
La chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera soutient plus qu’activement les révolutions arabes, sauf chez deux des voisins les plus proches, Oman, et surtout Bahreïn.

La chaîne satellitaire Al Jazeera est, depuis 1996, le bras armé médiatique de l’Emirat du Qatar. Sa couverture des « printemps arabes », depuis la Tunisie en décembre 2010 à l’Egypte et à la Libye actuellement est massive, en particulier sur le canal arabe. Celui-ci apparaît d’ailleurs comme un acteur des événements, beaucoup plus que comme un média rapportant et analysant les faits. Il est d’ailleurs significatif que la chaîne soit mise parfois sur le même pied que twitter et facebook comme élément de mobilisation révolutionnaire.

On l’a bien vu sur la place Tahrir, au Caire, où une armée de reporters de la chaîne participaient 24h/24h de l’action, et où les manifestants s’appuyaient sur les images en continu d’Al Jazeera pour accentuer leur pression sur le pouvoir. Même chose en Libye. Certaines images de la révolution égyptienne et de la guerre civile en Libye en témoignent, de manifestants cairotes remerciant la chaîne qatarie pour son soutien, à des fresques murales et des slogans libyens mentionnant le rôle d’Al Jazeera dans les événements en cours.


Al Jazeera, ou au moins son canal arabe (le canal anglais est plus « modéré » et distant – il est vrai que nombre de ses journalistes sont originaires de la BBC Arabic, fermée par Londres pour des raisons d’économies budgétaires) amplifie les événements pour appuyer de fait la ligne de l’Emirat: participer à la déstabilisation des régimes arabes en place pour promouvoir les courants politiques plus ou moins directement rattachés aux Frères musulmans. Alors que la religion officielle du Qatar est l’islam salafiste wahhabite (comme en Arabie saoudite), Doha soutient la mouvance frériste (comme d’ailleurs la Turquie) comme moyen de distinction et d’autonomisation vis-à-vis de Riyad, et de son hégémonisme au sein du Conseil de coopération du Golfe.

Il est toutefois un espace des printemps arabes sur lequel Al Jazeera reste presque totalement silencieuses: le golfe Persique. Et, plus précisément, la contestation sociale dans le sultanat d’Oman (dans le port de Sohar et, dans une moindre mesure, à Mascate); et surtout la contestation politique et sociale majeur au Bahreïn voisin. Il n’y a eu que d’infimes brèves sur les événements de la place de la Perle à Manama, commencés le 14 février et écrasés par les forces de sécurité locales et une intervention de l’armée saoudienne à partir du 15 mars. Bahreïn devenant ainsi le premier exemple de « contre-révolution » parmi les « révolutions arabes » en cours. Il a donc fallu attendre le 8 août 2011, soit six mois après le début des événements, pour que le canal anglais d’Al Jazeera (mais pas le canal arabe) consacre enfin du long reportage (50 minutes) au Bahreïn. Ce que n’ont pas manqué de relever les caricaturistes….
Sur U-Tube, le reportage “Bahrain: Shouting in the dark”, diffusé le 8 août 2011 par Al Jazeera English:
