Paul Cambon, ambassadeur de France et ministre des Affaires étrangères (1843-1924)

My name is…Boillon

La France a eu de grands représentants à Tunis, au temps du Protectorat, ou depuis l’indépendance: par exemple Paul Cambon (1843-1924), ministre résident entre 1882 et 1886, lors de l’établissement du protectorat; ou, plus récemment, Yves Aubin de la Messuzière, ambassadeur entre 2002 et 2005 9. Il importe de le rappeler, la question des moyens mis en œuvre pour reconstruire les positions françaises restant posée, à Tunis au moins. Le changement de titulaire au Quai d’Orsay le 27 février (départ de Mme Michèle Alliot-Marie, arrivée de M.Alain Juppé) a été une étape aussi urgente qu’indispensable. La nomination, quelques jours auparavant, d’un nouvel ambassadeur de France s’inscrivait, quant à elle, dans la logique d’un changement de régime local qui rend en général préférable la nomination d’un nouveau représentant diplomatique. Encore faut-il que celui-ci (ou celle-ci) ne commence pas sa mission par une déclaration de mépris et d’arrogance spectaculaire aux journalistes tunisiens venus l’interviewer, et représentant les nouveaux médias issus de la révolution. Il est assez rare, dans les annales diplomatiques (et sauf dans les régimes policiers ou dictatoriaux, qui savent organiser de tels épisodes de toutes pièces: voir la Syrie de ces dernières semaines), qu’un nouvel ambassadeur d’un « pays ami » soit accueilli par des manifestants brandissant des pancartes avec le même slogan que celui qui visant le dictateur déchu : « Dégage ! ».

L’image à Tunis de notre nouvel « ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire » reste problématique. Que la publication sur son site Facebook d’images privées ne grandissant pas sa fonction ait été une erreur est éventuellement admissible : malheureusement, elles ne s’effacent pas facilement, et les menaces de procès aux utilisateurs éventuels n’y changent rien 1. Il n’est pas sûr, six mois après le désastre de février, que la récente publication, dans un mensuel « people » tunisien, d’une série de photographies posées de ce même ambassadeur, améliore et son image personnelle, et celle de l’Etat qu’il représente. Si M.Boillon s’est pensé et a posé en Agent 007, les caricaturistes et la gouaille populaire l’ont immédiatement représenté en OSS 117. Ce qui met peut-être les amateurs de gravures de mode et les cinéphiles de son côté, mais ne suffit pas à fonder la « nouvelle politique tunisienne » de la France. Si la visite du président Sarkozy en Libye a été médiatiquement, et peut-être politiquement, réussie, on attend une visite présidentielle en Tunisie, compte tenu de l’importance des relations franco-tunisiennes. Alors que plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements se sont rendus à Tunis, la France en est, à ce jour, resté au niveau ministériel.

NOTE/ 1/ Le résultat de la recherche d’images de « Boris Boillon ambassadeur » sur Google Images en témoigne hélas d’abondance. Dans la livraison de septembre 2011 du magazine people tunisien « Tunivisions », l’ambassadeur pose complaisamment en avatar de James Bond (« My name is…Boilllon« ). Les photographies ont rapidement fait le tour du web.

Septembre 2011: L’ambassadeur Boris Boillon caricaturé en agent OSS