
A partir des années 1820-1840, les frontières se déplacent au nord et à l’est de l’Empire Perse: celui-ci est en train de perdre des territoires transcaucasiens au profit de la Russie; et des territoires orientaux au profit de l’Emirat d’Afghanistan, qui vient d’être érigé en « Etat-tampon » entre un Empire russe qui pousse vers le sud en direction des « mers chaudes », et l’Empire britannique des Indes qui, au contraire, s’étend vers le nord-ouest. Pour éviter le choc de ces deux plaques tectoniques, les frontières de l’Afghanistan sont tracées principalement par les officiers de la Couronne britannique.
Une carte détaillée dessinée en 1843 par Stieler, et révisée en 1850, enregistre ces évolutions en cours. Et, forte des travaux qui s’amorcent alors sur les origines des peuples turciques, s’essaie à un tracé de « Turan » (ligne orange), le mythique Empire des Turcs-Mongols de l’Altaï, à l’est de l’Asie centrale contemporaine. Ce Touran rêvé alimentera quelques décennies plus tard, dans l’Empire ottoman finissant, l’idéologie touranienne, ou pan-touranienne, valorisant l’union des peuples turcs et turciques au détriment de l’idéologie impériale-califale officielle, associant sur une base religieuse (l’islam) les Turcs et les Arabes.