Y-a-t-il vraiment un « bloc sunnite »? 

1/ L’Arabie saoudite et le Qatar

2011: le roi Abdallah d’Arabie saoudite

Certes, les Etats membres condamnant la Syrie sont des régimes et des sociétés sunnites. Pour autant, la notion de « bloc sunnite » mérite d’être déconstruite au profit d’une analyse de realpolitik où le jeu des acteurs ressort de logiques de force internes, régionales et internationales.

Certes, les Etats membres condamnant la Syrie sont des régimes et des sociétés sunnites. Pour autant, la notion de « 
bloc sunnite » mérite d’être déconstruite au profit d’une analyse de realpolitik où le jeu des acteurs ressort de logiques de force internes, régionales et internationales.

L’Arabie est-elle « chef de file » du « bloc sunnite » ? Indubitablement, Riyad réagit vigoureusement à une double pression. Les Etats du Golfe persique n’ont pas échappé au mouvement d’ensemble qui touche le monde arabe, soit par les répercussions inévitables des mouvements tunisien puis égyptien dans la région, soit par les rééquilibrages provisoires de puissance qui en découlent. Riyad doit donc réagir, par exemple, à la chute d’Hosni Moubarak, qui à la fois prive provisoirement l’Egypte de sa capacité d’affirmation de son rôle historique de principale puissance arabe; et montre aux bénéficiaires du « parapluie américain » (pour l’Arabie saoudite: depuis la célèbre rencontre du président Roosevelt et du roi Abdel Aziz ibn Saoud sur l’USS Quincy, le 14 février 1945) que Washington peut parfaitement « laisser tomber » l’un de ses alliés les plus importants au Moyen-Orient si la realpolitik l’impose. Riyad a donc essayé de prendre la tête du mouvement pour compenser le vide de puissance égyptien, et pour affirmer dans la région sa volonté de défendre les régimes en place.

Le préservation de l’ordre existant est la préoccupation essentielle et existentielle de Riyad: l’ordre saoudien wahhabite en interne (face à la contestation chiite dans ses provinces orientales, qui fermente depuis des mois, et a fait ses premiers morts officiels en novembre 2011); dans le Golfe (face à la contestation politique au Bahreïn, qui se trouve avoir aussi et nécessairement une dimension confessionnelle chiite; face à une menace de puissance régionale iranienne, qui obsède Riyad et les émirs du Golfe); sur ses frontières méridionales (au Yémen, face à la fois à la rébellion chiite zaïdite houthiste, et à la déstabilisation de son voisin par des mois de contestation du régime du président Abdallah Saleh). Et, plus globalement, dans la région: certes, Riyad avait tous les motifs de se réjouir de la chute d’un Kadhafi honni pour ses provocations anti-saoudiennes répétées, mais le royaume a aussi accueilli le président tunisien Ben Ali, chassé par le mouvement populaire. Dans l’affaire syrienne, ce qu’essaie de faire l’Arabie saoudite (soutenue en cela par la plupart des émirs du Golfe3), c’est d’affaiblir autant que possible l’Iran, en brisant par la chute de Bachar el-Assad l’alliance stratégique de Téhéran et de Damas4.

Mais l’Arabie a un concurrent voisin et activiste: l’émirat du Qatar. Nous ne développerons pas ici la montée en puissance de Doha dans les affaires régionales et internationales dans la dernière décennie. Rappelons simplement que l’émir al-Thani, très interventionniste dans les affaires du Moyen-Orient, a saisi l’occasion des « révolutions arabes » pour conforter son rôle diplomatique, en valorisant les alliances scellées avec ses partenaires occidentaux (les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France). Son intervention la plus spectaculaire, progressivement révélée, a été la contribution qatarie au renversement de Kadhafi: action diplomatique d’abord (en essayant d’entraîner derrière lui les émirats voisins et la Ligue arabe) pour soutenir la résolution 1973 du Conseil de sécurité, puis légitimer l’intervention militaire occidentale; puis intervention militaire à travers quelques avions intervenant aux côté de ceux de l’OTAN dans le ciel libyen; et à travers l’envoi sur le territoire libyen, de forces spéciales qataries qui, bénéficiant de l’avantage de la langue, auraient contribué à la formation accélérée des « troupes rebelles » libyennes 5.

Les intérêts saoudiens et qataris sont-ils convergents? Oui au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), tant qu’il s’agit d’éviter une contagion révolutionnaire menaçant certaines des dynasties régnantes, et dont la responsabilité est commodément attribuée aux menées subversives iraniennes et à leurs agents locaux supposés, les chiites qui peuplent la rive occidentale du Golfe. Le CCG a donc, début 2011, débloqué des fonds spéciaux pour acheter la « paix sociale et politique » là où c’était possible (au sultanat d’Oman, par exemple); envoyé les forces de sécurité du « Bouclier du Golfe » là où la menace était urgente, à savoir au Bahreïn en mars. Lors de son sommet de Riyad, mi-décembre 2011, après avoir souligné « la menace qui pèse sur la sécurité des Etats du Golfe arabique » (l’Iran n’a pas été explicitement nommé), le CCG a adopté la demande du roi Abdallah de passage du Conseil d’une « phase de coopération à une phase d’union au sein d’une seule entité », et a abondé de 5 milliards de dollars le programme de développement quinquennal de la Jordanie et du Maroc, les deux monarchies appelées à terme à rejoindre « le syndicat des pétromonarchies du Golfe ». (notre chronique du 15 mai 2011).

Pour autant, au-delà des communiqués unanimes, les divergences entre Riyad et Doha ne peuvent pas être sous-estimées. Elles sont de rivalité bilatérale, illustrées par la concurrence médiatique entre al-Jazeera et al-Arabiya, au bénéfice indubitable et croissant de la première. Elles sont dans le soutien différentiel qu’apportent Doha et Riyad à des forces politiques susceptibles d’arriver au pouvoir par les urnes ou hors des urnes dans les mois qui viennent.

Si l’on prend l’exemple de l’Egypte, il est assez clair que le Qatar privilégie, là comme ailleurs, le soutien aux Frères musulmans, organisation ancienne et politiquement aguerrie (même si elle connaît des divisions internes, et a du mal à se positionner par rapport au mouvement de la place Tahrir, qu’elle a rejoint tardivement, et épisodiquement), bien implantée dans le tissu social égyptien: les Frères sont les vainqueurs annoncés des élections égyptiennes, dans l’espace que l’armée, plus que les anciens du parti National démocratique d’Hosni Moubarak, voudra bien leur laisser. De son côté, l’Arabie saoudite, qui se méfie des Frères musulmans pour de multiples raisons (la grande méfiance de ceux-ci vis-à-vis du wahhabisme, leur critique de l’absolutisme saoudien, leurs liens étroits avec la matrice égyptienne, etc.), privilégie les courants salafistes radicaux. Ceux-ci, principalement sous l’étiquette du très récent parti al-Nour, peuvent afficher, à l’issue des deux premières étapes électorales égyptiennes, entre 20 et 25% des suffrages, au grand dam des Frères musulmans, qui n’avaient, semble-t-il, pas prévu de devoir côtoyer des activistes que les sondages plaçaient aux environs de 10-12% des suffrages.


Dans l’affaire de la condamnation de la Syrie par la Ligue arabe, c’est le ministre des Affaires étrangères qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, président en exercice du comité de la Ligue arabe en charge du dossier syrien, que l’on a vu principalement à la manoeuvre. Il a été suivi par tous les Etats qui ont des raisons variées de s’opposer à la Syrie, même si l’enthousiasme de certains (telle l’Autorité palestinienne) n’est pas toujours apparu avec évidence. L’Arabie saoudite qui avait fait l’effort d’estomper le contentieux qu’elle avait avec Damas à la suite de l’assassinat en 2005 du sunnite libanais Rafic Hariri (qui était très proche de Riyad), retrouve sa problématique d’affaiblissement nécessaire du lien stratégique Damas-Téhéran: le nouveau prince-héritier Nayef ben Abdel-Aziz est donc sur le pont pour cela. Mais il peut aussi s’estimer quelque peu bousculé par un émirat du Qatar qui, fort de « son » succès libyen, s’emploie à conforter son rôle diplomatique en s’emparant du dossier syrien, et en s’appuyant sur ses deux vecteurs d’influence: la chaîne al-Jazeera, et ses ressources financières infinies grâce au dôme gazier.

b/ Le jeu de la Turquie

Septembre 2008, à Damas: MM.Erdoğan (Turquie), Hamad al-Thani (Qatar), Assad (Syrie), Sarkozy

Nous ne reviendrons pas ici sur l’évolution de la politique turque au Proche et au Moyen-Orient depuis le début de l’année 2011. Elle est abordée en permanence sur ce site, et plus encore à travers les chroniques de Jean Marcou sur le blog de l’OVIPOT6. Confrontée comme tous les autres Etats impliqués à des « révolutions arabes » qu’elle n’avait pas prévues, la Turquie a progressivement redéfini et redéployé sa diplomatie et son action politique en fonction des évènements:

  • observation initialement attentiste des évènements de Tunisie et d’Egypte, puis soutien de principe assez vite affirmé aux revendications démocratiques des populations arabes (après un silence remarqué sur les évènements comparables qui s’étaient produits dans l’Iran voisin en 2009);
  • volonté de prendre en compte les nouvelles configurations politiques nées de la chute des présidents Ben Ali et Moubarak, en mettant en avant ce qui, dans le fonctionnement de la Turquie, pourrait éventuellement inspirer les peuples et les nouveaux dirigeants (ce que l’on qualifie parfois de promotion du « modèle turc », sans que cette formule ait jamais été utilisée par Ankara);
  • attentisme initial sur le dossier libyen, puis ralliement à la politique occidentale d’intervention auprès des « rebelles » contre Kadhafi, dans une forme de soutien (logistique et humanitaire) sans participation (militaire) à l’action de l’OTAN.

La question syrienne est progressivement devenue centrale pour Ankara. Car, on s’en souvient, la spectaculaire réconciliation entre la Turquie et la Syrie au milieu de la décennie 2000 avait été à la fois la pièce maîtresse de la « nouvelle diplomatie » des gouvernements de l’AKP, et l’illustration-modèle de la réussite du « bon voisinage-zéro conflit » théorisé par M.Ahmet Davutoğlu. C’est peu dire que les dirigeants turcs ont déployé tous leurs efforts pendant des mois à partir du printemps 2011 pour convaincre Bachar al-Assad de répondre autrement que par une répression sanglante à la montée en puissance des oppositions qui se sont manifestées dans de nombreuses régions de Syrie. Les navettes de M.Davutoğlu à Damas ne se comptent plus jusqu’à l’été, non plus que les appels du premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan à son « ami Bachar »: « conseils d’ami », puis appels de plus en plus pressants, puis exhortations, mises en demeure et enfin menaces directes ces dernières semaines, Ankara étant arrivé à la conclusion que le régime de Damas devait désormais tomber.

Le débordement inévitable des affrontements en Syrie sur le territoire turc (arrivée de réfugiés syriens, fermentation politique dans la province turque du Hatay, où les alaouites sont nombreux); la politique de rétorsion menée par le régime syrien (en particulier à travers, à nouveau, l’instrumentalisation de la « question kurde » contre la Turquie 7); des incidents visant des intérêts turcs en Syrie à très forte charge symbolique en Turquie (attaques contre des représentations diplomatique et consulaires turques dans plusieurs villes syriennes; drapeau turc brûlé par des manifestants pro-Assad; mitraillage en Syrie de bus de pèlerins turcs rentrant du hadj en Arabie saoudite): autant d’éléments qui ont désormais amené la Turquie à être un des fers de lance des attaques politiques contre Damas, avec sanctions économiques annoncées, et menaces récentes de conséquences militaires potentielles. La Turquie est désormais (avec la France8) le principal soutien à l’opposition turque à l’étranger: en hébergeant le Conseil national syrien (officiellement reconnu comme représentatif du peuple syrien), et certains dirigeants d’une Armée syrienne libre formée de déserteurs (le colonel Riad al-Assad); et en offrant une tribune internationale au principal dirigeant des Frères musulmans syriens en exil à Istanbul (Mohammad Riad Shakfa, qui se déclare, mi-novembre, éventuellement favorable à « une intervention militaire turque en Syrie pour protéger les populations civiles menacées. »). La Turquie est devenu le parrain des opposants syriens, ce qui offre d’ailleurs l’avantage pour les pays occidentaux qui cherchent à accroître la pression sur Damas (les Etats-Unis, la France, en particulier) de ne pas avoir à trop apparaître en première ligne.

Ces différents éléments, qui s’ajoutent à l’activisme remarqué de M.Davutoğlu à la tribune de la Ligue arabe (au point qu’un observateur non informé pourrait penser que la Turquie est membre de la Ligue arabe !), font-ils une « politique sunnite de la Turquie »? On peut en douter fortement, pour privilégier, là encore, l’argument politique et stratégique au détriment de l’argument « confessionnel ». Certes, la Turquie a une population majoritairement sunnite, et certes, le parti au pouvoir depuis 2002 appartient très majoritairement à cette composante sunnite 9. Mais la Turquie est d’abord une puissance régionale, dont la diplomatie est déterminée non pas par des facteurs religieux (au-delà du rappel d’un constat d’évidence: la Turquie est un pays musulman; et d’une réalité historique: la laïcité constitutionnelle de la Turquie place l’islam turc sous le contrôle de l’Etat), mais par des considérations de puissance émergente qui entend s’affirmer sur la scène régionale (le Moyen-Orient et le monde musulman, auxquels elle appartient, en même temps qu’elle est proche de l’Europe) et internationale (en tant que 15e puissance économique mondiale, membre du G20, menant une politique d’implantation diplomatique et économique sur tous les continents).

Compte tenu de la régionalisation et de l’internationalisation de la crise syrienne, la politique turque vis-à-vis de Damas s’inscrit aux côtés de celle d’autres Etats de la région, qui se trouvent être sunnites. Pour autant, même si la Turquie s’affirme ces dernières années comme puissance musulmane (et laïque) auprès de ses voisins du sud, le clivage sunnite/chiite n’est pas pertinent en ce qui la concerne. Ankara essaie d’avoir des relations de bon voisinage avec l’Iran (avec une position « modérée » sur le dossier du nucléaire iranien, tout en acceptant la construction sur son sol d’éléments du bouclier antimissiles américain qui irrite les radicaux à Téhéran) -alors que Téhéran est un ferme soutien au régime syrien. Ankara avait, on l’a vu, d’excellentes relations avec le régime baasiste syrien, jusqu’à ce que « le régime alaouite »  de Bachar al-Assad ne s’engage dans la voie d’une répression sanglante contre son peuple. Le premier ministre turc R.T.Erdoğan a donné ces dernières années des gages aux chiites jafaris turcs (voir notre chronique du 12 août 2011), et a manifesté sa sympathie aux chiites d’Irak lors d’un spectaculaire déplacement à Najaf en mars 2011, à l’occasion duquel il a soutenu « les revendications démocratiques légitimes des chiites du Bahreïn » (notre chronique du 20 avril 2011). Le dirigeants turcs sont fréquemment de passage en Arabie saoudite pour des raisons à la fois politiques et économiques: le président turc Abdullah Gül a mené une carrière de banquier en Arabie, avant de se lancer en politique comme dirigeant de l’AKP.

On pourrait multiplier les arguments pour étayer l’analyse d’une diplomatie turque déterminée par les intérêts classiques d’une realpolitik de puissance émergente, et non par l’appartenance à l’islam sunnite, même si le ministre des Affaires étrangères M.Davutoğlu regrette, en visite à Téhéran début janvier 2012, que certains ne cherchent à établir une « nouvelle guerre froide » religieuse (sunnites/chiites) dans la région. Et l’on rappellera que l’activisme turc peut être apprécié par certains Etats de la région à certains moments, mais qu’il peut aussi irriter ou exaspérer les mêmes à d’autres moments. Ainsi les conseils et remarques formulées par le premier ministre turc lors de l’étape cairote de sa tournée arabe, mi-septembre 2011, ont-ils été moyennement bien reçus par certains interlocuteurs égyptiens: les Frères musulmans (peu sensibles aux charmes de la laïcité civile à la turque), ou les militaires (peu amateurs de rappels des bienfaits de la tutelle ottomane sur l’Egypte d’autrefois)10… On se rappellera aussi que les ambiguïtés turques peuvent indisposer plus d’un acteur au Proche- et Moyen-Orient arabo-iranien: politique de la « main dure » à l’encontre d’Israël ces dernières années; et politique « en pointe » dans le soutien aux Palestiniens, y compris à Gaza; mais aussi politique pro-américaine que certains observateurs analysent comme la volonté systématique d’Ankara d’apparaître comme le plus solide pilier pro-américain de la région. Un grand écart difficile à tenir parfois…

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Les « révolutions arabes », les recompositions politiques qui en découlent, les « contre-révolutions » déjà menées ou prévisibles dans certains pays, n’en sont qu’à leur début. L’approche de ces mouvements de fond doit être à la fois globale (en ajoutant d’ailleurs, à l’ensemble du monde arabo-musulman, les évolutions de l’Iran depuis 2009) et nationale (chaque processus est spécifique, et produit de l’histoire de chacun des Etats concernés). L’ensemble du monde arabo-irano-musulman est concerné, dans sa grande diversité, y compris religieuse. Certes la fitna, la division fondamentale entre sunnites et chiites est un facteur de tensions indéniable: les attentats qui, en ce début d’Achoura chiite (les 5 et 6 décembre) ensanglantent les processions de flagellants ou les rassemblements de pèlerins au Pakistan, en Afghanistan et en Irak, en sont la preuve tragique. Mais la grille d’analyse qui tend à estimer qu’on est désormais entré dans un affrontement binaire « bloc sunnite » contre « arc chiite » nous paraît très largement dénuée de fondements. Instrumentalisée par certains Etats et régime -principalement ceux du Golfe 11-, la question confessionnelle n’est en rien au premier plan de processus qui sont d’abord et avant tout politiques et sociaux. Indépendamment des spécificités nationales, on est d’abord et avant tout dans un jeu de puissances. Comme le rappelle la spécialiste du chiisme qu’est Laurence Louër, le « soulèvement [au Bahreïn] a confirmé que l’arc chiite n’existe pas, si l’on entend par là un réseau transnational chapeauté par l’Iran et mu par une logique et des objectifs politiques communs. De peu d’utilité pour analyser la géopolitique moyen-orientale, l’arc chiite est en revanche un épouvantail facile à manier pour les régimes arabes. Il permet en outre à l’Iran d’entretenir l’image, très surfaite , d’un Etat capable d’intervenir où bon lui semble. » 12

NOTES:

1 Voir le chapitre consacré à l’Iran dans le volumineux rapport de la Bahrain Independant Commission of Inquiry, rendu public le 23 novembre 2011: http://files.bici.org.bh/BICIreportEN.pdf

2 Voir par exemple l’analyse de ces tensions par Jean-Pierre Perrin dans Libération du 19 novembre 2011.

3 Il faut , là encore, nuancer: si le Bahreïn et Abou Dhabi se méfie tout particulièrement de Téhéran, les positions sont moins déclarées au Koweït et au Qatar, et Dubaï et Oman ont des relations plutôt amicales (et commercialement intéressées) avec leur puissant voisin.

4 On peut d’ailleurs estimer que la politique de réintégration de la Syrie dans le jeu international menée par la France et les Etats-Unis à partir de 2008 poursuivait ce même objectif d’affaiblissement de l’axe stratégique Damas-Téhéran. Sans succès.

5  Le chiffre de 5000 soldats des forces spéciales quataries a été avancé: il paraît toutefois difficile que Doha ait pu dépêcher autant de soldats vers Benghazi.

6   http://ovipot.hypotheses.org/

7/  Il y a plusieurs volets: l’importante minorité kurde du Nord de la Syrie, ostracisée depuis des décennies, a reçu de Damas toutes une série de gages destinés à empêcher que les Kurdes ne se soulèvent contre le régime (attribution de documents d’identité à des dizaines de milliers de Kurdes qui en étaient privés; retour de l’étranger de dirigeants kurdes exilés; concessions économiques aux départements à population kurde, etc.); et, sans qu’on en ait encore les preuves manifestes, soutien de Damas au départ de militants kurdes syriens du PKK vers les camps du PKK au Nord-Irak et en Turquie pour renforcer la pression du PKK sur les forces de sécurité turques.

8/ A défaut d’une visite officielle de Nicolas Sarkozy en Turquie en tant que président de la République, qui n’aura peut-être jamais lieu, c’est le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé qui a été chargé, les 17 & 18 novembre 2011, d’améliorer à Ankara et Istanbul des relations bilatérales pour le moins tendues: le dossier syrien était au centre des discussions menées lors de cette visite. Cette démarche a été brutalement contrariée par le vote à l’Assemblée française d’une loi pénalisant la négation du génocide arménien: quand bien même les 50 députés qui l’ont votée avaient peut-être quelques motivations électoralistes (ils représentent, pour l’essentiel, quatre départements où les électeurs d’origine arménienne sont nombreux: Bouches-du-Rhône, Drôme, Isère, Val-de-Marne), l’impact a été immédiat sur les relations entre la France et la Turquie.

9  Alors que le Parti républicain du peuple (PRP/CHP), néo-kémaliste, est actuellement dirigé par M. Kemal Kılıçdaroğlu, aux origines kurdes et alévies de la région de Dersim/Tünceli: cf: http://ovipot.hypotheses.org/tag/kemal-kilicdaroglu

10 Voir les chroniques de Jean Marcou sur l’OVIPOT, onglet Moyen-Orient: http://ovipot.hypotheses.org/category/moyen-orient

11 Ainsi lors d’un récent séminaire à Doha (Qatar): http://www.libe.ma/Le-Moyen-Orient-entre-Sunnites-et-Chiites-Les-monarchies-du-Golfe-confrontees-au-danger-confessionnel_a23319.html

12 LOUËR Laurence, Du Liban à Bahreïn, y-a-t-il un arc chiite?, Alternatives Internationales Hors-série n° 010, janvier 2012.http://www.alternatives-internationales.fr/du-liban-a-bahrein–y-a-t-il-un-arc-chiite_fr_art_1131_57065.html