Ce samedi 14 juin 2015, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a ordonné l’envoi d’un porte-avions dans le Golfe, accompagné de son escadre, au cas où une intervention militaire serait nécessaire en Irak pour sauver le soldat Maliki à Bagdad. Il s’agit, en l’occurrence, du porte-avions nucléaire USS George H.W. Bush, qui croisait jusque-là en mer d’Oman. Une précision s’impose immédiatement, l’annonce ayant semé la confusion sémantique chez certains commentateurs pressés. Il s’agit bien du USS George Herbert Walker Bush, du nom du 41e président des Etats-Unis (1989-1993), né en 1924, et qui fut pilote d’aéronavale pendant la Deuxième guerre. Qu’on ne confondra donc pas avec son fils George Walker Bush («George W.»), né en 1946, 43e président des Etats-Unis (2001-2009).  Le « gendarme du Golfe persique » de 2003 n’est pas le potentiel «gendarme du Golfe et de l’Irak »  de 2014.  Rappel à l’histoire:

Après les attentats du 11 septembre 2001, George W. lance la « Global War on Terrorism » d’abord en Afghanistan le 7 octobre 2001 (sous mandat de l’ONU), puis en Irak le 20 mars 2003 (« Operation Iraqi Freedom », sans mandat international, mais sous la pression et les mensonges bellicistes des néo-conservateurs). Saddam Hussein ayant été rapidement renversé, le président américain organise, dès le 1er mai, un grand show médiatique. En rade de San Diego (Californie), il apponte avec un jet baptisé « Navy One » sur le porte-avions nucléaire USS Abraham Lincoln, retour du Golfe. Il quitte sa combinaison de pilote de l’aéronavale, puis annonce « la fin des opérations majeures de combat.» Le tout télévisé en direct, sur fond d’une grande bannière « Mission Accomplished ». L’épisode, resté célèbre sous ce nom de « Mission accomplie », a provoqué moultes controverses, l’annonce de la fin des combats en Irak paraissant alors quelque peu précipitée, même si le président avait précisé que « la guerre contre le terrorisme n’était pas terminée »… Et de fait, les premiers attentats éclatent en Irak, en même temps que la rébellion anti-américaine prend corps. Dans une interview à CNN le 11 novembre 2008, pour le Veterans Day, George W.Bush exprimera d’ailleurs ses regrets sur « l’ambiguïté du message porté sur la bannière », ajoutant : « I regret saying some things I shouldn’t have said »… L’actualité irakienne impose effectivement de relativiser, 11 ans plus tard, le slogan « Mission Accomplished »… Sauf, bien sûr, si « l’agenda caché » de Washington à l’époque était la disparition de l’Irak en tant qu’Etat ?