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Notre contribution concerne le système carcéral turc, comme instrument d’exercice du pouvoir par Recep Tayyip Erdoğan: JP.BURDY, « Le système carcéral, instrument de régulation politique d’un régime illibéral », in : Géopolitique de la Turquie, Grands dossiers de Diplomatie- GDD no 86, juin-juillet 2025.

Résumé:
En deux décennies de pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan, la Turquie a connu une croissance spectaculaire de la population carcérale et du nombre de prisons. Une part importante de cette croissance ressort de la répression politique. Spectaculaire et très médiatisée à l’international, l’incarcération le 23 mars 2025 du maire métropolitain d’Istanbul Ekrem Imamoğlu, principal concurrent politique du président Erdoğan, s’est accompagnée de celle de nombreux collaborateurs politiques, journalistes, avocats, etc. L’épisode, récurrent, permet de rappeler que l’emprisonnement d’opposants (réels ou supposés) est l’un des moyens de régulation politique de plus en plus utilisé par R.T. Erdoğan.



Extraits:
« On a peu relevé le fait que toute la Turquie s’est littéralement couverte depuis deux décennies de nouvelles prisons, parmi lesquelles des « méga-prisons », avec une accélération après 2016. […] Entre 2006 et  2022, 377 établissements anciens ont été fermés, remplacés par des prisons nouvelles, pour un parc atteignant 403 établissements en 2024. […] Autour de la détention, ces immenses « campus pénitentiaires » (ceza kampüsü) sont de véritables villes nouvelles, avec tribunal, casernements de gendarmerie, logements des personnels et des familles, écoles, hôpital, mosquées, centres commerciaux parfois. A la différence des anciennes prisons, les nouveaux complexes sont systématiquement éloignés des centres urbains, accroissent la distance séparant les détenus de leur famille et de leurs avocats. »


Les nouveaux complexes pénitentiaires turcs : Silivri (Istanbul) – ci-dessus; Adana -ci-dessous.