B

Essentiellement protocolaire, mais très attendue, la première séance du « dialogue national », s’est tenue samedi 2 juillet à Manama. Destiné à amorcer un processus de réconciliation politique et sociale au Bahreïn, le « dialogue national » avait été annoncé par le roi Hamad le 1er juin, en même temps qu’il annonçait la suspension de l’état d’urgence instauré le 15 mars dernier. Le 29 juin, le roi avait également annoncé la création d’une « commission d’enquête indépendante », composée d’experts internationaux des droits humains, et chargée de faire la lumière sur les violences de février-mars. Au même moment a été faite, de manière officieuse, l’annonce du « redéploiement » des troupes du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui étaient intervenues à la mi-mars, à la veille de l’écrasement du mouvement de la place de la Perle par les forces de sécurité bahreïnies.

Ces différentes annonces et ces gestes concrets, dont la concomitance n’est évidemment pas fortuite, sont les premières nouvelles positives qui parviennent de Manama après un tunnel de violences politiques et de répression de plus de quatre mois. Elles traduisent peut-être une évolution du rapport des forces, moins d’ailleurs entre les composantes socio-confessionnelles de la société bahreïnie, qu’entre les tendances qui divisent la famille régnante sur le fonctionnement politique du royaume, et ce, en partie sous la pression de Washington. Pour autant, les signaux contradictoires n’ont pas manqué jusqu’à la veille de l’ouverture du dialogue, et la détente paraît pour le moment structurellement et politiquement bien fragile…


Analyse

Essentiellement protocolaire, mais très attendue, la première séance du « dialogue national », s’est tenue samedi 2 juillet à Manama. Destiné à amorcer un processus de réconciliation politique et sociale au Bahreïn, le « dialogue national » avait été annoncé par le roi Hamad ben Issa al-Khalifa le 1er juin, en même temps qu’il annonçait la suspension de l’état d’urgence instauré le 15 mars dernier (Voir notre chronique du 15 mars 2011). Le 29 juin, après avoir consulté le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, le roi avait également annoncé la création d’une « commission d’enquête indépendante », composée d’experts internationaux spécialisés dans les droits humains, et chargée de faire la lumière sur les violences survenues lors des événements de février-mars dernier 1. Au même moment a été faite, de manière officieuse cette fois, l’annonce du « redéploiement » des troupes du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui étaient intervenues au Bahreïn à la mi-mars, à la veille de l’écrasement du mouvement de la place de la Perle par les forces de sécurité bahreïnies.

Ces différentes annonces et ces gestes concrets, dont la concomitance n’est évidemment pas fortuite, sont les premières nouvelles positives qui parviennent de Manama, après un tunnel de violences politiques et de répression de plus de quatre mois. Elles traduisent peut-être une évolution du rapport des forces, mais sans doute moins entre les composantes socio-confessionnelles de la société bahreïnie, qu’entre les tendances qui divisent la famille régnante sur le fonctionnement politique du royaume, et ce, en partie sous la pression de Washington. Pour autant, les signaux contradictoires n’ont pas manqué jusqu’à la veille de l’ouverture du dialogue, et la détente paraît pour le moment structurellement et politiquement bien fragile.

Stigmatisation du mouvement démocratique et persistance de la répression

La place de la Perle prise d’assaut par la police, 16 mars 2011


On le sait, le « printemps de Manama » s’est physiquement cristallisé sur la place de la Perle pendant un mois, de la mi-février au 15 mars. La contestation y a été pour l’essentiel pacifique (au moins du côté des manifestant(e)s qui ont campé sur la place), de même que les mots d’ordre radicaux n’y étaient pas, et de loin, les plus nombreux: la revendication démocratique était mise en avant, principalement à travers l’exigence d’une vraie monarchie constitutionnelle et du respect des droits de l’homme. (Voir nos chroniques des 5, 15, 18, 24 et 31 mars). Dans le camp adverse, les soutiens royalistes à la dynastie sunnite des al-Khalifa ont pu manifester dans le calme, en particulier le 18 février, où ils ont réuni plusieurs dizaines de milliers de partisans.

Pour autant, avant le 15 février, puis les 17 et 19 février, et pendant le mois d’occupation de la place de la Perle, les incidents, parfois violents, n’ont pas manqué. Ils se sont pour partie déroulés autour de la place quand, à plusieurs reprises, des provocateurs et surtout les forces de sécurité ont essayé de déloger les manifestants. On a alors assisté à des scènes très comparables à celles survenues sur la place Tahrir, au Caire, quelques semaines auparavant. Mais les violences ont surtout eu pour cadre les banlieues et villages chiites à l’ouest et au sud de la capitale: affrontements entre manifestants chiites et contre-manifestants sunnites, et entre chiites et forces de sécurité (composée exclusivement de sunnites, souvent d’origine étrangère et fraîchement naturalisés: voir notre chronique du 5 mars). Cette géographie des violences, qu’une analyse fine des dépêches  et de la chronologie devra permettre de cartographier, a illustré, une fois de plus, l’un des éléments infrastructurels de la crise au Bahreïn: la fracture entre la dynastie sunnite s’appuyant sur une minorité sunnite inquiète que le régime essaie d’élargir (par une politique de naturalisation rapide d’étrangers, à condition qu’ils soient sunnites), et la majorité chiite de la population, qui s’estime depuis des décennies victime d’une discrimination sociale et politique systémique.

Les études qui seront menées dans les mois à venir permettront de préciser la manière dont se sont articulées, en février-mars 2011, les deux dimensions démocratique et « confessionnelle » du mouvement bahreïni, qui ne peuvent être séparées, mais qui ne peuvent pas non plus être systématiquement confondues. Car il est clair que, d’un côté, les manifestants, majoritairement mais pas exclusivement chiites, ont cherché avec volontarisme à dépasser le clivage confessionnel; et, de l’autre, que le régime a cherché très vite à mettre en avant la seule dimension confessionnelle, qu’il a assimilé à une discorde (la fitna, la division) menaçant l’existence même du royaume, et qu’il a mise en relation avec des agents extérieurs -la République islamique d’Iran, les chiites radicaux d’Irak et du Hezbollah libanais (Voir notre chronique du 31 mars). Ce discours n’a pu que conforter l’obsession régionale des menées iraniennes et chiites, qui hantent deux acteurs majeurs: l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Il a légitimé l’intervention des troupes du Conseil de coopération du Golfe (sous l’appellation de « Bouclier de la Péninsule »), suivie immédiatement de la répression sur la place de la Perle par les forces de sécurité du régime.

Nous ne reviendrons pas ici sur les formes et sur le niveau de violence de cette répression, qui sont bien documentés (grâce à la couverture des événements par les médias anglo-américains, et par le nombre très important de sites et de blogs bahreïnis qui s’expriment en continu depuis des mois), et qui a tout particulièrement visé le corps médical et para-médical qui avait porté assistance aux blessés de la répression de la place de la Perle: cette dimension spécifique de la répression a d’ailleurs eu un retentissement international réel. On relèvera que cette répression continue à la veille de l’ouverture du « dialogue national », avec plusieurs séries de condamnations à de lourdes peines de prison par des tribunaux d’exception (en particulier le Tribunal pour la sûreté nationale), infligées à de simples manifestants, à des militants des droits de l’homme, des journalistes, des médecins et infirmières (ces derniers condamnés par un tribunal militaire), etc. Le 20 juin, par exemple, huit opposants, dont Hassan Mouchaimaa, chef du parti al-Haq et rentré d’exil au printemps, Abdel Wahab Hussain, chef du parti chiite al-Wafaa, le militant des droits de l’homme Abdelhadi al-Khawaja, ont été condamnés à la perpétuité, et vingt et une autres personnes à de lourdes peines:  tous ont été accusés d’avoir «formé et dirigé un groupe terroriste visant à changer la Constitution et le régime monarchique», «d’avoir été en contact avec un groupe terroriste à l’étranger» agissant «dans l’intérêt d’un pays étranger en procédant à des actes hostiles contre le royaume de Bahreïn», et d’avoir « récolté des fonds pour financer ce groupe . »: on reconnaît là la logorrhée classique du « complot de l’étranger » (l’Iran en ce qui concerne le Bahreïn), partagée avec nombre de régimes arabes contestés ces derniers mois, et particulièrement exacerbée chez le régime baasiste syrien depuis la mi-mai 2011 (lequel peine cependant, et pour cause, à nommer clairement cet « étranger« ). La suspension de l’état d’urgence au Bahreïn ne s’est donc pas encore étendue à une justice d’exception aux ordres, même si l’annonce récente par le roi d’un transfert des dossiers des accusés et des condamnés pour les événements de février-mars vers des juridictions civiles est potentiellement positive, de même que quelques libérations d’opposants, et de médecins et infirmières.

Deux lignes au sein du pouvoir à Manama: Quel rapport de force entre « durs » et « modérés » ?

La trilogie du pouvoir au Bahreïn en 1984:
 le premier ministre (Khalifa), l’émir (Issa), le prince héritier (Hamad)
La trilogie du pouvoir au Bahreïn en 2011 :
 le premier ministre (Khalifa), le roi (Hamad), le prince héritier  (Salman)
(Coll.JP.Burdy)

C’est dans le contexte d’une société traumatisée par la violence de ces derniers mois, et où l’ambiance reste très tendue -une manifestation de 600 personnes a été « énergiquement dispersée » par la police le dimanche 3 juillet au matin 2– qu’il nous paraît important de poser, avec d’autres observateurs, l’hypothèse d’une lutte entre deux lignes au sein du pouvoir, entre les tenants d’une ligne dure, et les tenants d’une répression forte, mais laissant ouverte la possibilité d’une reprise du dialogue avec les opposants 3.  L’iconographie politique, en l’occurrence la trilogie des portraits officiels depuis les années 1970, permet de repérer les acteurs de ces deux lignes au sommet du pouvoir. De 1971 à 1999, on trouvait partout au Bahreïn les portraits associés (et à égalité de format le plus souvent) du souverain régnant (l’émir Issa), du prince héritier (cheikh Hamad), et du premier ministre et frère du roi (cheikh Khalifa). Et depuis 1999, on trouve partout au Bahreïn les portraits associés (et toujours à égalité de format) du souverain régnant (le roi Hamad), du prince héritier (cheikh Salman), et … du premier ministre et oncle du roi (cheikh Khalifa). Dans les deux cas, l’émir (le roi à partir de 2002) règne et est, certes, hiérarchiquement, la personnalité centrale. Mais il ne gouverne pas. Dans la pratique, une grande partie des pouvoirs régaliens, et donc du pouvoir, est entre les mains du premier ministre, ce qui crée des tensions récurrentes, voire des dissensions graves en période de crise, au sommet de la dynastie.

C’est le prince héritier, Salman ben Hamad al-Khalifa, qui est, à l’évidence, le porteur officiel du dialogue. Né en 1969, il a été formé dans des universités américaine (à Washington DC) et britannique (à Cambridge). Paradoxalement astreint par sa fonction souveraine à garder une certaine réserve, le roi Hamad a confié au prince héritier, dès le 11 février 2011, la mission d’organiser « un dialogue national avec toutes les parties, quelles qu’elles soient ». Ce n’est pas la première fois que le prince héritier est mis en avant par le roi dans cette dimension d’ouverture. On rappellera que très exactement 10 ans plus tôt, en février 2001, il avait été chargé de piloter la mise en oeuvre de la Charte nationale d’action, alors approuvée par référendum avec 98% de oui (soit le pourcentage que vient d’obtenir au Maroc la proposition royale de modification de la constitution), et qui était censée amorcer la mise en oeuvre progressive d’une monarchie constitutionnelle. Un certain nombre de textes législatifs, concernant la démocratisation du régime, et la liberté de la presse, avaient alors été proposés par le comité qu’il présidait. Mais ces objectifs proclamés s’étaient alors très vite enlisés, ce qui explique la résurgence en 2011 des revendications de monarchie constitutionnelle déjà formulées donc 10 ans plus tôt (Voir notre chronique du 5 mars 2011).

Pendant les événements de février-mars 2011, le prince héritier a déclaré à plusieurs reprises publiquement aux médias (en particulier à la BBC), et à des interlocuteurs officiels étrangers, qu’il restait en contact avec toutes les forces politiques du pays, y compris avec les partis d’opposition chiites. On lui prête aussi -mais la prudence s’impose à l’analyste, faute pour lui de pouvoir pénétrer les arcanes du pouvoir- d’avoir, en tant que commandant-adjoint des forces armées (Bahrain Defence Forces, BDF), retiré l’armée des rues de Manama le 19 février, au lendemain d’affrontements sanglants 4, laissant aux forces de police commandées par son grand-oncle les tâches de répression, en particulier à l’épicentre très médiatisé qu’a été la place la Perle, jusqu’à sa destruction au matin du 18 mars (Voir notre billet du 18 mars 2011). Il est évident que certains acteurs étrangers -les Américains et les Britanniques en l’occurrence-, outre leurs interventions directes auprès du roi pour limiter la répression, ont cherché à jouer la carte du prince héritier comme élément modérateur dans la crise. Pourtant, l’interprétation de son rôle lors de la répression à partir du 15 mars est disputée, l’hypothèse la plus avancée étant qu’il n’avait alors plus vraiment la main sur l’armée, qui s’est illustrée dans la prise d’assaut d’un des principaux hôpitaux de Manama, et par des violences sur les personnels médicaux et soignants au chevet des blessés de la répression.Certains observateurs ont considéré que l’annonce le 13 mars par le prince-héritier de sept points de discussion avec l’opposition, avait entraîné une réponse immédiate de la « ligne dure » : l’entrée au Bahreïn des troupes saoudiennes dès le lendemain 14 mars, et la proclamation de l’état d’urgence par le roi le 15 mars. Le prince-héritier a perdu politiquement la partie.

Dès lors, si le prince héritier est le tenant principal du parti de la modération dans la crise, il est contrebalancé par les tenants d’une répression à grande échelle, massive et brutale, n’hésitant pas à stigmatiser les contestataires réclamant la démocratisation du régime comme provocateurs subversifs chiites à la solde de l’étranger. On peut difficilement préciser les contours de ce camp de la répression, compte tenu de l’opacité du fonctionnement de la famille royale (estimée à 4000 personnes) qui monopolise la totalité des responsabilités de pouvoir et de force dans le pays. La position du roi, et son évolution éventuelle au cours de la crise du printemps sont, en particulier, difficiles à analyser. Une seule chose est sûre, en revanche, c’est l’importance fondamentale et confirmée de l’oncle du roi, cheikh Khalifa ben Salman al-Khalifa, né en 1935. C’est l’homme fort du pays depuis les années 1960. Il est premier ministre en titre depuis 1971 (année d’accession du pays à l’indépendance), après avoir exercé à peu près toutes les fonctions d’autorité dans le pays. Par ailleurs homme d’affaires omniprésent, il préside le conseil de sécurité nationale, et tient d’une main de fer tous les organes de sécurité du pays, hormis l’armée -au moins en théorie.

Les tensions entre ces deux lignes sont donc aussi en partie une question de génération, le premier ministre représentant alors une forme de « vieille garde » ayant survécu depuis plus d’un demi siècle à toutes les tentatives de déstabilisation internes ou externes du royaume, et donc peu décidé à céder quoi que ce soit dans la crise actuelle; et le prince héritier, qui représenterait une aile plus « réformiste », et plus susceptible d’accepter des compromis faisant évoluer le royaume vers une monarchie plus constitutionnelle. Le roi Hamad penchant peut-être un peu plus du côté de la modération, mais refusant d’affronter politiquement son oncle le premier ministre, et reproduisant en cela la situation de la période de son père, quand l’émir Issa (1961-1999) régnait mais ne gouvernait pas vraiment, l’essentiel des fonctions régaliennes étant déjà à l’époque assurées par le  frère du roi et premier ministre Khalifa… Y compris quand il a fallu gérer -et réprimer- les crises politiques et sociales de 1975, 1981, 1991,  et 1994-95, pour s’en tenir à la seule période post-britannique du règne de cheikh Issa.

La gestion de la crise de 2011 a assez spectaculairement illustré la lutte entre les deux lignes, alternant déclarations ou phases d’ouverture en direction de l’opposition, et phases de répression brutale. Certains jours (les 17, 19 et 20 février, par exemple), les deux lignes s’affrontaient pratiquement sur le terrain: l’armée -alors sous l’autorité du prince héritier- se retirant en bon ordre de la place de la Perle, revendiquée par les manifestants, pour être aussitôt remplacée par une police agressive cherchant l’affrontement, et tirant sur des manifestants évacuant la place. On a ainsi pu relever que des épisodes  de répression sanglante étaient suivis par l’expression télévisée, par le roi, de regrets appuyés, de condoléances aux victimes, d’annonce de création d’une commission d’enquête sur les événements, et d’une amnistie immédiatement accordée à des manifestants lourdement condamnés la veille: cette dualité est apparue à deux reprises, les 14 et 15 février; puis les 17 et 19 février. La même contradiction répression/ouverture s’est renouvelée ultérieurement. On ne peut la mettre au seul crédit d’un cynisme royal alternant de manière opportuniste ou désordonnée le bâton et la carotte. Cette contradiction répétée nous paraît confirmer d’évidence les tensions entre les deux lignes, à la lumière desquelles il faudra sans doute relire certains épisodes de la crise au Bahreïn (par exemple: qui a décidé la destruction du monument de la Perle le 18 mai? qui a décidé de la vague de démolition de lieux de culte chiites?).  En revanche, on ne peut mesurer ce qu’a été le poids réel de l’Arabie saoudite dans le soutien aux tenants de la ligne dure à Manama. Le facteur saoudien a, sans doute aucun, été déterminant dans la décision de réprimer le mouvement de la place de la Perle. On se souvient que, quand le souverain saoudien Abdallah est rentré à Riyad de sa convalescence au Maroc, le 23 février, il a été accueilli à sa descente de l’avion par le roi Hamad al-Khalifa. C’est vraisemblablement à cette occasion que l’intervention de la force « Bouclier de la Péninsule » du CCG a été décidée: les opposants bahreïnis parlent d’ailleurs, à propos de cette rencontre, de « convocation du roi Hamad » par Riyad. On comprend bien, dès lors, que, au sommet même du pouvoir bahreïni, les choses ne sont pas simples en matière de pilotage du « dialogue national »….

Les désaccords sur les objectifs du dialogue national 


17 juin 2011: Cheikh Ali Salman, l’un des principaux dirigeants du parti chiite al-Wefaq


L’existence patente de deux lignes au sommet du pouvoir royal est une première difficulté pour le Dialogue national. Deuxième difficulté: la définition du champ de compétence thématique du dialogue national. Les partis d’opposition ont réclamé que l’on en revienne aux fondamentaux de 2001, tels qu’annoncés alors par la Charte nationale d’action, et repris lors des premières manifestations à Manama à partir du 4 février 2011: une monarchie constitutionnelle, un gouvernement issu des urnes, un équilibre des pouvoirs, une représentation juste des composantes de la population du royaume (sous-entendu: des chiites), une législation libérale pour la presse, etc. L’un des objectifs des opposants, essentiel au regard de ce que nous avons écrit ci-dessus, est d’obtenir que le premier ministre soit issu de la majorité parlementaire 5: ce qui remet évidemment en question le rôle de l’homme fort du système, l’oncle du roi et premier ministre depuis 1971, cheikh Khalifa ben Salman al-Khalifa. Et l’on conçoit aisément que celui-ci n’est donc pas le soutien le plus enthousiaste au processus lancé par le roi, et organisé par le prince héritier. En sens inverse, une écoute attentive des propos des dirigeants du parti al-Wefaq à la veille de l’ouverture du « dialogue national » confirme l’insistance de ces orateurs sur le nom du prince héritier, comme la personnalité devant mettre en oeuvre politiquement les réformes réclamées: « Nous appelons le prince héritier à prendre la direction de cette discussion nationale (…) pour qu’il sorte ce pays de l’impasse dans laquelle il est bloqué. », avait ainsi déclaré à la mi-juin Khalil al-Marzouq, un des dirigeants du Wefaq.

D’autre part, les opposants estiment que l’une des conditions de bon fonctionnement du dialogue est le départ de la totalité des troupes du CCG -principalement des troupes saoudiennes- présentes depuis la mi-mars au Bahreïn, officiellement pour assurer « la protection des lieux et installations stratégiques de l’archipel ». Certes, un « redéploiement » de ce contingent a été annoncé officieusement fin juin, et les observateurs ont relevé le départ aussi discret que nocturne de chars saoudiens sur leurs porte-chars: mais le fait est que « redéploiement » n’est pas synonyme de retrait, et que cette présence militaire du « Bouclier de la Péninsule » irrite profondément la majorité de la population bahreïnie, et en particulier les chiites, sensibles à la répression exercée ces derniers mois par la Garde nationale saoudienne contre les manifestants saoudiens chiites de la province du Hasa.

Finalement, une forme d’accord a été trouvé, par la définition acceptée par le roi d’un champ très large: le dialogue national « pourra traiter de tous les problèmes politiques et juridiques, économiques et sociaux, avec toutes les options sur la table de négociation.» Mais l’opposition chiite, qui sera représentée en particulier par le parti Wefaq, entend bien poser d’entrée la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, comme condition préalable et minimum envisageable pour la tenue d’un véritable dialogue de réconciliation. Les partis d’opposition ont pu s’appuyer, sur une manifestation énergique et sans incidents qui a rassemblé, le jour même de l’ouverture du « dialogue national », plus de 10000 manifestants dans un quartier chiite de Manama: c’était la première manifestation de rue tolérée depuis la levée de l’état de siège à la mi-juin. Elle a au minimum démontré que la répression n’a pas brisé l’évidente capacité de mobilisation de l’opposition chiite.

Quels participants au dialogue national?

Troisième problème, découlant des deux précédents: qui sont les participants au « dialogue national » ? Le problème est récurrent depuis des décennies, et se retrouve dans d’autres Etats du Golfe. Dans la mesure où il n’y a pas de véritable processus démocratique de désignation de représentants par élection au suffrage universel masculin et féminin, les assemblées consultatives ou semi-parlementaires ressortent très largement d’une logique de désignation et de cooptation. La logique des « assemblées » ainsi désignées est de l’ordre du majlis traditionnel dans la région: une forme de consultation de ses sujets par le souverain, dans une procédure de réunion traditionnellement ouverte à tous, avec la garantie que tous seront reçus par le maître des lieux, et que les doléances pourront ainsi lui être directement remises. On a bien vu cette logique du majlis (rebaptisé) au Bahreïn en 2001, lors de l’amorce de mise en oeuvre de la Charte nationale d’action: le pouvoir législatif a été attribué à une Chambre haute nommée par le roi; et à la Chambre basse, « élue par le peuple », les sièges ont été pré-répartis au détriment numérique et politique des chiites, pourtant très largement majoritaires dans la population, et dont les partis ont emporté une très large majorité des suffrages. La revendication bahreïnie de véritables élections démocratiques désignant de vraies assemblées représentatives rejoint ainsi celles de très nombreux manifestants du Maroc au Golfe depuis janvier 2011.

Dans cette configuration déséquilibrée de manière systémique, et dans le contexte répressif que l’on sait, on comprend que les partis d’opposition chiites aient hésité jusqu’au dernier moment à participer au processus de dialogue. D’autant plus qu’ils avaient claqué la porte des assemblées en mars, s’estimant dans l’incapacité de peser sur l’action législative, et a fortiori sur la décision politique; le Wefaq avait ainsi retiré ses 18 députés sur les 40 de la Chambre basse. Ils se retrouvent trois mois plus tard avec la proposition royale de désigner 35 membres d’une assemblée de « dialogue national » comprenant « 300 personnes représentatives habilitées à débattre. » Sous la houlette (initialement contestée) du président du Parlement, Khalifa ben Ahmed al-Dhaharani, très proche du premier ministre, et qui s’est réfugié derrière la promesse que « le dialogue [sera] entamé sans condition et sans aucune limite dans le temps. »

C’est seulement après de longues discussions internes et avec le pouvoir que la principale formation de l’opposition chiite, le Wefaq, après avoir initialement parlé de « mascarade », a décidé, à la dernière minute, de participer au dialogue national avec cinq représentants. Tout en menaçant de mettre un terme rapide aux discussions si une représentativité plus grande des partis politiques n’était pas rapidement mise en place et dans le « dialogue national », et au gouvernement. Le Wefaq et sa poignée de représentants n’accordent donc guère de crédit initial à cette réunion censée apporter des solutions et une stabilité politiques à des problèmes structurels majeurs. Le groupe d’opposition sunnite al-Waad a également décidé de participer au dialogue, bien que son chef, Ibrahim Chérif, a été condamné le 22 juin à cinq ans de prison dans le procès de 21 opposants jugés pour complot contre la monarchie. Il semble bien que la très grande majorité des participants sont en réalité des représentants de mouvements (politiques ou non) proches du gouvernement, y compris des responsables notoirement connus pour leur participation à la répression contre les manifestants. La société civile rassemble, quand à elle, des représentants d’associations très diverses, dont certaines a priori peu directement concernées par des réformes politiques.

Le 3 juillet, le site officiel du « dialogue national » (http://www.nd.bh/en/index.php/the-dialogue/participants-list), et l’Agence de presse bahreïnie (BNA) ont publié et la liste des participants inscrits, et des graphiques synthétisant la composition de l’assemblée réunie la veille 6. On y relève que les invitations ont été adressées pour 37% à des organisations politiques; pour 36% à des organisations de la société civiles et des ONG (dont 12% pour des organisations professionnelles, 9% pour des organisations sociales, 5% pour des organisations féminines, 5% pour les jeunes, 3% pour les syndicats, et 2% pour la Chambre de commerce et d’industrie); pour 21% à des « leaders d’opinion » et à des personnalités reconnues du royaume; pour 6% à des représentants des médias. Sans préjuger d’une analyse socio-politique fine de cette composition annoncée, -qui témoigne par ailleurs d’une indéniable vigueur, au moins numérique,  de la « société civile » à travers un grand nombre d’associations et autres sociétés- on peut cependant estimer que la représentation de l’opposition démocratique au sens large n’est pas nécessairement numériquement garantie.

Pour ajouter une touche de modernité médiatique, dans un pays où, comme chez les voisins du Golfe, l’usage des technologies modernes et réseaux sociaux de communication (internet, web 2.0, blogs, micro-blogs, Facebook, twitter, etc. 7) est très intense, les citoyens pourront « twitter » pour formuler propositions et réactions auprès de l’assemblée du dialogue. On remarquera d’ailleurs l’efficacité du site officiel du dialogue national (http://www.nd.bh/en/index.ph) , derrière lesquelles on retrouverait sans doute la patte d’une grande agence de communication internationale…

Pressions américaines et soutien international

Les encouragements internationaux permettront-ils de consolider le processus ouvert le 2 juillet ? Les télégrammes se sont succédés dans les derniers jours de juin. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, très largement réélu pour un deuxième mandat, a salué la mise en place de la commission des experts des droits de l’homme,  et demandé qu’elle soit « en mesure de travailler en toute indépendance en accord avec les normes internationales« .

Le président Nicolas Sarkozy a défendu « l’ouverture » prônée au Bahreïn par cheikh Salman ben Hamad al-Khalifa, en recevant vendredi 1er juillet à l’Elysée le prince héritier. On rappellera ici que la présence économique française au Bahreïn est importante, et se mesure désormais à celle d’une Grande-Bretagne longtemps hégémonique, grâce à l’héritage de l’histoire coloniale de l’Empire des Indes, et à certains privilèges conservés après l’indépendance de l’archipel en 1971 (absence de visas pour les ressortissants britanniques, forte présence de « conseillers » britanniques dans quelques ministères stratégiques du royaume, etc.).

Le 19 mai dernier, lors de son discours au Département d’Etat sur le Moyen-Orient, on avait beaucoup reproché au président Barack Obama son silence quasi absolu, et à l’évidence gêné, sur le Bahreïn (ainsi que l’absence spectaculaire de toute mention de l’Arabie saoudite, alors que tous les Etats arabo-musulmans étaient passés en revue par le président).  On sait que l’intervention saoudienne en mars a à la fois été validée par Washington, au nom des impératifs de sécurité dans le Golfe, et a suscité une certaine gêne à la Maison blanche dans le contexte des signaux d’encouragement que celle-ci adressait au même moment à certains mouvements d’opposition démocratique dans les pays arabes (Voir notre chronique du 18 mai). De grandes ONG internationales de défense des droits de l’homme ont multiplié depuis février-mars les communiqués sur la violence de la répression au Bahreïn, et sur l’arbitraire et, plus récemment, sur la lourdeur extrême, des peines de prison infligées par des tribunaux d’exception. Des organisations religieuses américaines -et pas seulement musulmanes- avaient, d’autre part, alerté les médias sur la destruction de lieux de culte chiites dans l’île de Bahreïn (Voir notre chronique du 13 mai 2011). La Maison blanche s’est en partie rattrapée depuis le 19 mai, en téléphonant de manière répétée à « [notre] ami le roi du Bahreïn » pour l’engager à contenir la répression; et au prince-héritier pour l’encourager à mener le processus d’ouverture à l’opposition. En revanche, on ne sait rien d’éventuels contacts avec le premier ministre sheikh Khalifa, qui est un homme qui ne s’exprime pratiquement jamais en public. Washington s’est donc publiquement félicité et de la commission d’enquête indépendante, et de l’ouverture du « dialogue national ». Le président Obama a personnellement remercié le roi, mais aussi « la décision du Wefaq de participer à ce moment historique. » Ce qui laisse penser, estime Olivier da Lage, que les Etats-Unis sont intervenus directement auprès du Wefaq pour le pousser à la participation.

*****

Le « dialogue national » qui vient de s’ouvrir au Bahreïn est une amorce de réponse politique aux très fortes attentes de changement de la société bahreïnie, qui se sont exprimées -une fois de plus, est-on tenté de dire- depuis février 2011, dans le contexte des « printemps arabes ». Même si les médias internationaux écrivent peu sur le Bahreïn -l’écrasement de la place de la Perle avec l’aide des Saoudiens étant apparemment considéré par eux comme ayant clos le « printemps de Manama », l’épisode ouvert le 2 juillet mérite donc d’être suivi avec la plus grande attention dans les semaines et les mois qui viennent.

Jean-Paul Burdy

Sources:

Document 1/ Compte-rendu de l’ouverture du « dialogue national » par l’agence de presse Bahrain News Agency.

« National Dialogue launched under the theme « Our Bahrain, Our Unity! »

Manama, July 2, 2011 (BNA)—Parliament Speaker and Chairman of the National Consensus Dialogue Khalifa bin Ahmed Al Al Dhahrani has reiterated that all stages of the national dialogue will be transparent and objective. He asserted that the people of Bahrain are facing a historic opportunity to overcome this critical stage through a national dialogue without any preconditions. Its ceiling is consensus of all components of society and its goal is bringing together different opinions to share views and common denominators that contribute towards further development in all fields. Al Dhahrani noted that after the conclusion of the dialogue sessions, moderators of the meetings are to submit the results to the Chairman of the National Dialogue, including points of agreement or disagreement, which are to be forwarded to His Majesty the King for reference to the constitutional institutions to take necessary action, each according to its competence.

This came during the opening of the national dialogue, which was held at the Isa Cultural Centre on Saturday morning. During the opening session, Al Dhahrani presented a speech in which he briefed the attendees on the concept of consensus .The basic principles of the dialogue, organizational aspects along with an explanation of the mechanism of interlocutors were presented by Mr. Khalid Ajaji Musharraf. The topics were reviewed by Mr. Isa Abdulrahman the official spokesman for the National Dialogue. The opening has been witnessed by a large audience of invited guests and participants.

The National Dialogue sessions are scheduled to commence based on the main themes, on Tuesday evening. For his part, Mr. Isa Abdulrahman, the Official Spokesman for the National Dialogue, noted that the issues raised in the dialogue are based on four main area: political, economic, social, and rights in addition to a session devoted to foreign residents in Bahrain. The Spokesperson pointed out that each area consists of sub-themes containing multiple topics that contained all the views put forward by the participants in the dialogue all of which will be discussed by the working groups. The Official Spokesman clarified that the political theme includes sub topics, which include political societies and the powers of the Shura and Representatives councils and a government that represents the will of the people and the electoral system, while the economic theme will include sub topics such as boosting economic competitiveness and the level of government services such as health, housing, education and pension systems, governance in public finance management and re-directing of subsidies and contribution to community development.

The Official Spokesman revealed that the social theme will include sub topics that include youth, civil society institutions, security and civil peace, while sub topics of the legal theme will address the rights of women, children and people with special needs, The judiciary system, freedom of expression and freedom of assembly and human rights will also be among the topics. As for dividing interlocutors into task forces and the registration to participate, the Spokesman said that the subjects were divided into main themes, each of which includes sub topics where specific issues will be discussed by teams of up to fifty participants. The Official Spokesman has reiterated that for the dialogue to be productive, it has been taken into account that there is a presence by those who represent the issues or the relevant authorities of the sub topic, according to the numbers and standards for each of the representatives of the participating parties. The political societies chose to be represented by five candidates to attend the sub topic whose names were submitted to the Organising Committee. Talking about the representatives of the Shura and Representatives Councils, he noted that three people will be involved in each sub topic and have been identified by the authorities in each of the Councils, The Government also selected one person to participate in each sub topic. The Spokesman added that it has been taken into account that work is to be divided according to specialisations of the participants as stated in their resumes and their association with the nature of the sub topic and according to the registration priority, as registration will be opened on the day following the official opening of the National Dialogue.

Following is a the speech of the National Dialogue’s Chairman at the opening ceremony

« In the name of Allah, the Most Gracious, the Most Merciful »

« Our Lord! bestow on us mercy from Thyself, and dispose of our affair for us in the right way! »

Dear brothers and sisters, I greet you with a greeting of Islam, may peace and Allah’s mercy and blessings be upon you It is with great pride and pleasure that we meet together with love for  the good of our  dear  country and we wish our  dialogue all the success  in achieving our aspirations and hopes for  further progress and prosperity.

Today in the Kingdom of Bahrain, this great land which embraced us all as one over the years, we are witnessing a critical stage of advancement and progress; a stage in which the unity of the people contributes to shaping the future of the nation, through a  national dialogue, which was called for by His, Majesty King Hamad bin Isa Al Khalifa, the King of Bahrain  to share views and common denominators that could lead the reform process towards further development in various fields.

The reform process in the Kingdom of Bahrain started ten years ago, and we cannot disregard the achievements made at this  point of the country’s history, but we will build upon  them and move forward in shaping the bright future of Bahrain .The national dialogue is an opportunity for everyone to reach a consensus  on further enhancing the reform process, based on our national principles and unity. We start without conditions or limits, our only condition is accepting one another, and our limit is the consensus among the segments  of the Society .

The co-existence, which brought together the people of Bahrain over the past years, cannot be the only evidence of their agreement and mutual understanding. .  We believe that the consensus this dialogue would bring, is an approach that defines the people of Bahrain, who are still highly aware of its importance so as not to drag our country backwards. We only want to stop  in order to draw conclusions and learn lessons, as His Majesty the King has asserted, we are all aware of the consequences of aggravation. The National Dialogue, which begins today, is an opportunity for all of us to prove our responsibility towards our country, and reflect an honourable image of Bahrain to all, by setting a refined model for other nations in our patriotism and desire to march at a steady pace towards the future.

The approach of a dialogue is neither strange nor new to the people of Bahrain, and the biggest proof of this is that the people of Bahrain were previously involved in setting the principles of the National Action Charter ten years ago. We look forward to a national and consensual dialogue among all participants, in which the positive interaction with such a critical phase of the country’s history is an opportunity for the success of the dialogue and its outputs. All participants in the National Dialogue can put forward their demands and promote their views for consensus.

Brothers, sisters, and children of Bahrain, today we begin a national dialogue with the help of Allah. The dialogue sessions will begin as per the main themes: political, social, economic, and rights, in addition to a sub-theme addressing issues of concern to residents. Today a serious and responsible participation begins for building the future of the nation, by providing insights and perceptions that create general consensus, and build upon the national gains achieved over the past decade.

The National Dialogue is a responsibility with which we deal with all transparency and objectivity, through all its stages, starting from His Majesty the King’s call for a comprehensive national dialogue, the invitations, identifying the themes and holding the sessions, all the way to the implementation of the dialogue’s outputs. After the conclusion of the dialogue sessions, moderators will submit the results to the Chairman of the National Dialogue, including the points of agreement or disagreement, then comes my responsibility to submit what has been agreed upon to  His Majesty the King for  reference to the constitutional institutions to take necessary action, each according to its competence.

My brothers, sisters, the people of Bahrain, today is a historic opportunity for all of us to overcome this critical stage of the nation’s history through the national dialogue, which we start without preconditions. Our limit is consensus among all segments of the society. Our goal is bringing together different  points of view to develope common visions  that will contribute to further reform and development in all  fields.

In the name of Allah we begin, and Allah is the source of success, peace and Allah’s mercy and blessings be upon you. »

AOQ – Date : 2011/07/02 – 01 : 38       

Source: http://www.bna.bh/portal/en/news/463295

Document 2/ Les partis politiques participants, d’après la Liste des organisations et personnalités inscrites lors de de l’ouverture du « dialogue national » . Source: http://www.nd.bh/en/index.php/the-dialogue/participants-list

Political Societies

No. Organisation Nominee(s) Attendance Confirmation
1 Al Ekhaa Society Mohammed Al Shehabi
Mousa Al Ansari
Ahmed Khadhr
Yousif Amrallah
Hassan Abduladheem
Yes
2 Al Asalah Islamic Society Ramzan Al Noaimi
Jamal Dawood
Isa Abulfateh
Ahmed Yousif Al Malki
Dr. Isa AL Mutawa
Yes
3 National Democratic Assembly Dr. Hassan Al Aali
Mahmood Al Qassab
Jaffar Kadhem
Ghazi Zabbar
Mohammed Al Jaber
Yes
4 Nationalist Democratic Assembly Society Abdulrahman Al Baker
Ali Nasser Al Attawi
Reema Abdulrahman Al Baker
Akbar Jafari
Khalid Al Kalban
Yes
5 National Democratic Assemblage Society Fadhel Abbas
Mohammed Jaffar Hassan
Hassan Mohammed Al Marzooq
Hussain Abdulla Buzaid
Muneera Jassim Radhi
Apologised
6 Al Hewar National Society Seham Ahmed Al Sheikh
Rashed Mohammed Al Kubaisi
Dr. Ahmed Hussein Al Dossary
Dr. Hala Sulaibeekh
Eng. Abdullah Baqer Hassan
Yes
7 Muslim League Society Shafeeq Khalaf Al Sharqi
Dr. Nadhem Saleh Al Saleh
Hassan Abdullah Al Madani
Ali Omran
Abdulhussein Abdulmahdi Al Sheikh
Yes
8 Al Shura Islamic Society Ahmed Al Hajeri
Khalid Ali Al Mahmood
Hood Yousif Al Mahmood
Adel Abdullah Bu Ali
Badriya Muhanna Al Muslimani
Yes
9 Islamic Row Society Abdullah Khalil Bu Ghammar
Adel Jassim Flaifel
Sabah Al Dossary
Ahmed Al Muthana
Ibrahim Saeed Al Yasi
Yes
10 Islamic Action Society No
11 National Democratic Action Society Dr. Muneera Fakhro
Radhi Al Mousawi
Fareeda Ghulam
Mahmood Ali Hafedh
Hafedh Ali Haji
Yes
12 Free Thought Society Layla Rajab
Dr. Mona Burhan Ghazal
Suheir Al Muhannadi
Talal Al Sulaiti
Abdulameer Al Sitrawi
Yes
13 Democratic Progressive Tribune Dr. Hassan Madan
Ali Mohammed Hussein
Abdulnabi Salman
Abduljalil Saleh Al Noaimy
Dr. Shaikha Al Zayani
Yes
14 Al Menbar National Islamic Society Dr. Abdullatif Al Shaikh
Nasser AL Fudhala
Khalid Al Qattan
Kamal Yousif Al Shehabi
Ahmed Al Attawi
Yes
15 Al Wasat Arab Islamic Democratic Society Ahmed Sanad Al Binali
Hamad Al Othman
Dr. Jassim Al Mehze
Yahya Ibrahim Nooruddin
Dr. Abdulaziz Bulaila
Yes
16 Al Wefaq National Islamic Society Khalil Al Marzooq
AbdulJalil Khalil Ebrahim
Jawad Fairooz Ghuloom
Alsayyed Hadi Al Mousawi
Bushra Al Hendi
Yes
17 National Justice Movement Society Aref Al Mulla
Isa Sayyar
Abdulwali Al Qashar
Yousif Abdullah
Abdullah Abdulrahman Hashim
Yes
18 National Action Charter Society Jaffar Al Durazi
Mohammed Al Buainain
Wedad Al Fadhel
Ahmed Jumaa Mubarak
Mohammed Abdulqader Khunji
Yes


Notes:

1   Cette commission d’enquête sera présidée par Cherif Bassiouni, qui a dirigé les enquêtes des Nations unies sur les crimes de guerre présumés en Bosnie et en Libye. Les quatre autres membres sont Nigel Rodley, ancien membre d’Amnesty International, ancien rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, et actuellement membre du Comité des droits de l’homme ; Philippe Kirsch, ancien juge de la Cour pénale internationale (CPI) ; Mahnoush Arsanjani, ancienne conseillère juridique des Nations unies ; et Badria al Awadhi, experte du droit international et de la charia (loi islamique) au sein de la Freedom House Foundation à Washington.

Les dépêches d’agence indiquent que la manifestation accompagnait l’enterrement d’une personne « décédée il y a un mois »: on peut donc faire l’hypothèse d’une restitution tardive par les autorités du corps d’une personne malmenée lors de la répression.

3  Olivier da Lage a rappelé très tôt (à la mi-février 2011) les tensions internes au clan familial des al-Khalifa: http://odalage.wordpress.com/2011/02/20/bahrein-dissensions-chez-les-al-khalifa/

4  BBC, 19/2/2011: http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-12514505 & BBC, 20/2/2011: http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-12514849

5  On aura relevé que cette demande d’un premier ministre issu de la majorité parlementaire correspond à l’un des points les plus importants prévus par la nouvelle constitution marocaine, proposée par le roi Mohammed VI, et largement entérinée par référendum le 1er juillet 2011.

Cf.http://www.nd.bh/en/index.php/the-dialogue/participants-list;   http://www.bna.bh/portal/en/news/463295 , et: http://www.bna.bh/portal/en/news/463412

7 La première grande manifestation du « printemps de Manama », le 14 février 2011, a été le résultat d’un appel à la mobilisation lancé sur Facebook.