève expérience parlementaire de 1973-1975, il y avait pour 22 députés, 8 indépendants, 8 députés du Bloc populaire (gauche nationaliste « séculière »), et 6 députés du Bloc religieux (chiites de Dawa ou shirazi) ;

– on peut analyser l’indéniable poussée des jeunes indépendants comme une aspiration d’un jeune électorat au changement, à la fois contre les partis politiques « classiques » (sunnites et chiites), et contre les groupes « radicaux » anti-système (autour du Mouvement du 14 février), principaux acteurs politiques des tensions depuis 2011 ; pour la prise en compte de « problèmes concrets » (l’emploi, le niveau de vie et le logement ont beaucoup été évoqués) ; et pour une évolution « moderne » des institutions et du régime.

On verra si cette aspiration vraisemblable trouve un champ d’exercice à la chambre basse -on peut être raisonnablement sceptique, ou dans les réunions erratiques du « dialogue national », promu par le prince-héritier et soutenu par l’ambassade américaine, mais qui peine à déboucher sur la moindre évolution significative.

La débâcle des islamistes sunnites (et chiites) ….  et des partis politiques

Après l’appel au boycott de l’élection par les partis d’opposition, et en particulier par le grand parti chiite Wefaq, certains prédisaient un raz-de-marée des partis sunnites pro-régime, islamistes ou non.  Il n’en a rien été. Les partis sont très largement écartés de la chambre (2 partis sur 9 seront représentés), et les islamistes déclarés font un score que l’on peut qualifier de dérisoire. Ce qui tend à conforter l’analyse constante depuis 2011 du politologue américain installé à Doha, Justin Gengler : alors qu’on s’est logiquement focalisé sur la contestation chiite, Gengler a insisté sur la nécessité d’observer également attentivement les évolutions politiques du côté des sunnites. En dégageant deux courants principaux : une radicalisation anti-chiite pro-régime au prorata de la mobilisation croissante des opposants chiites ; mais aussi l’existence, au sein de cette mobilisation sunnite, d’une contestation du régime sur l’absence de démocratisation des institutions depuis 2011, illustrée par la faiblesse persistante des pouvoirs de la chambre basse. Les résultats de samedi 29 affichent un double échec : celui des partis islamistes « classiques » (les salafistes d’al-Asalah ; les fréristes d’al-Minbar) ; et celui de la coalition sunnite militante formée après le Printemps de la Perle pour combattre la mobilisation chiite et faire pression sur le régime (coalition Al-Fateh). Quand à la gauche nationaliste-arabe « séculière », elle appelait au boycott, mais ne risquait de toutes façons guère d’avoir des élu(e)s, compte tenu de son atonie dans les deux dernières décennies, même si elle s’est manifestée sur la Place de la Perle en 2011.

Plus largement, si l’on se souvient que les islamistes chiites (18) et sunnites (15) constituaient la majorité écrasante de la chambre de 2010, on mesure bien leur recul dans la chambre nouvelle. Car on ne doit pas oublier qu’au-delà de l’affrontement confessionnel latent (exacerbé après 2011), les islamistes des deux bords avaient su faire front commun contre des réformes proposées par le pouvoir – par exemple en 2003-2004 pour s’opposer à une modernisation du statut des femmes sur le modèle de la moudawana marocaine (le Wefaq n’a ainsi jamais présenté de candidates aux élections…).

Les perspectives politiques à court terme : le changement attendra

Les législatives de novembre 2014 ont été la première consultation électorale générale depuis le « Printemps de la Perle » de février-mars 2014. Mais elles n’ont pas permis de mesurer réellement le rapport des forces politiques, puisque la composante chiite de l’électorat a largement obéi aux consignes de boycott. Il en sort un paysage plutôt surprenant, en ce qu’il a éliminé les forces politiques sunnites organisées, à la fois pro-régime (par crainte de l’activisme chiite), mais aussi revendicatives -une partie d’entre elles aspirant à une démocratisation du régime, à commencer par des pouvoirs accrus pour la chambre basse. Les résultats du 2e tour écartent donc de la tribune parlementaire des porte-parole parfois un peu trop insistants sur certains dossiers budgétaires et financiers, et sur certaines affaires de corruption. C’est un avantage pour le pouvoir, qui peut aussi se féliciter de voir arriver de jeunes députés sans expérience. A moyen terme, cela peut amorcer un renouvellement partiel de la classe politique, mais à court terme, cela laisse les mains libres au premier ministre.

Du côté du grand parti chiite al-Wefaq (L’Entente, 63 % des suffrages en 2010) : la direction va être renouvelée par un vote interne le 5 décembre, qui verra sans doute la reconduction du secrétaire général sheikh Ali Salman, et du porte-parole Khalil AL-Marzouq . Mais l’on sait que le débat reste vif à l’intérieur du parti sur la justesse du choix du boycott. La décision du boycott (avec quelques autres partis alliés) était un pari. Il n’est pas sûr qu’il ait été politiquement gagné. Rappelonsqu’en 2006 le Wefaq avait appelé à participer après avoir constaté qu’on ne pouvait pas peser réellement en restant à l’extérieur du système comme en 2002, où le boycott avait été décidé…Les élections de 2014 ont eu lieu, elles ont été disputées, elles ont largement renouvelé le groupe des députés, et le Wefaq n’a plus de représentants officiels élus. Le boycott n’a massivement concerné que les seuls bastions chiites contrôlés par le Wefaq (d’autres quartiers chiites ont été plus participatifs…), ce qui l’a donc confessionnalisé, alors que les occupants de la place de la Perle avaient insisté sur leur volonté de transcender le confessionnalisme, et qu’il semble bien qu’une partie de l’opinion bahreïnie aspire à une certaine « déconfessionnalisation » du fonctionnement politique, plus préoccupée qu’elle est par les questions économiques et sociales (l’emploi, le chômage, les salaires, le logement) .

Comme le veut la tradition depuis 2002, le premier ministre Khalifa bin Salman Al-Khalifa a présenté au roi sa démission, et la démission de son gouvernement. Sans aucune surprise, le roi Hamad a reconduit le premier ministre, son oncle et homme fort du régime depuis 1971. Ces derniers mois, le premier ministre, 79 ans, était en traitement médical en Thaïlande : il n’est rentré au pays qu’à la veille du premier tour. Pendant son absence, ses partisans ont couvert l’archipel de panneaux, affiches, écrans de rues à son image, accompagnés de slogans sans ambiguïté : «Le peuple- Khalifa bin Salman- La ligne rouge ». Manière de rappeler au roi son neveu, et plus encore au prince-héritier Salman, son petit-neveu et pourtant vice-premier ministre, qu’il ne fallait pas miser sur un effacement de celui qui a toujours représenté la ligne dure et pro-saoudienne dans le royaume. Le changement n’est donc pas pour maintenant, et peut-être pas non plus pour demain. A peine le dépouillement du deuxième tour terminé, la justice recommençait à égrainer ses condamnations politiques, et la police est allé perquisitionner, une fois de plus, le domicile de l’ayatollah Issa Qassim, à Diraz… Aucun doute, le premier ministre est toujours à son poste !



Documents, toutes photographies et captures d’écrans :  JP.Burdy (13-23/11/2014)

> Notre enquête au Bahreïn a fourni quelques éléments

– pour un article de Laure Stéphan dans Le Monde du 21/11/2014: https://sites.google.com/site/questionsdorient/chroniques-d-actualite/22-novembre-2014-legislatives-au-bahreien

– et sur RFI par Caroline Paré le 22/11/2014:
(http://m.rfi.fr/moyen-orient/20141122-bahrein-paysage-politique-opposition-wefaq-etat-islamique/?ns_campaign=google_choix_redactions&ns_fee=0&ns_linkname=moyen-orient.20141122-bahrein-paysage-politique-opposition-wefaq-etat-islamique&ns_mchannel=editors_picks&ns_source=google_actualite)

> Nos sources :

Outre la presse et les médias du Golfe, et des blogs bahreïnis locaux ou londoniens :

> Sur Wikipedia English, un tableau de synthèse à partir de la presse du Golfe

http://en.wikipedia.org/wiki/Bahraini_general_election,_2014

> Une analyse de Justin Gengler dans le Washington Post du 1er décembre 2014

http://www.washingtonpost.com/blogs/monkey-cage/wp/2014/12/01/electoral-rules-and-threats-cure-bahrains-sectarian-parliament/

> Le site « Citizens for Bahrain », qui se veut « citoyen supra-confessionnel » et a soutenu la participation au scrutin fournit un premier état des lieux détaillé des circonscriptions et des élus :

http://www.citizensforbahrain.com/index.php/entry/preliminary-analysis-of-the-final-results-of-the-2014-bahrain-parliamentary-elections

http://www.citizensforbahrain.com/index.php/entry/winners-of-2014-parliamentary-elections-capital-governorate